L'automne avait déposé des touches d'ocre, de roux et d'abricot dans les rues de New-York. De faux squelettes se balançaient sur les porches des immeubles, des citrouilles grimaçaient à l'entrée des commerces. Le mois d'octobre était partout, enrubannant les rues d'un parfum de cannelle et de potiron chaud. Peter sourit et rajusta son sweat-shirt Iron-Man pour ne pas sentir la morsure du vent contre sa nuque.
New-York respirait la fête et la vie. Ce devait être un contrecoup de l'Éclipse ; après cinq ans à se morfondre dans le deuil et la douleur, la ville avait décidé de renaître de ses cendres. Quelqu'un avait même collé des affiches de Spider-Man sur la devanture d'une boutique, avec les mots « L'araignée sympa du quartier est de retour, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles ! » auxquels une autre personne avait rajouté, à la main : « Bon retour à la maison, Spidey ! »
Peter n'avait jamais eu conscience de son impact sur le moral des citoyens, mais l'idée d'être un symbole de protection lui plaisait.
« Attention aux chevilles, Spider-Kid. Le costume n'est pas extensible » lui avait envoyé M. Stark après que Peter lui ait raconté — par messages — en long, en large et en travers à quel point il était heureux d'être utile à New-York.
« Il faut bien que quelqu'un veille sur la ville, maintenant qu'Iron Man est un retraité qui cultive ses laitues et ses tomates à l'autre bout du monde ! ;) » avait-il rétorqué, ne recevant en retour qu'un smiley qui levait les yeux au ciel, suivi d'un « Pourquoi t'ai-je donné mon numéro, déjà ? PS : Merci de ne pas le vendre sur ebay » qui avait aussitôt récolté un joyeux « Parce que je suis votre stagiaire préféré è_é ! ».
M. Stark lui avait laissé un vu, mais Peter était persuadé que son message lui avait arraché un rictus amusé — tout comme il était persuadé que M. Stark lui faisait désormais suffisamment confiance pour ne plus surveiller les moindres de ses faits et gestes lors de ses patrouilles via Karen. Il fallait dire que l'ancien super-héros était occupé, désormais, avec Pepper et Morgan ; surveiller ses frasques devait être le cadet des soucis !
Peter était sincèrement heureux que son mentor ait trouvé une forme d'apaisement dans son chalet au bord du lac ; toutefois, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur en songeant aux soirées qu'ils avaient passé dans son laboratoire, avant l'Eclipse, à mettre au point de nouveaux gadgets pour son costume. Après son départ, M. Stark lui avait laissé un accès à la Tour des Avengers, mais ce n'était pas exactement pareil sans lui. Peter n'avait jamais été un adolescent solitaire, et le silence qui régnait désormais entre les murs du laboratoire le rendait nerveux.
Mais cet après-midi là, alors qu'il rentrait du lycée, Peter ne songeait pas spécialement à M. Stark ni au vide que son départ avait laissé dans sa poitrine. Toutes ses pensées étaient focalisées sur May et sur le dîner qui s'annonçait.
Un dîner à trois.
— Tu vas adorer James, mon chéri. Il a tellement hâte d'enfin te rencontrer !
James était le nouveau petit ami de sa tante. Elle l'avait rencontré durant l'Éclipse. Il l'avait aidée à surmonter sa disparition, lui offrant un soutien sans faille alors qu'elle était dévorée par la peine et la douleur. Il travaillait dans une société de sécurité privée et avait brièvement vécu avec elle, mais ils avaient décidé — d'un commun accord — de prendre leurs distances au retour de Peter, afin de ne pas perturber l'adolescent. James était reparti vivre dans son logement de fonction près de Central Park, tandis que May avait réaménagé la chambre de Peter dans le Queens, s'efforçant de faire comme s'il n'avait jamais disparu. Toutefois, elle n'avait pas effacé toute trace de James, et de nombreux éléments trahissaient son ancienne présence dans l'appartement, comme si son fantôme hantait encore les lieux — un flacon de parfum trônant sur le rebord du lavabo, un peignoir dix fois trop grand sur le radiateur de la salle de bain, une paire de chaussures taille quarante-cinq dans l'entrée...
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Behind green eyes
FanfictionIrondad / Spiderson. Parfois, les super-vilains ne sont pas ceux que l'on croit - c'est ce que découvre Peter lorsque May lui présente James, son nouveau compagnon, au demeurant charmant et amical. Et lorsque Spider-Man ne lui permet plus de tenir t...