Chapitre 9

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Féodor et Ragen dormirent le reste de la journée, ainsi que la nuit qui suivit. Maïa avait raconté à sa mère que la maison de Féodor était envahie par une colonie de rats, et que Ragen était sa cousine de passage à Kniga. Lenka avait alors spontanément offert le gîte et le couvert à ses invités. Maïa continua à simuler nausées et maux de gorge, de sorte sa mère lui ordonne de reposer un jour ou deux de plus.

Le lendemain, lorsque Lenka partit au marché, Féodor et Ragen s'assirent à table. Maïa leur offrit un petit déjeuner frugal, se résumant à un peu de pain rassis accompagné de fromage dur comme du bois, avant d'aller nourrir sa grand-mère. Affamés et ne sachant pas quand aurait lieu leur prochain repas, les deux fugitifs se jetèrent sur la nourriture.

– Tu as un plan pour quitter la ville ? demanda Ragen en coupant difficilement un morceau de pain.

La bienséance le retint Féodor d'engloutir la totalité du pain et du fromage sur la table. Se saisissant d'un couteau, il coupa lentement la miche devant lui.

– Un plan, non. Mais j'ai deux ou trois idées. Rien qui garantisse qu'on sorte sans encombre de la ville, mais ça vaut le coup d'essayer.

– Je ne connais cette ville que de réputation, mais il parait qu'il y a des bateaux qui flottent dans le ciel. Tu sais si on pourrait en prendre un ?

Féodor manqua de s'étouffer avec le pain.

– Effectivement, tu n'es pas familière des lieux. Je ne sais pas pourquoi sont utilisés ces navires, mais je sais qu'on n'arrivera pas à s'approcher à moins de cent mètres de l'un d'entre eux. Et monter à bord relève du rêve d'enfant. Les quais aériens sont extrêmement surveillés. S'introduire sur un navire volant relèguerait notre fuite de l'ambassade à une promenade de santé.

– Je vois, souffla Ragen sans masquer sa déception.

– A mon avis, reprit Féodor, on a trois options. La première, c'est de monter sur un bateau marchand et prendre la mer. On peut le faire clandestinement, mais il ne faut surtout pas se faire prendre. Sinon, on peut essayer de se faire embaucher à bord.

– Je ne sais pas naviguer. Et tu as vu ta main ? Quel genre de capitaine embaucherait une femme incompétente et un écloppé inapte ?

Féodor hocha la tête en signe d'approbation. Il avait déjà pensé à ça, mais il préférait exposer toutes ses idées. Leurs chances de s'en sortir n'en seraient que meilleures.

– Il faut aussi prendre en compte qu'une fois en mer, nous sommes bloqués sur le bateau. Il n'y aura pas d'échappatoire. Si on embarque clandestinement et qu'on se fait chopper, c'est la pendaison assurée.

– C'est quoi la deuxième option ?

Féodor avala un morceau de fromage et but une gorgée d'eau avant de poursuivre.

– Les portes de la ville. Pour sortir, c'est la façon la plus discrète et la moins dangereuse. Il y a peu de gardes aux portes de la ville, contrairement aux quais.

– Ca m'a l'air plus pertinent !

Féodor s'assombrit, ce qui n'échappa pas à Ragen.

– Mais ? l'incita-t-elle à poursuivre.

– Mais une fois dehors, c'est le grand vide. On sera seul, sans argent ni provision. Et je ne sais pas où se trouve le prochain village, mais on risque de mourir de soif, de froid et de faire de mauvaises rencontres.

– La route est empruntée par les marchands, expliqua Ragen. On pourrait voyager avec une caravane.

– En dehors de ces murs, les caravaniers sont hostiles aux étrangers. Ils n'accueillent pas n'importe qui. Si on veut faire partie d'une caravane, il faut s'y prendre avant qu'elle ne parte.

Les parias (fanfic Game of Rôles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant