Chapitre 2

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– Attends, attends ! Laissez-moi une minute !

Maïa saisit la bouteille de Pulc Maudit des mains de Pavel en riant de bon cœur, et en but une gorgée. Le breuvage lui brûla l'œsophage, si bien que le rouge lui monta aux joues. Elle adopta ensuite un air très sérieux, comme si elle s'était plongée dans une profonde réflexion.

A côté d'elle, Kira la fixait attentivement, prête à recevoir une révélation de la plus grande importance.

– Feu ! lança finalement Maïa.

Kira poussa une exclamation déçue.

– J'en étais sûr, beugla Pavel d'un air de triomphe. Et tu l'utiliserais pour corrompre un riche noble Knigayotte, et tu le forcerais à t'épouser !

– Non ! s'indigna Maïa, visiblement offusquée par la suggestion de son ami. Non, crois-moi, si j'avais un Djinn, de n'importe quel élément, je ne resterais pas dans ce trou. Non, je convaincrais plutôt un noble capitaine de bateau de me prendre à son bord, et de m'emmener loin d'ici...

– Oui, noble et beau, si possible ! railla Vassili.

Kira et Pavel éclatèrent d'un rire sonore, tandis que Maïa se renfrogna.

– Vous êtes trop cons, conclut-elle sans pour autant parvenir à calmer l'hilarité des deux garçons.

Cette réflexion amusa Feodor, dont les lèvres esquissèrent un léger sourire. Il avait beau avoir un peu dormi en rentrant du travail, il était toujours fatigué. Et le Pulc Maudit n'arrangeait pas les choses.

A minuit, Feodor avait rejoint Vassili et les autres au pied de l'escalier qui montait jusqu'au sommet de la cité. Là, le petit groupe avait gravi les marches jusqu'au quartier des engrenages, puis Vassili les avait entraînés dans un ascenseur, assurant s'être arrangé pour qu'on ne les remarque pas. L'ascension s'était passée sans encombre jusqu'à l'Agora.

Feodor avait beau ne pas aimer faire ce genre de choses, qu'il estimait extrêmement risqué, il ne pouvait s'empêcher de nourrir une certaine forme d'admiration pour Vassili. Derrière ce visage d'enfant et ce sourire éternel se cachait un véritable prodige d'ingéniosité et d'habileté. Lorsqu'il s'agissait de satisfaire ses caprices, Vassili était capable des plus grandes prouesses.

Il avait ainsi fait grimper à ses amis plusieurs murets, pénétré dans des jardins privés, pour finalement atterrir sur le balcon d'un manoir luxueux. D'après Vassili, la demeure était inoccupée, car le noble qui en était propriétaire était en voyage d'affaire, et sa femme en avait profité pour rendre visite à son amant. Vassili avait assuré qu'elle ne rentrerait que le lendemain au plus tôt, ce qui laissait la nuit entière aux cinq amis pour profiter de la vue.

Et quelle vue ! pensa Feodor. De là où ils se tenaient, ils pouvaient observer jusqu'à des kilomètres à la ronde. Ils pouvaient espionner à travers les fenêtres les maisons éclairées des notables de la ville, assister au ballet nocturne des nobles sur l'Agora, éclairé par des lampes à cristaux. Ils pouvaient même voir la ronde des gardes se dérouler au loin, sur les balcons altiers du palais du Prince, telle une lente chorégraphie admirablement orchestrée.

De jour, Feodor imaginait même qu'on pouvait y voir au-delà des murs de la cité. Il imaginait, loin au nord, pouvoir discerner la blancheur légendaire du Tropique des Spectres, flottant sur la mer telle une épaisse nape de brume. Au sud, il aurait pu voir la route menant aux Terres Dorées, continent de promesses et d'aventures.

Ses divagations furent interrompues par la voix de Maïa, qui l'interpela :

– Et toi, Feodor ! Si tu avais un Djinn rien qu'à toi, de quel élément tu voudrais qu'il soit ?

Les parias (fanfic Game of Rôles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant