Chapitre 12

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Féodor se leva avant le soleil. A côté de lui, Ragen et Adel étaient encore endormis. Le jeune homme se leva en silence, et déambula au hasard dans le campement. Il avait besoin de réfléchir à la suite des évènements.

Il avait tout perdu, jusqu'à son pendentif. Cependant, il décida de voir les choses d'un autre œil : il était vivant, et réalisait quelque part son rêve depuis toujours qui était de fuir Kniga. Certes, les conditions étaient loin d'être celles qu'il avait pu imaginer. Mais le monde s'ouvrait à lui. Il était temps de prendre un nouveau départ.

Féodor avala une grande goulée d'air. La fraicheur matinale lui fit du bien. Il entendit alors un bruit non loin, comme un chuintement. Un pan de toile de tente, frottant au passage de quelqu'un. Les premières lueurs du jour poignaient dans le ciel, mais la pénombre ambiante ne lui permettait pas de distinguer quoique ce soit. Il tendit l'oreille plusieurs secondes, mais ne capta aucun son.

Finalement, il se dit que c'était probablement la petite brise qui avait soulevé un pan de tenture, et continua à marcher au hasard entre les roulottes. Parfois, il passait près des voyageurs endormis à la belle étoile, en prenant soin de ne pas les réveiller. Certains étaient déjà levés, et vaquaient à leurs occupations silencieuses, attendant le lever du jour pour commencer à lever le camp.

La vie de marchand itinérant n'attirait pas Féodor. C'était une vie rude, peu enviable, et surtout monotone. Le quotidien consistait à marcher, rester assis sur un chariot, ou bien vendre des marchandises futiles à des prix dérisoires. Quitter Kniga pour une vie aussi misérable le rebutait, et il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine forme de pitié pour tous ces gens.

Sans qu'il s'en rende compte, Féodor arriva en marge du camp. D'ici, les roulottes agglutinées les unes près des autres ressemblaient fortement à un village, et il se dit que l'expression d'Adel était fort appropriée.

– C'est ta nouvelle maison ?

Féodor se retourna. Derrière lui se tenait une femme. Sa taille était fine et ses yeux si noirs qu'avec la faible luminosité, Féodor crut un instant que ses orbites étaient vides. Ce fut à la couleur de ses cheveux qu'il la reconnut : rousse, tendant fortement vers le rouge sang. Il s'agissait d'une des voleuses qui les avaient reçus, Vassili et lui, dans les sous-sols pierreux de la cité mécanique. Celle qui avait finalement pris la relève du vieil homme dans les négociations avec Vassili.

Elle était petite, mais malgré son gabarit plutôt frêle, Féodor savait qu'en cas de confrontation, il n'aurait pas l'ombre d'une chance. Ses yeux se posèrent avec inquiétude sur la dague que portait la femme à la ceinture. Lorsqu'elle remarqua la direction de son regard, elle éclata de rire.

– Non, Féodor, je ne suis pas là pour te tuer. Je ne suis pas une sauvage. Si je te voulais mort, tu le serais déjà.

Le jeune homme déglutit bruyamment.

– J'imagine que vous n'êtes pas là non plus pour profiter du voyage, lança-t-il avec prudence.

– On ne peut rien te cacher, répondit la femme dans un sourire. Mais je n'ai pas de mauvaises intentions à ton égard.

Elle marqua une pause, avant d'ajouter :

– Pour le moment.

– C'est rassurant, ironisa Féodor.

Que faisait cette femme ici ? Pourquoi venir lui faire la causette, alors qu'il avait non seulement échoué dans sa mission, mais qu'en plus l'opération avait eu pour résultat de tuer celle qu'il devait délivrer ? Il s'était enfui lâchement pour ne pas avoir à affronter les conséquences de ses actes, et elle ne le punirait même pas ? C'était plus que suspect.

Les parias (fanfic Game of Rôles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant