L'obscurité était totale. Féodor avançait dans le noir, craignant à chaque pas de trébucher sur un objet, ou de tomber dans le vide. Mais il avançait. Une force invisible le poussait à aller de l'avant. Toujours plus loin.
Son cœur battait à un rythme mesuré. Il n'avait pas peur. Au contraire, les ténèbres avaient quelque chose de réconfortant. Il se sentait bien, en sécurité. Presque... chez lui.
Ses pas étaient silencieux, comme amortis par un tapis cotonneux. Il progressait aveuglément. Une intuition le guidait, comme s'il suivait un fil invisible qui le mènerait à ce qu'il voulait trouver. Non, ce qu'il devait trouver.
Soudain, il s'arrêta. Il était au bon endroit. Rien n'avait changé autour de lui. La noirceur insondable s'étendait devant et derrière lui. Mais il le sentait. Le ressentait. C'était là qu'il devait être.
Une voix raisonna autour de lui. Chaleureuse. Elle n'était pas familière, mais Féodor savait qu'il n'avait rien à craindre.
Les mots étaient inintelligibles. Comme si la voix était lointaine. Il ferma les yeux et se concentra. Il pouvait presque saisir le sens des mots sans les entendre réellement.
Mon enfant.
Féodor ouvrit les yeux. La lumière n'était pas plus présente, mais il pouvait nettement distinguer une silhouette. Plus grande que lui, de forme humanoïde. Et pourtant, Féodor n'imagina pas un seul instant qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. C'était autre chose. Quelque chose qu'il ne fallait pas mettre en colère.
– Qui êtes-vous ? lança-t-il d'une voix mal assurée.
Aucune réponse. Pourtant, il était certain que la chose l'avait entendu. Sans apercevoir aucun œil, il se sentait observé, épié. Sondé.
Féodor avança lentement, sans geste brusque. La silhouette ne broncha pas. Pourtant, elle ne se rapprochait pas. Comme si la distance qui les séparait était figée. Comme s'il faisait du sur-place.
Voyant que c'était inutile, il s'arrêta. La voix raisonnait toujours, provenant de partout et nulle part à la fois. Mais Féodor savait au fond de lui que cette créature en était la source.
– Que voulez-vous ? s'exclama Féodor.
La voix disparut.
Pour mieux exploser, limpide et puissante :
– TOI !
Féodor se redressa brusquement. Autour de lui, le chariot d'Adel cahotait avec souplesse sur la route. Il pouvait entendre le vieux marchant discuter avec Ragen sur le banc du cocher, de l'autre côté de la toile.
Féodor transpirait. Combien de temps avait-il dormi ? En jetant un œil à l'extérieur, il s'aperçut que le soleil n'avait pris que peu de hauteur. Il s'était assoupi quelques dizaines de minutes, tout au plus.
Il peina à se redresser. Ses muscles étaient endoloris, comme s'il avait couru pendant des heures la veille.
Qu'était cette chose, dans son rêve ? Elle lui avait paru si réelle. Féodor n'avait pas l'habitude de se souvenir de ce qu'il avait rêvé, mais il ne s'agissait pas là de fugaces réminiscences. Il avait vécu ce moment. Il avait entendu cette voix. Le réveil avait été brutal. L'émotion lui étreignait le cœur, et pourtant il ne parvenait pas à mettre le doigt sur la source de son malaise.
Dans le noir complet, il s'était senti en sureté. Il avait ressenti un tel réconfort comme il en avait rarement connu. Et cette voix, elle avait été douce, familière. Jusqu'à ce que...
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Les parias (fanfic Game of Rôles)
AventuraL'histoire se déroule dans le monde d'Aria créé par FibreTigre. Feodor et son ami Vassili sont deux jeunes habitant du quartier le plus pauvre de la cité mécanique de Kniga. Leurs caractères sont diamétralement opposés, et pourtant, ils sont insépar...