Chapitre 4

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Le retour au lycée fut rude. Stiles avait passé le week-end cloîtré chez lui, à ressasser encore et encore tout en se fustigeant. Oui parce que dans le fond, il trouvait sa réaction tout à fait idiote. Sur le moment, parler à son père lui avait fait du bien, d'accord, mais... Son soulagement avait été de très courte durée : le stress était revenu, les questionnements aussi. Il se repassait la fameuse scène dans sa tête, s'était demandé à de nombreuses reprises ce qu'il avait fait de mal, s'il n'avait pas dit quelque chose de suggestif, essayait de se souvenir avec exactitude de sa tenue... Et au final, il se retrouvait avec plus de questions que de réponses. En conséquence, il avait peu dormi et s'était retrouvé, ce lundi matin, à devoir aller au lycée avec une migraine conséquente. La douleur mise à part, ses préoccupations ne le quittaient pas. C'était idiot, mais il n'arrivait pas à se sortir cette fameuse sortie de la tête alors qu'au final... Non, il ne s'était définitivement rien passé. Isaac avait été là, l'avait protégé malgré lui même si, en y réfléchissant bien, rien ne lui serait arrivé dans tous les cas. Stiles aurait fini par comprendre le sens de la question de l'homme, aurait gentiment décliné, tout en lui indiquant son âge histoire de le faire culpabiliser un peu, en le menaçant, à la limite et pour le fun, d'éventuellement porter plainte. Oui, Stiles aurait revêtu son masque sarcastique et se serait amusé de la situation, comme si celle-ci ne l'avait en aucun cas déstabilisé et au fond... C'était ce qu'il aurait dû faire. Ne pas la prendre au sérieux, ne pas non plus s'attarder dessus, mais force était de constater que ce n'était pas ce qui s'était passé et qu'il peinait à penser à autre chose.

En avançant, il serra les points. Il ne devrait pas être touché à ce point-là, mais c'était plus fort que lui. C'était comme si... Comme s'il pressentait quelque chose et que son attitude était une faute en elle-même, qu'elle avait déclenché quelque chose qui le dépassait. Il se sentait comme un enfant au milieu d'un monde qu'il ne connaissait pas. Complètement perdu, il n'arrivait pas à réagir correctement et un pauvre évènement le marquait bien plus que prévu.

En temps normal, se retrouver dans le lycée, au milieu de tout ce monde qu'il connaissait au moins de vue, c'était quelque chose qui le rassurait. Mais pas là. Cette fois, il se sentait tout petit, tout nul, et nu, comme si chaque regard se posant sur lui le passait au laser et que tous ses secrets se retrouvaient étalés sur son front. Et même s'il savait que tout cela était des plus faux, il n'arrivait pas à se détendre, à se décrisper. Déjà, il luttait contre lui-même pour ne pas retourner à sa voiture et rentrer chez lui. Ce qui était arrivé faisait partie du passé, il ne fallait pas en faire tout un plat. Toutefois, il ne put s'empêcher de faire un crochet par les toilettes avant de prendre le couloir menant à sa salle. Seul dans l'endroit vide de tout occupant, Stiles se regarda dans la glace et jeta un coup d'œil nerveux à sa tenue. Il tira sur son t-shirt, ajusta sa chemise, essaya vaguement de dompter ses cheveux en bataille. Il n'avait pas cherché à les coiffer, juste à faire en sorte qu'ils n'aient pas trop de nœuds. C'était idiot mais il s'était dit... Qu'il serait inconvenant de venir au lycée en faisant attention à être aussi présentable que d'habitude. En soi, Stiles était conscient que ça n'avait rien à voir avec ce qui était arrivé et qu'il n'était pas le problème, mais... Il n'avait pas pu s'en empêcher. Il ne fallait pas qu'il soit... Habillé comme il l'était toujours. C'était d'ailleurs pour cela qu'il avait choisi un t-shirt un peu tâché, un pantalon qui lui allait un peu grand.

Et pourtant c'était stupide, parce qu'il n'allait sans doute jamais revoir cet homme, encore moins au lycée. En fait, il ne le reverrait sans doute jamais. C'était un inconnu, après tout.

Stiles sortit néanmoins des toilettes encore moins assuré qu'il ne l'était en arrivant, comme si voir sa propre image l'avait conforté dans le fait qu'il avait quelque chose à se reprocher. Peu confiant, il alla attendre le début de son cours devant sa salle de classe et fut rejoint par Lydia et Malia, qui lui trouvèrent une petite mine, ce à quoi Stiles répondit qu'il avait eu du mal à dormir. Isaac arriva quelques minutes plus tard et avisa la figure pâle de son ami. Au même moment, le professeur fit son entrée et ouvrit la salle. D'office et sans lui laisser le choix, le bouclé prit son ami hyperactif par le bras et l'emmena dans le fond de la classe. Là, il l'installa à côté de lui et jeta un coup d'œil circulaire autour d'eux. Scott n'était pas là, tant mieux. L'alpha avait tendance à toujours prendre la place à côté de Stiles, ce qui empêchait quiconque de l'approcher. Scott ne faisait pas cela par jalousie, ni par instinct protecteur. La différence entre Stiles et lui, c'était l'intelligence. Le latino savait que son ami avait des facilités et comme celui-ci était trop gentil, il le laissait copier sur lui ou prendre ses notes pour mieux comprendre le cours. Isaac n'avait, de toute façon, jamais trouvé leur relation égale et ladite inégalité s'était largement accentuée depuis que Scott était devenu un loup-garou, autrement dit, depuis un moment.

La chute de l'étincelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant