Writober 2022

Histoire #10 - Sommeil profond

Je passe mes journées à essayer de boucler mon roman. Mais je suis en retard. Très en retard. Mon éditrice s'impatiente. Ce n'est qu'une question de jours avant qu'elle ne me pose un ultimatum, je le sais. Malheureusement, malgré tous mes efforts, je ne vois pas comment écrire une histoire d'amour alors que je viens de me faire larguer. Mon cerveau fait un blocage.

Je somnole. Peut-être 2 ou 3 minutes. Mon corps se détend alors que je m'abandonne peu à peu aux bras de Morphée. J'aurais dû le savoir, quand le marchand de sable n'arrive pas à passer par la porte, il trouve le moyen de rentrer par la fenêtre.

Les paupières à demi closes, je devine les contours de mon écran. Tout est si flou. J'étais bien partie pourtant avec mes 4 000 mots en une heure. Tant pis, au stade où j'en suis, un peu plus de retard ne changera pas grand-chose.

Je sursaute sur mon fauteuil. J'ai l'étrange impression que quelqu'un vient de me gifler. Je regarde autour de moi, personne. En même temps, à part le voisin qui vient parfois nourrir mon chat, je ne sais pas à qui je m'attendais.

Je réalise soudain qu'il fait noir et que seul le lampadaire de la rue apporte quelques rayons de lumière à la pièce. C'est ce que j'appelle une bonne grosse sieste.

Je relance mon ordinateur en veille et décide de reprendre le fil du chapitre en cours. Objectif, terminer le manuscrit avant demain soir. Je sais que je peux le faire. Et puis, de toute façon, je n'ai plus de mec pour m'emmerder. Voyons le bon côté des choses.

Ma motivation fait rapidement face à un imprévu de taille. Je ne reconnais pas les dernières lignes. Je suis même certaine de ne jamais les avoir écrites.

Mon sang ne fait qu'un tour. Trois nouveaux chapitres se sont ajoutés au reste. Trois chapitres qui ne correspondent absolument pas à ce que je comptais faire. Ou je suis une autrice somnambule, ou...

Je me fige. Sous mes yeux, à la page 287, l'histoire continue de s'écrire. Seule.