Chapitre 3

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Les pas des deux amis résonnaient dans les ténèbres. Mètre après mètre, ils suivaient la lueur tremblotante de la torche, seul repère dans cette infinie obscurité.

– Je commence à me dire que c'était une mauvaise idée, souffla Feodor.

La femme qui tenait la torche ne releva pas sa réflexion. Elle tourna à l'angle d'un mur, suivant un chemin inconnu qui n'avait visiblement pas de secret pour elle.

– Ne commences pas ! avertit Vassili. T'avais qu'à pas venir si t'as la trouille.

– La trouille ? répliqua Feodor, indigné. Bien sûr que j'ai la trouille ! Et tu devrais l'avoir aussi, la trouille. Quand je pense que je suis venu au cas où tu te mettrais dans de sales draps !

– Je n'ai pas besoin d'une nounou !

– Silence, coupa la femme qui avait interrompu sa marche.

Vassili, qui n'avait pas vu qu'elle s'était arrêtée, manqua de justesse de lui rentrer dedans. Elle lui jeta un regard méprisant, puis annonça fermement :

– Attendez-moi ici. Ne bougez pas. Je ne serai pas longue.

Elle se tourna vers une paroi de la grotte, et la poussa d'une main. Une porte extrêmement bien dissimulée s'ouvrit à même la roche, et elle y disparut. Vassili et Feodor se retrouvèrent seuls.

– Je crois qu'elle m'aime bien, déclara Vassili, confiant.

Feodor souffla, exaspéré. Dans son ventre, ses tripes se tordaient un peu plus à chaque seconde. Et dire qu'il avait insisté pour accompagner son ami dans ce plan insensé. La Guilde des voleurs. Mais à quoi pensait Vassili ?

Feodor s'adossa à la froide paroi de pierre. En fait, il imaginait très bien ce que Vassili avait eu en tête. C'était tout bonnement dément. Et malgré ses vaines tentatives de le dissuader, il était tout de même parti chercher la Guilde. Enfin... il avait essayé. Il s'était rendu sur la petite place où trônait la statue du dieu Gobie en espérant pouvoir simplement discuter avec eux. Mais une fois devant la grotesque statue de poisson, le néant.

Qu'est-ce qu'il avait cru ? Qu'un bureau l'attendrait, avec un écriteau où était marqué « Guilde des voleurs » ? Vassili avait erré des heures sur la place, il avait demandé à chaque personne un peu louche si elle connaissait « un poissonnier » comme ils se faisaient parfois appeler.

Et finalement, il était rentré chez lui, les mains vides, son plan génial s'effritant entre ses doigts. Mais le lendemain, il avait trouvé ce petit mot qu'on avait passé sous sa porte. Ce petit morceau de papier sur lequel était griffonnée une simple phrase : « devant la statue ce soir ».

Il allait sans dire que Vassili était immédiatement venu raconter ça à Feodor. Et ce dernier s'était laissé embarqué dans cette affaire, uniquement parce que l'enthousiasme de son ami était communicatif. A présent, il se sentait stupide.

Vassili, lui, semblait absorbé dans une étude minutieuse de la paroi où la porte s'était refermée.

– C'est dingue, dit-il lentement, j'ai beau l'avoir vue, c'est à peine si j'arrive à retrouver cette fichue porte.

– Tu es incroyable ! explosa Feodor.

Vassili, surpris par le ton soudain agressif de son ami, se tourna vers lui.

– Mais c'est vrai ! se défendit-il en montrant l'endroit où s'était ouvert le battant. Regarde ! On dirait qu'elle n'a jamais existé.

Feodor eut une moue agacée, et commença à faire les cent pas.

– Qu'est-ce que tu vas leur dire ? s'exclama-t-il. Je ne sais pas pourquoi je suis là, mais ce qui m'inquiète encore plus, c'est que je ne sais même pas pourquoi toi tu es là !

Les parias (fanfic Game of Rôles)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant