Chapitre 14

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Pour être honnête, Melissa avait vomi dès lors qu'elle l'avait pu. Si elle ne s'était pas personnellement occupée de ses examens, elle avait regardé l'équipe dédiée le faire. Autant dire que des choses, elle en savait. Elle en avait vu. Stiles était comme un fils pour elle : le temps qu'il avait passé à la maison McCall était incommensurable. Fut un temps où elle s'occupait plus de lui que Noah lui-même. Lorsque Claudia était décédée, assumer pleinement son rôle de père tout en se noyant dans sa douleur avait été extrêmement difficile pour le shérif qui avait eu besoin de s'isoler, de se plonger dans son travail. Ainsi, il laissait régulièrement Stiles chez Melissa.

En d'autres termes, elle l'avait vu grandir.

- On lui a fait faire le maximum d'examens possible, commença-t-elle. On n'a rien trouvé qui puisse indiquer qu'il ait été agressé de la façon que vous pensez. On l'a interrogé comme on a pu malgré son état de choc... Du peu qu'on a pu lui soutirer, il ne lui est rien arrivé de ce côté-là.

Et dieu sait à quel point elle avait été extrêmement tendue et angoissée dans l'attente des résultats, à se ronger les sangs à n'en plus finir. Imaginer que Stiles ait pu subir de telles horreurs était trop difficile pour elle, à tel point qu'en prononcer le mot s'avérait impossible. Elle avait à cœur de tout dire à Noah et Derek, tout en préservant sa santé mentale.

- En revanche, il n'a pas été difficile de comprendre ce qui lui est arrivé et qui est bien plus... Sanglant.

Parce qu'il s'agissait du mot qui caractérisait le mieux ce dont elle avait été témoin. Les images ne la quittaient pas et son cœur de mer saignait, lui aussi. Mais Melissa était une femme forte qui assumait autant ses faiblesses qu'elle dépassait ses limites pour faire le bien. Informer. Prendre soin des gens qu'elle aimait.

- Venez en au fait, Melissa.

Noah ne prenait aucune pincette : il n'en avait ni l'envie, ni la force. Dans ses yeux brûlait un feu qu'on lui connaissait peu et qui faisait d'ores et déjà des ravages. Rien qu'en le regardant, on oubliait l'absence passée, le père qui travaillait jour et nuit pour échapper à la réalité, à ce fils qui avait les yeux de sa mère. Cette fois, il était là. En tant que parent.

Et en tant qu'homme de justice.

Alors si son ton sec et expéditif perturba un instant Melissa, elle n'en montra rien. A la place, elle jeta un coup d'œil à Derek Hale, un peu en retrait. Comme toujours, il lui semblait imperturbable. Pourtant, elle ne se doutait pas d'à quel point la situation le remuait et de quelle façon il se mentalisait pour garder un semblant de sang-froid.

L'infirmière soupira. Songea à ce qu'elle savait... Et retrouva la nausée qui avait semblé la quitter quelques minutes plus tôt.

- Stiles a été mutilé, finit-elle par souffler, en regardant le shérif dans les yeux tout en se frottant les avant-bras.

Parce qu'un frisson désagréable la prenait au souvenir de cette horreur. Elle n'avait pas tout vu – elle n'avait pas pu. Les plaies, indénombrables, la hantaient. Si elles étaient purement superficielles, il était clair que l'hyperactif en garderait certaines cicatrices. Pas pour toutes, pas partout. Mais une, c'était déjà trop. Elle s'était d'ailleurs fait une réflexion dont la tendance commençait déjà à s'inverser.

Était-ce véritablement une chance que le visage de Stiles ait été épargné ? Au départ, elle pensait que oui. Maintenant, elle doutait. Qui que puisse être son agresseur, il n'avait pas fait cela au hasard.

- Où ? Demanda le shérif, bras croisés sur son torse.

Il n'y avait pas dans cette question la moindre once de curiosité. Noah avait besoin de savoir. Il rappelait à lui des souvenirs aussi vieux que récents dans l'espoir de se souvenir d'une occurrence avec une autre affaire... Quelque chose qui, il fallait l'avouer, lui faciliterait grandement la tâche. Or, il savait pertinemment que les choses ne pouvaient pas être aussi simples : que l'ordure qui avait osé harceler son fils avant de s'en prendre à lui ne faisait sans doute pas partie du fichier de la police.

Melissa jeta un nouveau regard en direction de Derek, qui continuait de garder le silence, avant de reporter son attention sur Noah. Elle n'avait pas envie de le lui dire, mais... Il devait savoir. Et puisque l'ancien alpha était là et qu'il ne le chassait pas... Lui aussi.

- Jambes, bras, torse, dos... Un peu partout, s'efforça-t-elle de répondre. Chaque endroit qui peut être caché par des vêtements.

Voilà une autre réflexion qu'elle s'était faite pendant la batterie d'examens que l'adolescent avait dû subir. Le pauvre, en état de choc, n'avait pas été capable de dire grand-chose, mis à part de confirmer qu'il était sauf en ce qui concernait une potentielle agression sexuelle. Il pouvait toujours mentir, mais Melissa était persuadée que non. Elle avait vu ses yeux, entendu sa voix. Stiles n'était pas en position de force... Tisser un mensonge n'aurait servi à rien, d'autant plus qu'il n'avait pas eu l'air d'en avoir la force. Maintenant, il dormait – on l'avait sédaté et ce, pour différentes raisons. Puisque ses soins avaient été réalisés, il était temps pour lui de se reposer.

Noah hocha la tête. Laissa passer quelques secondes d'un silence des plus lourds, avant de le briser sèchement.

- Les mutilations sont superficielles ? Demanda-t-il sans que la moindre émotion ne transparaisse dans sa voix.

Si Melissa fut aussi surprise que dérangée par la question, elle garda ses pensées pour elle et n'hésita pas à coopérer :

- Oui. Ce sont... Des plaies, des entailles. Rien de profond.

La nausée remonta un peu. Melissa avala lentement sa salive, s'efforça de songer à des choses qui pourraient lui permettre de ne pas perdre complètement la face.

Noah hocha à nouveau la tête, prit note de l'information. Il ferma les yeux, les rouvrit un instant plus tard. Fixa Melissa avec une intensité surprenante. Dans ses yeux, un feu gelé.

- D'ici deux heures, j'aimerais que vous ayiez préparé les papiers de sa sortie.

Cette fois, l'infirmière ne put cacher sa stupéfaction.

- Ecoutez, même si ses blessures ne sont pas « graves » en elle-même, Stiles a néanmoins besoin de soins. Il doit rester à l'hôpital, au moins deux à trois jours, le temps qu'on le mette en contact avec un psychologue, éventuellement un psychia...

- Mon fils ne passera pas une heure supplémentaire à l'extérieur, la coupa fermement Noah, intransigeant. Un malade s'en est pris à lui et pour une raison que j'ignore, il l'a kidnappé pour ensuite le laisser partir. Je ne sais pas vraiment ce que cet enfoiré a précisément en tête et j'aimerais ne pas avoir à l'apprendre.

Il n'était pas sûr de pouvoir le supporter, à raison. Ce fut à son tour de se tourner vers Derek qui, comprenant instantanément le message, hocha simplement la tête. Ils en avaient parlé, de toute manière : il emmènerait Stiles au loft sitôt sa sortie prononcée et ne le quitterait plus d'une semelle.

- Pour ce qui est des soins dont il pourrait avoir besoin, continua Noah en pointant son crâne, on s'en occupera.

Il avait le regard froid et la flamme de sa rage ne le quittait pas. Dans son coin, Derek dut toutefois avouer que le shérif gardait bien son sang-froid : le métier devait aider.

- Je compte donc sur vous pour vous occuper dès maintenant de la paperasse, Melissa.

Le pire, c'est que l'infirmière ne pouvait rien lui reprocher. Excepté son ton glacial, le shérif lui parlait de façon claire et respectueuse. Il était à la limite de l'ordre et... L'air de rien, elle comprenait son attitude, l'origine de son comportement. Melissa était une mère et il fallait avouer qu'elle ne réagirait peut-être pas de façon aussi contrôlée si elle apprenait qu'il était arrivé quelque chose de similaire à son propre fils, Scott. Elle n'imaginait alors que trop bien la dualité qui devait se jouer en Noah, dont les efforts pour ne pas basculer du mauvais côté devaient être considérables.

Alors, elle ne dit rien, ravala le peu de mots qu'elle avait en stock et opina du chef. Si c'était pour protéger Stiles, soit.

La chute de l'étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant