Chapitre 4

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(Note: les pas et les lieues sont des unités de mesure, j'ai remarqué que cela pouvait prêter à confusion.)

- Des... Des loups... articula faiblement Elyrya.

     Bien qu'elle ne se souvenait pas avoir entendu parler de ces bêtes, ni avoir lu des livres sur le sujet, elle les craignait autant que n'importe quel habitant de l'un des quatre Royaume de lumière. Elle remarqua qu'elle avait conservé ses connaissances et son savoir, lui faisant comprendre que seuls ses souvenirs personnels n'étaient pas revenus.

- Il faut partir, dit-t-elle de sa voix la plus forte!

- Tais-toi! Ce sont des loups du Nord, chuchota Zéphyr en plaquant sa main sur la bouche de la jeune fille. Ils sont plus féroces et possèdent des sens bien plus aiguisés que leur semblables vivant au sud! Certains racontent même qu'ils entendent les battements d'un coeur à plus d'une lieue...

- Il faut grimper en hauteur, ces bêtes monstrueuses n'ont qu'un défaut : leur manque d'agilité, expliqua Elyrya le moins fort possible, se surprenant elle-même d'avoir cette connaissance.

Zéphyr acquiesça.

- J'ai repéré un arbre assez haut et aux branches solides au cours de la journée. Il est à quelques pas du notre. Mais je ne pourrais pas te porter jusqu'à l'arbre et jusqu'à sa cime, je n'en aurais pas la force . Te sens-tu capable de marcher jusqu'à lui?

- Je... Je crois... mentit Elyrya. Sa cheville la faisait atrocement souffrir. Mais elle refusait d'être un poids pour le jeune homme. Il avait déjà tant risqué pour elle... De plus, sans raison apparente, elle lui donnait toute sa confiance. Une fois la peur de l'inconnu passée, elle pensa que se sentiment de sécurité en sa présence était du à la perte de tous ses repères. C'était faux. Il y avait en elle quelque chose de plus profond, qui la poussait à s'accrocher à lui,comme à un souvenir retrouvé. En guise de preuve de sa détermination à le suivre, elle lui tendit son cher médaillon.

- Tiens. Garde-le précieusement

- Bien. Relève-toi, nous partons sur le champ.

     Zéphyr rassembla ses affaires et rattacha sa ceinture, avec le médaillon d'Elyrya rangé dans sa bourse. Elle aurait besoin de ses deux mains pour l'épreuve qui allait suivre. Mais pourquoi se sentait-il responsable de cette fille? Après tout ces efforts, la faim le tenaillait et il n'avait qu'une envie: fuir, le plus loin possible. Au fond, il l'avait sauvée de la noyade, sa dette était payée. Il avait déjà fait assez pour elle! Mais quelque chose l'intriguait chez Elyrya. Il se demandait encore si le fait qu'elle se jette dans un gouffre était un acte de courage ou de pure folie. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Bientôt, la meute, intimidant la lune avec ses hurlements, atteindrait leur point d'eau. Il fallait partir. Immédiatement.

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     Zéphyr reposa l'ouvrage sur l'étagère poussiéreuse. Celui-ci parlait des Grandes Forêts D'Arwen et des animaux typiques à chacune d'entre elle. Ce qui avait principalement attiré l'œil du jeune garçon, c'était les loups: libres, fiers, ils parcouraient le monde face au vent, ignorant tous les obstacles. Solidaires, tous liés, il avançaient en oubliant le reste du monde. Peu importe les différences, peu importe les apparences. Ils étaient tous loups. Une meute, une grande famille.

     Zéphyr s'extirpa de sa rêverie, alerté par des voix s'approchant dangereusement. L'espace de quelques secondes, il était parvenu à oublier qu'il n'était pas chez lui, mais chez un riche commerçant de "son" peuple. Les livres étaient tellement rares et chers qu'il fallait jouer les voleurs pour pouvoir les consulter. Entrainé à la furtivité depuis son plus jeune âge, il grimpa sur l'étagère et évalua la situation. . La pièce, petite et sombre, ne possédait qu'une porte en bois sans serrure et une fenêtre trop petite pour que Zéphyr puisse y passer. Les seuls meubles étaient la bibliothèque sur laquelle il se trouvait, et un petit bureau accompagné d'une chaise on ne peut plus simples. Il étudia ensuite le plafond. Il y remarqua quelques poutres, dont une porteuse et assez épaisse pour qu'il puisse s'y cacher un certain temps. En faisant attention à ne pas laisser trop de traces dans la poussière, Zéphyr fléchit ses jambes et sauta pour attraper la poutre centrale. A la force de ses bras, il se hissa sur son échappatoire de justesse, au moment où la porte s'ouvrit.

- ... Je ne me sert jamais de cette pièce, sortit une voix inconnue, mais imposante.

- Et les livres? rétorqua une seconde, plus calme

- Vendus! Ils partent demain.

"Quel gâchis!" songea Zéphyr

- Où donc?

- Tu sais que je ne révèle jamais l'identité de mes acheteurs...

     Sur ce, les étrangers sortirent de la pièce.

Zéphyr descendit de sa cachette et quitta la pièce. Il hésita à emporter se dernière lecture avec lui, mais se ravisa, de peur que l'on ne découvre ses activités secrètes. Une fois hors de l'habitation, il se remit à marcher dans les sables si caractéristiques du Royaume des Phoenix, l'un des deux Royaume de feu. Le désert n'était pas fait pour lui. Il rêvait de plaines interminables, de forêts somptueuses, de cascades majestueuses. Et il se promit qu'un jour, il trouverait sa meute.

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     Elyrya tenait debout grâce à une longue et fine branche qu'elle avait ramassée près de la mousse. Le moindre contact entre son pied gauche et le sol n'était que douleur. Lorsque le jeune homme se mit en marche, elle eut beaucoup de mal à le suivre, avant de s'habituer à son handicap. Ces quelques pas semblaient être des lieues, et Elyrya sentait que sa cheville allait bientôt céder. Elle s'effondra au sol.

- Relève-toi! ordonna Zéphyr en lui tendant la main.

- Je... Je n'y arrive pas, je ne sens plus ma jambe, dit la fille le visage inondé de larmes, trahissant sa peur et les angoisses qu'elle contenait au plus profond de son coeur.

     Zéphyr la prit alors dans ses bras pour la poser sur la branche la plus solide et la moins haute de l'arbre le plus proche. Il monta sur celle au dessus pour hisser Elyrya quand un bruit étrange attira son attention.

- La meute. Elle arrive.

     Il attrapa les mains de la jeune femme et au prix d'un effort harassant, la tira jusqu'au même niveau que lui. Elyrya remercia son sauveur d'un regard et, ses yeux habitués à l'obscurité, elle se concentra sur les bois. Une myriade de loups jaillit de la forêt, telle une armée passant à l'offensive... À moins que... Les bêtes ne semblaient pas chasser, mais fuir. Fuir quelque chose d'encore plus monstrueux qu'elles.

     Pétrifiés, les deux compagnons se regardèrent. Elyrya crut qu'elle allait s'évanouir. Les battements de son coeur n'étaient que détonations, des vagues de douleur l'empêchaient de respirer et lui troublaient les sens. Soudain, la nuit fut transpercée par un cri si fort, si perçant, si effrayant et si inhumain que la jeune fille ne pût réprimer un sanglot. Ce fut Zéphyr, qui, en perdant de son impassibilité, prit la parole.

- Il n'y a qu'une seule chose au monde capable de cette horreur: une chimère.

Légendes - Les Royaumes d'ArwenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant