𝓒𝓱𝓪𝓹. 𝟐𝟖 : Flammes

270 46 16
                                    

______________ ☀️ ______________


Le voyage leur parut aussi court qu'interminable.

La simple idée de savoir leurs amis à la merci de Himiko terrifiait la dragonne et ses deux passagers. Pourtant, ils avaient déjà connu pareils sentiments : la peur de mourir, celle de perdre un être aimé...

Celle de voir disparaître les quelques fragments de bonheur que l'ancien roi leur avait gracieusement laissés.

Or, des craintes bien pires semblaient sur le point de se réaliser.

Ochaco, Tenya, Denki et Eijiro – ils les avaient abandonnés. Malgré les belles excuses fournies par Hitoshi, ils ne pouvaient s'empêcher d'éprouver une culpabilité sournoise. Dans leurs cerveaux épuisés par un voyage dont ils n'observaient aucun paysage, une petite voix cruelle leur soufflait des accusations qu'ils étaient persuadés de mériter.

Certes, ils n'auraient rien pu entreprendre sans risquer une violente riposte de la vampiresse – le majordome ne leur aurait pas menti à ce sujet. Après tout, lui aussi désirait quitter le manoir Toga et s'extirper définitivement du carcan de Shigaraki. Mais c'était plus fort qu'eux : la responsabilité des éventuelles conséquences qu'engendrerait leur départ pesait déjà lourd sur leurs épaules.

Qu'adviendrait-il de leurs camarades s'ils ne réussissaient pas à convaincre la famille Todoroki d'intervenir? Et si le statut d'Izuku ne suffisait pas à les conduire devant le roi?

« Kamino. » annonça Isay au bout de plusieurs heures de vol.

Ils n'avaient pas pris la peine de faire de pauses, ayant en effet choisi d'effectuer le trajet jusqu'à la capitale d'une seule traite. La rouge s'en était sentie parfaitement capable, et avait ainsi mené la barque au-dessus des forêts englouties par les Ténèbres. De rares bourgades parvenaient encore à en affleurer la surface, au sommet desquelles ils ne s'étaient même pas attardés. C'était sûrement égoïste, voire inacceptable de la part des aventuriers en charge de la quête, mais l'intégralité de leurs pensées était accaparée par le sort des autres.

Tant pis. Ils réfléchiraient à l'aspect moral de la chose plus tard.

Sous eux, la plus grande ville du royaume se dévoila, parée des flammes allumées par les habitants à l'approche de la nuit. Le labyrinthe des rues paraissait s'étendre à l'infini, créant une carte d'une beauté inexplicable. En la voyant, ils n'échappèrent pas à cette bouffée si caractéristique qui accompagne immanquablement la découverte d'un tel lieu : un respect profond envers les doyens, concepteurs et constructeurs de merveilles.

Les édifices s'articulaient autour d'un large fleuve aux eaux sombres, dont les flots reflétaient les étoiles pointant lentement au travers des nuages. La lune s'affichait quant à elle triomphalement derrière le palais royal représenté des milliers de fois en divers tableaux et sculptures.

Sa splendeur n'enlevait rien à celle des environs, au contraire.

Un enchevêtrement de courbes et de volutes réalisées sur des pierres pâles caractérisait l'architecture des bâtisses, quelles qu'elles soient. Un mouvement hypnotisant s'en dégageait, notamment lorsque des figures humaines ou animales y étaient apposées. En plein jour, ce devait être une véritable œuvre d'art...

Cependant, l'admiration ressentie un bref instant par les nouveaux arrivants s'évanouit rapidement. Ils n'avaient pas le temps pour ça – la perfection kaminienne attendrait.

Une dizaine de battements d'ailes plus tard, les lourdes pattes griffues d'Isay touchèrent les pavés de la cour principale du palace. Elle entendit plus qu'elle ne vit les soldats se précipiter vers elle, armés de leurs épées, lances et boucliers. Son instinct lui dicta de se rebeller d'emblée, de montrer à ces créatures ridicules qu'elle ne se céderait aucunement au contrôle de quiconque...

L'Aile et l'Épée (tome 1) || 𝐵𝑎𝑘𝑢𝐷𝑒𝑘𝑢Où les histoires vivent. Découvrez maintenant