Jour 28 - Ecris sur le fait d'aimer quelqu'un

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Hier avait été une journée sans. J'avais à peine répondu à la question posée, alors que je m'étais rendue compte, plus tard, que j'aurais eu plein de choses à ajouter. Mais cela arrivait, il y avait des jours où notre tête ne coopérait pas, parce qu'elle avait d'autres choses à penser. En l'occurrence, un papier à rendre ce matin et que j'étais loin d'avoir finie au moment où j'étais allée répondre à la question du jour. Je pensais que m'asseoir en compagnie de Luke me changerait les idées, mais je n'avais pas cessé de penser aux mots que j'étais censé coucher sur le papier.

Alors, quand j'entrai dans la pièce et que je vis la table, les feuilles et le stylo-bille, je soupirai. Je n'avais aucune envie d'écrire. Je regardai un moment les feuilles avant de secouer la tête, comme pour dire non.

- Non. Non. Et non. Je refuse d'encore écrire. Je sais que ça fait partie de l'expérience, mais là, je n'ai aucune envie d'écrire. Donc, si tu le permets, je vais parler. Je vais te dire ce que j'aurais écrit sur ton thème.

J'attendis un peu, comme si je m'attendais à ce qu'il entre dans la pièce pour me dire quelque chose, ou à ce que la voix robotique reprenne du service pour me dire que je devais absolument écrire, mais rien. Je me mis donc à parler.

- Aimer. C'est un thème qui semble récurrent dans ton expérience, mais d'accord. Comme j'ai déjà pu te le dire, je ne suis pas certaine d'avoir réellement aimé quelqu'un. Du moins, quelqu'un d'autre que mes parents, ou ma famille. J'aime mes parents, plus que tout au monde, même si c'est quelque chose qu'on ne se dit pas. C'est une sorte d'amour silencieux, qu'on se montre, mais pour lequel les mots ne sortent jamais. On n'est pas comme ces familles où on dit « je t'aime » à tout bout de champ. Je crois d'ailleurs ne jamais avoir entendu mes parents se dire ouvertement les mots « je t'aime ».

Je marquai une courte pause, le temps de m'installer dans le canapé.

- On ne m'a jamais dit « je t'aime » non plus, et je crois que ça a joué sur le fait que je considère ne jamais avoir été amoureuse, un jour de ma vie. Comment pourrais-je aimer quelqu'un qui n'a pas l'air de m'aimer en retour ? J'aimerais tomber follement amoureuse, me dire que j'ai trouvé la bonne personne avec qui passer du temps, à qui dire « je t'aime » sans que je n'aie l'impression d'être une idiote. J'aimerais un jour pouvoir dire « je t'aime » à quelqu'un et qu'on me le dise en retour...

J'étais restée pensive quelques minutes. Je réfléchissais à comment tourner la suite de ma pensée. Mais au moment où j'allais recommencer à parler, la porte s'ouvrit sur Luke qui entra dans la pièce. Je fronçai les sourcils et le vis s'approcher. Je le vis regarder l'endroit où se trouvait la caméra.

- La caméra et les micros sont coupés, alors ce que je vais te dire ne fait pas partie de l'expérience, ne sera entendu par personne.

- Comment je peux en être sure ?

Au regard qu'il me lança, je compris que je devais lui faire confiance sur ce point et l'écouter. Il vint s'installer en face de moi et commença à me parler, sans aucune transition.

- Depuis le début, tu dis que tu as du mal à faire confiance, que tu n'es pas certaine de pouvoir un jour tomber amoureuse. J'étais comme toi. Et j'insiste sur le « étais », parce que c'était bien avant de te rencontrer. J'étais le genre de mec idiot qui changeait de filles régulièrement, qui revoyait rarement les filles qu'il avait mise dans son lit. Un vrai connard. Non pas que toi tu étais comme ça. Je dis que j'étais comme toi parce que je ne voulais pas m'attacher. Et pourtant, je ne voulais qu'une chose, trouver la personnes que j'aurais envie de revoir. Le soir où je t'ai accosté avec mes copains, bien éméché, je pensais que je ne te reverrais pas. C'était juste histoire de m'amuser. Et pourtant, je t'ai revu par hasard le lendemain. Et puis encore après. C'était comme si tu étais constamment sur mon chemin. Non, je ne crois pas coïncidence, et je ne crois pas non plus au destin. Puis, on a commencé à discuter et je te voyais vraiment comme une amie, parce que c'était chouette de parler avec toi. Je pouvais te dire n'importe quoi, tu ne jugeais jamais mes mots, même quand tu n'étais pas d'accord. Et il y a eu ce soir... Quand tu as accepté de venir à une soirée que j'organisais, que tu as toi-même fini éméché et qu'on a fini par coucher ensemble. C'était idiot. Et pourtant, je n'ai pas eu envie de me barrer directement au réveil.

- Luke, où est-ce que tu veux en venir ? l'interrompis-je. Je n'ai pas besoin de savoir que tu as trouvé idiot de coucher avec moi, ou que tu étais un connard avant, je m'en fou. Tu ne me dois rien.

- Je suis en train de tomber amoureux de toi. Comme un con. Je sais, on s'était mis d'accord. Enfin, j'avais surtout accepté ce marché de « pas de sentiments », parce que toi, tu semblais avoir la trouille qu'il y ait autre chose. Mais j'y peux rien, je suis le premier âtre tombé...

Je posai mes lèvres contre les siennes, l'interrompant. Je voulais qu'il se taise et qu'il n'en dise pas plus.  

Défi 30 jours - L'expérience d'Ottie (Titre provisoire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant