Pris au piège

Chapitre 1

10, quatrième âge, Eryn-Forod, nouveau royaume de Thranduil.

La grande guerre était désormais finie. Tous les soldats avaient rejoint le royaume qui avait rapidement perdu le calme du repos de cet après-guerre, pour l'effervescence des préparatifs pour le départ. Ce départ de la terre du milieu, important et pressant pour certains elfes qui sentaient plus fort encore l'appel de ces terres éternelles où la paix serait la seule atmosphère. Le départ était deux semaines à peine après le retour des troupes. Le roi avait voulu rapidement amener les siens dans ce nouveau royaume. Il voulait que les guerres cessent de les hanter.

Là, l'installation s'était faite rapidement, et surtout simplement. Chacun semblait avoir trouvé sa place et ses habitudes sans embarra.

Une personne par contre se perdait parfois à observer ses camarades aller et venir, faire leurs tâches, comme si de rien n'était. Elle les voyait agir avec tant de simplicité dans la vie. Tant de fluidité. Qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui n'allait pas avec elle.

Pourquoi elle ne s'était jamais sentit à sa place ?

Finra : « Orëa ! »

Elle sursauta, quittant ses songes avant qu'ils ne s'assombrissent plus encore et posa son regard bleu foncé sur cette elfine, souriante qui arrivait droit sur elle, les bras chargés de draps et couverture.

Finra : « Tu veux bien m'aider au lieu de rester planté comme un piqué ? »

Orëa : « Oui, bien sûr. »

Sans hésitation, elle s'approcha d'elle afin de lui prendre quelques affaires et de la soulager avant de la suivre.

Finra : « Le roi va recevoir des invités. »

Expliqua-t-elle en ouvrant la porte de cette chambre réservée pour justement des invités occasionnels.

Finra : « T'avais l'air ailleurs tout à l'heure, tout va bien ? »

Orëa : « Oui, je réfléchissais juste. »

Finra : « A quoi ? »

Orëa : « J'avais l'impression d'oublier de faire quelque chose. »

Tenta-t-elle en gardant le regard rivé sur ce lit qu'elles faisaient. Finra était une amie. Une elfine au service de la famille royale. Elles se connaissaient depuis toujours mais se sont réellement rapprochées il y a tout juste un millénaire, le jour où Thanedris, la couturière et brodeuse principale, s'en est prise à Finra parce que soi-disant elle n'avait pas assez pris soin d'une cape du roi dont une broderie déchirait le tissu. Orëa avait pris sa défense en montrant que le souci venait de la broderie et non de l'entretient. Et puis, ce n'était pas Finra qui s'occupait de l'entretient. Elle faisait juste le lien entre le roi et les services dont il avait besoin. Comme la majorité de la poignée d'elfes proches de la famille royale. Un millénaire, ce n'est guère si long pour des elfes, cependant, cela avait suffi pour créer une forte amitié entre ces deux personnes.

Finra : « Et finalement ? »

Finalement, Finra avait appris à bien la connaitre en ce millénaire. Elle savait que derrière son regard franc et ces phrases rares mais justes, se cachaient quelqu'un avec un vide énorme de confiance en soi et d'une fragilité qui pouvait la faire écrouler comme un château de carte. Et en même temps, elle avait plus de force qu'elle ne semblait réaliser puisque cette fragile Orëa restait toujours présente, droite et souriante. Du moins, devant eux, ceux qui avaient pris conscience de sa présence. Une elfine si discrète que certains de ce royaume ne semblaient même pas la connaitre. Et Finra le sentait, il y avait bien des choses qu'elle ne savait pas encore d'elle, comme l'origine de cette dualité fragilité/force ou encore ce que cela risquait de provoquer à tout moment.