Lycée

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On tira ses rideaux, laissant un flot de lumière s'engouffrer dans sa chambre. Peter grommela, cherchant à se réfugier sous sa couverture. Il avait l'impression de ne pas avoir fermé l'oeil de la nuit ; son corps l'élançait, des courbatures criblaient ses épaules et ses jambes et une migraine menaçait son hémisphère droit.

— Pas maintenant, May, marmonna-t-il d'une voix ensommeillée. Le réveil a pas encore sonné.

Un rire grave, très différent de celui de sa tante, s'éleva juste à côté de sa tête.

— Tu as assez dormi, marmotte. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ! répondit la voix de James alors qu'on arrachait sans ménagement la couette dans laquelle il était blotti.

Un frisson grignota sa peau sous l'étoffe légère de son pyjama Captain America.

— Allez, Pete ! Ce n'est pas le moment de se rendormir. Tu as cours dans une heure !

— Une heure ? Mais c'est dans si longteeeemps, bâilla l'adolescent en se hissant difficilement sur son coude droit. Et d'abord, qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?!

— Je suis resté dormir ici, petit génie, dit-il — mais Peter nota, à travers les affres de la fatigue, qu'aucune malice n'appuyait ce dernier qualificatif ; seulement une ironie que James avait à peine cherché à dissimuler.

L'adolescent fronça les sourcils. L'air frais de sa chambre faisait courir des frissons sur sa nuque et il se sentait un peu fébrile. Son épaule blessée le tiraillait.

— Je... je crois que je ne me sens pas très bien, marmonna-t-il en passant une main légèrement tremblante sur son front, qui lui sembla moite.

James rit :

— C'est la même chose pour tout le monde, mon grand : ça s'appelle le réveil.

Pourtant, Peter n'avait pas l'impression d'être dans son état normal. Il frissonna à nouveau et regretta amèrement la chaleur de sa couette.

— James, je ne me sens vraiment pas —

James l'interrompit, ses traits se durcissant imperceptiblement :

— Hey, pas de ça avec moi, champion. Ta comédie marche peut-être avec May, mais n'a aucun effet sur moi, alors habille-toi et viens prendre le petit-déjeuner. Ta tante a tout préparé, elle n'attend que toi.

— Quelle comédie ? s'insurgea faiblement Peter en se forçant à poser un orteil sur le parquet froid.

— Celle du pauvre enfant trop malade pour aller à l'école et affronter ses responsabilités. Tu n'es plus un bébé, Peter, alors tu ferais mieux de te lever et de te préparer pour le lycée.

James n'avait pas tort, essaya de se convaincre Peter en enfilant un jean, un t-shirt gris et son sweat-shirt Star Wars préféré. Il n'était plus un bébé. Il n'était plus un enfant non plus. Il était un super-héros, il pouvait très bien se débrouiller tout seul, quoi qu'en pensent Happy, Tony et leurs protocoles de surveillance intrusifs ! Et ce n'était pas une baisse de régime passagère qui allait l'en empêcher !

Dans la cuisine, May buvait du thé en regardant la télé, visiblement absorbée par la chaîne d'informations. En l'entendant arriver, elle détourna son attention de la télévision et eut aussitôt l'air inquiet.

— Oh, mon cœur, tu vas bien ? Tu es si pâle...

— Ça va, lui assura l'adolescent en versant une généreuse rasade de lait sur ses corn-flakes, malgré le noeud qui serrait son estomac. Juste une mauvaise nuit, mais ça ira mieux après un bon petit-déjeuner !

Behind green eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant