Féodor et Ragen avaient demandé à Damyan s'ils pouvaient également convier Adel pour le diner. Se sentant trop honteux de son comportement pour leur refuser quoique ce soit, le knigayotte avait accepté.
– Plus on est de fous, plus on rit ! avait-il répondu.
Ragen et Féodor s'en étaient allé querir le vieux marchant, et avaient rejoint la cariole de Damyan. Féodor avait craint de chercher longtemps « l'authentique roulotte mécanique de Kniga », mais lorsqu'il fut devant, il sut qu'il n'aurait pu se tromper.
Sur un plateau de métal circulaire d'une quinzaine de mètres de diamètre reposait un haut dôme de métal brillant, dont le sommet pointait vers le ciel, lui donnant une forme de bulbe stylisé. La base du dôme, posée à même le sol, donnait naissance à quatre énormes bras de métal. Ils étaient articulés de manière à s'élever dans les airs, puis repiquer jusqu'à toucher le sol, faisant ressembler la structure toute entière à une gigantesque araignée de fer qui se serait assoupie. Sur le pourtour du dôme, de nombreuses fenêtres laissaient filtrer une lumière chaleureuse.
Damyan apparut dans l'encadrure d'une porte métallique, et fit signe à ses trois invités d'approcher. Une agréable odeur d'épices et de poisson se dégageait de la roulotte.
Féodor ne se fit pas prier pour entrer dans le ventre de la bête. Ragen et Adel lui emboitèrent timidement le pas. Ce dernier se présenta rapidement, puis contempla la pièce dans laquelle il venait de pénétrer. Une agréable chaleur les enveloppa, et Féodor poussa une exclamation admirative en examinant les lieux.
– Bienvenue chez moi ! s'exclama Damyan d'une voix pleine d'enthousiasme et de fierté.
L'intérieur contrastait drastiquement avec l'austérité et la froideur que dégageait la roulotte au premier abord. La pièce était plus luxueuse que tout ce que Féodor avait pu connaitre. La moitié consistait en une cuisine ouverte, dont l'équipement aurait pu rivaliser avec celui de certains manoirs de l'Agora. Sa disposition épousait parfaitement l'arrondi du mur de la roulotte, et Féodor doutait de pouvoir nommer ne serait-ce que la moitié des ustensiles.
L'autre côté de la pièce était un salon miniature, aménagé de deux fauteuils de velours rouge autour d'une petite table basse. Contre le mur arrondi de la roulotte, une bibliothèque incurvée était chargée de livres aux reliures épaisses. Au fond de la pièce, un escalier livrait accès à un étage. Au centre, une épaisse colonne de verre s'étendait du sol au plafond, telle une cheminée centrale. A l'intérieur, un gros cristal jaune d'une cinquantaine de centimètres de hauteur faisait office de feu de cheminée, dégageant une douce chaleur qui baignait la roulotte toute entière.
Damyan dévisageait ses trois invités, et se délectait de leur flagrante admiration.
– J'ai passé des années à la décorer, expliqua-t-il fièrement. Il fallait la voir, lorsque je l'ai récupérée ! C'était une carcasse. Elle appartenait à mon grand-père. Il était féru d'automates en tous genres. Je ne connais pas grand-chose à la mécanique, et j'ai donc fait appel à la guilde des engrenages pour le remettre en état de marche. Ça a couté une fortune à mon père. Il ne se passe pas un repas de famille sans qu'il me rappelle qu'il a dépensé des sommes folles pour mon « vieux chariot rouillé », d'ailleurs.
Damyan se tut. Féodor et Ragen étaient fascinés. Ils scrutaient chaque recoin de la pièce, chaque objet, chaque pan de mur comme s'il s'était agi d'une œuvre d'art. Jamais Féodor n'avait admiré une pièce décorée avec si bon gout, même en comptant les rares fois où Vassili l'avait introduit en douce dans les demeures de l'Agora.
Il parcourut la bibliothèque du regard, lorsque ses yeux accrochèrent une série de livres à la l'épaisse couverture verdâtre. Il lut rapidement les titres, et une boule se forma dans son estomac.
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Les parias (fanfic Game of Rôles)
AdventureL'histoire se déroule dans le monde d'Aria créé par FibreTigre. Feodor et son ami Vassili sont deux jeunes habitant du quartier le plus pauvre de la cité mécanique de Kniga. Leurs caractères sont diamétralement opposés, et pourtant, ils sont insépar...