Chapitre 3

274 29 14
                                    


Stiles s'efforça de sourire devant son père et surtout, de lui raconter objectivement ce qu'il s'était passé. L'inquiéter n'était pas dans ses projets, mais il se devait être honnête avec lui. C'était loin d'être facile. L'hyperactif n'était pas du genre à s'étaler sur ses problèmes, bien au contraire. Il avait tendance à relativiser, à faire passer ceux des autres avant les siens parce que... Ça lui paraissait normal. Il avait toujours eu cette habitude de s'oublier au profit de son entourage, à tel point que c'était devenu un automatisme. Noah le lui avait longtemps reproché, à tel point que cela avait donné lieu à de violentes disputes, que Stiles ne comprenait pas toujours. Durant la dernière en date, Noah avait pleuré. Pas beaucoup. Il avait juste lâché deux ou trois larmes de rage et de tristesse mélangées, mais cela avait suffi à briser le cœur de Stiles, qui avait commencé à comprendre que son bien-être pouvait important. A défaut de l'être à ses yeux, il l'était à ceux de son père. Alors, il faisait un effort, même si ça lui coûtait beaucoup et qu'il détestait la sensation qui l'étreignait. Celle de se plaindre pour pas grand-chose. C'était pour cela qu'il essayait de ne pas trop faire l'étalage de son ressenti et de se concentrer sur les faits. Noah fronça un sourcil.

- Donc tu es en train de me dire qu'un homme est venu te proposer de l'argent contre... Du sexe ?

Il semblait avoir du mal à y croire mais pas parce qu'il doutait de Stiles. Simplement parce que... C'était aberrant. Et qu'un père n'arrivait pas à imaginer cela concernant son enfant.

Stiles se mordit la lèvre inférieure.

- Je dis pas que c'est ça. Il a pas dit le mot, tenta-t-il.

- Il ne l'a pas dit, mais c'est pourtant ce que ça veut dire, objecta Noah avant de se reculer dans sa chaise et de croiser les bras sur son torse.

Il fit le vide dans son esprit et soupira. Contenir ce qui montait en lui était difficile. Il releva ses yeux bleus inquiets et les posa sur le visage de son fils. Ce merveilleux fils qu'il aimait tant. Objectivement, il était mignon et dégageait quelque chose de certain y comprit un charme qui pouvait faire tourner des têtes, mais... Des têtes de son âge, des têtes de lycéens ou lycéennes. Pas des hommes matures.

- Ce qui m'embête, c'est pas ça, lâcha Stiles, c'est que... Enfin, avec Isaac, on buvait juste un verre et il a insisté pour me le payer. Voilà, c'était... Un verre entre potes. Ce qui me dérange, c'est le fait que ça ait été détourné. C'est... Pervers.

L'hyperactif frissonna. Il avait mis du temps à comprendre, principalement parce qu'il ne voulait pas capter la signification à peine cachée des paroles de l'homme, justement parce qu'il ne voulait pas salir cette sortie avec Isaac. Mais forcément, au bout d'un moment, les mots faisaient sens. Et ils frappaient là aux portes de sa pseudo-innocence. N'allez pas croire que Stiles, même puceau, ne connaissait rien à la vie d'en bas : c'était même l'inverse. Il s'était un peu trop renseigné pour le jour où ça arriverait. Et, forcément, il savait des choses, d'autres choses. Des choses que tout le monde savait parce que... C'était là. Disons qu'en être témoin était une chose, le vivre en était une autre. Alors forcément, il était un peu troublé, voire désarçonné. En fait, des doutes perfides commençaient sérieusement à s'insinuer en lui.

- C'est compréhensible, fils, mais n'y pense pas.

Stiles leva des yeux outrés vers son paternel qui comprit qu'il s'était mal exprimé :

- Pardon Stiles, c'était maladroit. Ce que je veux dire, c'est que ce qui s'est passé ne doit pas t'empêcher de prendre un autre verre avec Isaac, ni même de faire n'importe quelle sortie avec tes amis. Tu vois ce que je veux dire ?

La chute de l'étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant