Posé sur sa colonne de marbre, l'empereur, d'un geste vif de la main, fit signe à la foule de se taire. Ce qu'elle fit évidemment en un mouvement unanime. Le chef militaire profita de ce silence pour observer les "invités". Une gamine aux cheveux couleur d'automne un peu enrobée, une jeune femme fluette, et un homme au visage caché par un bandeau couleur écarlate. Difficile de s'imaginer que l'un deux ait pu menacer ses gardes surentraînés. De toute manière, leurs actes n'avaient aucune importance. Seul ce qu'ils possédaient intéressait l'empereur. Et si ils refusaient de lui donner ce qu'il désirait, il les tuerait. Cela finissait toujours comme ça de toute manière.
____________________
Unique fils du précédent empereur, Marcus II, dont il avait repris le nom, le tyran ne désirait qu'une seule chose : le pouvoir. Il rêvait de batailles et de conquêtes, d'épées qui s'entrecroisent, de chants métalliques. Il voulait retrouver la place que les syrenns avaient au sein d'Arwen avant les grandes guerres. Pour lui, l'argent et le meurtre n'étaient que des armes pour atteindre son but. Tout ce qui n'était pas conforme à ses désirs était un obstacle, et tout obstacle se franchissait. Peu importaient les moyens, seuls les résultats comptaient. Les résultats et rien d'autre. Tout le temps ces résultats. Ils l'obsédaient, l'enfonçaient dans sa folie, et plus elle grandissait, plus le besoin de gouverner Arwen se faisait nécessaire. Alors de nouveau obstacles se formaient à ses yeux, et Ombres-Couchantes se retrouvait prise au piège dans une boucle infernale, dans un cercle vicieux, remarquant très bien que le serpent se mordait la queue mais n'osant pas intervenir. Car l'empereur n'était pas seulement aveuglés par ses désirs de pouvoir. Il était également monstrueusement intelligent. Ses moindres faits et gestes étaient calculés au millimètre près, chacune de ses apparitions était préparée et répétée jusqu'à l'épuisement total pour atteindre la perfection. Cette exigence aiguë s'étendait sur ses soldats, qu'il n'hésitait pas à punir par sa cruauté. Non, ses sbires ne lui faisaient pas d'ombre. Dans le cas contraire, ils disparaissaient dans de mystérieuses circonstances... La seule peur de ce tyran était que son pouvoir démeusuré lui soit arraché. Pour cela, il éliminait tous ses héritiers à l'exception du premier pour leurrer son peuple, et passait des jours à tenter de percer le secret de l'immortalité. Comme beaucoup avant lui, ce secret le tenait éveillé des nuits entières. Mais l'absence quasi-totale de la magie depuis les Grandes Guerres ne facilitait pas les choses.
La magie a toujours existée en Arwenia, sous diverses formes, certes, mais elle a toujours été présente. Les plus grandes utulisations de cette dernière fut à travers les dons et l'enchanterie. Cette pratique ne nécessitait aucun pouvoir particulier, juste un apprentissage et un savoir à acquérir. Les dons étaient plus complexes. À ce jour, il ne restait qu'une dizaine de sorciers, une centaine de marcheurs de rêves tandis que la totalité des murmureurs fut exterminée. Peu d'informations reviennent sur l'origine de ces pouvoirs: premièrement, ils sont héréditaires. Il peuvent sauter plusieurs génération, mais n'apparaissent pas aléatoirement. Deuxièmement, ils proviennent des temps anciens, voir même des peuples non-humains bannis durant les Grandes guerres. Pour finir, le pouvoir obtenu correspond assez bien au caractère de son possesseur. Ainsi les sorciers sont ambitieux et puissants, les marcheurs de rêves créatifs et téméraires, les murmureurs, réfléchis et impassibles.
L'empereur, à son grand regret, n'avait aucun don inné. Cependant, il était doué en enchanterie, et tentait de garder pour lui toute étincelle magique. Lors de son arrivée sur le trône, d'étranges prisons naquirent, d'où émanait des sons et des lumières pour le moins inquiétants. Les possesseurs des dons disparaissaient de jours en jours, sans espoir de survie. L'empereur espérait depuis toujours mettre la main sur le médaillon d'Orilianh. Et depuis toutes ces années il n'obtenait aucun résultat. Le cercle se répétait à l'infini.
VOUS LISEZ
Légendes - Les Royaumes d'Arwen
Fantasy"Ce ruisseau, d'habitude si agité, et dont le coassement des grenouilles s'échappait continuellement, était aussi paisible que le reste de la forêt. Mais comme pour le reste du bois, le danger se cachait partout. Et en s'approchant, on pouvait disti...
