Halloween

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Après leur confrontation, James était redevenu aussi bavard et affectueux qu'à l'accoutumée et Peter avait songé, naïvement, que les choses allaient se calmer entre eux. Il avait cru qu'une fois leur esclandre oubliée, il n'aurait qu'à obéir aux requêtes fantaisistes de l'homme pour que tout aille mieux. Pour qu'ils offrent à nouveau, au reste du monde, l'image d'une famille idéale.

Mais rapidement, il comprit qu'il y aurait toujours quelque chose qui n'allait pas. Il rentrait du lycée trop tard, claquait la porte de sa chambre trop fort, passait trop de temps sur son ordinateur, n'aidait pas suffisamment sa tante à la maison... Tu pourrais faire la vaisselle, Pete... et les courses, Pete ?... Va chercher du pain, Pete, tu vois bien qu'il n'y en a plus... Ne sois pas si égoïste, Pete !

Le pire, c'était que Peter ne savait jamais quand les reproches allaient pleuvoir ; James était de bonne humeur et lui proposait des déguster des pizzas devant un match de foot puis, l'instant d'après, devenait furieux parce qu'il avait laissé traîné ses affaires dans le salon et lui donnait l'impression d'être le pire neveu du monde.

James ne l'avait plus giflé, mais n'hésitait jamais à le bousculer lorsqu'il était de mauvaise humeur. Et lorsque Peter se défendait, il le poussait ou serrait son bras un peu fort, laissant une traînée d'hématomes sur sa peau. Cependant, mais il ne serait pas venu à l'esprit de l'adolescent de s'en plaindre : il pouvait tout à fait supporter quelques bleus ! Et au final, ces instants étaient rares. La plupart du temps, James était tout à fait vivable et tout le monde semblait l'adorer.

Puis Halloween arriva, et Peter songea que la fête lui permettrait de se changer les idées.

Si seulement...

OOO

— Tu me promets que tu seras sage, mon bébé ?

— Arrête de m'appeler comme ça ! geignit Peter en zippant la fermeture éclair de son sweat-shirt rouge et bleu.

— Tu es mon bébé, que ça te plaise ou non !

Pour appuyer ses paroles, May planta ses mains sur ses épaules et déposa un baiser sonore sur sa joue gauche. Peter grimaça tandis que, d'un geste maternel, sa tante passait la main sur son sweat-shirt pour en lisser le tissu froissé.

— Tu es sûr que c'est une bonne idée de te déguiser en Spider-Man ? demanda-t-elle soudainement en fronçant les sourcils.

— Pourquoi ? s'étonna Peter. Personne ne risque de faire le lien entre le vrai Spider-Man et moi. Je veux dire... ce costume était un prototype. Il n'a même pas d'IA, ni de lance-toiles. On ne risque pas de me reconnaître.

May secoua la tête :

— Ce n'est pas ça qui m'inquiète. J'ai simplement peur que... mon chéri, tu devrais peut-être essayer autre chose. Mettre Spider-Man de côté quelques temps. Je ne suis pas certaine que ce soit très sain de te raccrocher à ton costume, alors que tu... que tu...

Elle sembla hésiter. Peter compléta à sa place, plus abruptement qu'il ne l'aurait voulu :

— ... Que je ne suis plus qu'un gars sans intérêt, qui mérite sa place dans le club de nazes du lycée ?... Outch !

May venait de lui administrer une petite pichenette sur l'épaule.

— M. Parker, je vous interdis de parler sur ce ton ! Vous êtes un garçon formidable, qui fait la fierté de cette famille, et certainement pas un naze ! C'est compris ?

Il ne répondit pas. May insista, plantant ses iris sombres dans les siens avec une obstination féroce :

— C'est compris ?

Behind green eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant