Le lac d'argent, calme et paisible reflétait les couleurs orangées de ce ciel d'automne. Cela faisait maintenant une demi-journée que la barque voguait en direction du sud.
- Quelqu'un pourrait-il prendre la relève? demanda Zéphyr tout haut, tendant l'une des pagaies.
- Avec plaisir! s'empressa de répondre Eileen.
Zéphyr observa la jeune femme. Ses mouvements saccadés, son ton de voix un peu trop aigu... La tristesse envahissait son regard mais la joie s'affichait sur son visage. Eileen arborait un sourire magnifique. Elyrya et lui l'avaient acceptée, elle par pure bontée, lui plutôt par compassion. Il connaissait ce sentiment d'incertitude. " Le seul moyen de fuir" se répétait-il.
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Les lames s'entrecroisaient dans un chant métallique mélodieux et sournois. Zéphyr bondit pour éviter le coup au flanc gauche qu'allait lui asséner son adversaire. Le corps à corps n'était pas son fort, il le savait. En une fraction de seconde il observa les possibilités qui s'offraient à lui. Pris au piège dans l'arène, il remarqua sur les murs de cette dernière une fissure assez haute pour lui permettre de se isser jusqu'à quelques pierres en surplus. Sans hésiter il entama sa course avant de sauter avec une grâce et une justesse inégalable. Il attrapa la fissure et en une arabesque grimpa sur le petit rebord. Il nota la mine déconcertée se son ennemi, frappé par la surprise. Puis cette expression se changea en peur. Zéphyr s'amusait de voir ces êtres si hautains terrifiés à l'idée de leur défaite. Il lança le poignard de manière à érafler le bras de son rival. Une goutte de sang perla et vint s'écraser sur le sable de l'arène.
- Zéphyr vainqueur ! s'écria quelqu'un du haut des gradins.
L'entraînement terminé, Zéphyr descendit du haut de sa plateforme et s'avança vers la sortie de cette "prison", ignorant superbement son adversaire. Telle était coutume chez les Phœnix. Ce peuple banni depuis des millénaires des Royaumes de lumière avait finalement trouvé refuge dans les Royaumes de feu. Zéphyr observait les siens depuis son plus jeune âge. Tous possédaient des traits aussi fins que ceux d'une sculpture et la finesse de leur corps n'avait d'égalle que leur agilitée. Tous avaient de long cheveux, symbole de la liberté. Un beau mensonge songeait Zéphyr. Peu de différences existaient entre les femmes et les hommes, exceptés les traits plus doux et les formes caractéristiques des femmes. De même, tous était stoïques, hautains, imperméables à n'importe quel sentiment. "Les sentiments sont des faiblesses, la faiblesse amène à la mort" leur répétait-on. Mais le jeune homme était certain que la froideur de son peuple était "naturelle", un attribut qu'on ne pouvait leur ôter.
Il s'avança vers les portes de l'arène. Tous le monde était descendu des gradins.
"Il a encore remporté le combat" chuchotaient des voix, "nous ne sommes même pas sûr qu'il soit des nôtres" en rapportaient d'autres. Les cheveux argentés du jeune Phoenix troublaient... Une couleur rare voire inexistante chez les autres individus. Zéphyr avait également d'autres secrets, qu'ils se gardait bien de révéler au grand jour. Mais il en était sûr: il était l'un d'entre eux.
Affaibli par le combat qu'il venait de mener, il rentra chez lui, une petite maison tout ce qu'il y a de plus simple. Il n'en pouvait plus des faces à faces incessants. Mais cette malédiction les forçaient à se battre sans relâche les uns contre les autres ! Tant de vies utilisées comme des pions dans un jeu cruel! Il n'en pouvait plus de devoir vivre sous le joug de ce sortilège! Il était prisonnier dans son propre royaume! Et il se jura de briser cette malédiction, à n'importe quel prix.
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Eileen avait finalement décidé de troquer sa robe en soie contre le pantalon et la tunique qu'elle avait dérobés. Plus pratiques pour bouger, ce nouveau confort la ravissait. Le fait de ramer lui permettait d'oublier les récents événements de Brumes-Levantes, qui l'inquiétaient plus que tout. Pendant ce temps, Zéphyr racommodait le vieux filet de pêche trouvé dans la barque: même avec les provisions supplémentaires qu'avait emmenées Eileen, ils n'auraient pas assez pour arriver jusqu'à la côte, dans trois jours. Ils avaient déjà rationné l'eau, et en se serrant la ceinture, il devrait y en avoir juste assez pour une bonne semaine.
Quand à Elyrya, elle continuait d'observer son médaillon. Elle le portait maintenant autour du cou, grâce à une chaîne en argent trouvée dans sa besace.
- Pourquoi ne suffirait-il pas que je le jette a l'eau? demanda t-elle mélencolique, le regard perdu dans les flots.
Au fond d'elle même, elle connaissait la réponse, même si elle continuait à espérer en recevoir une autre.
- Préviens-moi quand tu veux que je te remplace. souffla t-elle à Eileen.
Ensuite, ils étudièrent la carte avec grand sérieux. À cette allure, ils atteindraient leur but, la ville côtière de Mare-aura, que Zéphyr eut facilité à traduire par Brise-Marinne, dans trois journées environ.
- D'autres informations, capitaine? plaisanta Eileen.
- Il faut que je regarde ce parchemin de plus près... La plupart des indications sont en langue ancienne... Certaines informations sont erronées... Plusieurs noms de villes indiquent que cela date d'une époque ou le lac d'argent était encore considéré comme une mer...
- Tu connais les langues anciennes? Apprendre le Latina est pourtant difficile de nos jours... remarqua Eileen, sans attendre de réponse.
Aussi bien Eileen qu'Elyrya avaient compris que leur compagnon ne parlait pas énormément et ne le souhaitait pas. Il en était même parfois méprisant.
Ce n'est que la nuit tombée qu'Elyrya lui adressa enfin la parole depuis ce qui lui semblait une éternité.
- Merci. lui dit-elle simplement.
- De quoi?
- D'être ici. De ne pas t'être enfuit en courant dans les bois. De ne pas m'avoir abandonnée seule dans la barque. Merci.
Elle regarda les très fins de son visage, sur lesquels se dessina alors un pâle sourire, ce qui constituait pour elle une réponse suffisante.
Le regard perdu dans le vague, Zéphyr ne parvenait pas à s'endormir. Il ne savait que faire. Il devait laisser Elyrya à sa quête, pour avoir une chance de terminer la sienne. Pourtant un instinct enfouit au plus profond de son être lui soufflait de rester auprès de la jeune fille. Au fond de lui, il savait qu'il ne pourrait jamais se pardonner si il arrivait malheur à Elyrya. Il regarda le médaillon, si petit mais qui semblait si lourd autour du coup de sa protectrice. Un médaillon qui s'avérait être bien plus dangereux qu'il ne le laissait paraître...
Sa réflexion fut soudainement interrompue par un cri terrifié de la nymphe.
- Regardez!
Le bras tendu, elle pointait du doigt l'énorme mur d'eau qui fendait sur eux.
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Merci à tous les lecteurs pour vos votes et vos commentaires! Ce chapitre ne me plaît pas plus que ça (je n'aime pas les récits avec un coté "aventurier des mers" même si la majeure partie de ce chapitre est un flashback).
On en apprend un peu plus sur les Phoenix et les motivations de Zéphyr, (même si ce n'est que la partie émergente de l'iceberg que je viens de vous révéler). De prochains personnages principaux vont bientôt apparaître (dont un, mon deuxième chouchou après Zéphyr *-*)
" L'aventure épique" va bientôt commencer, la mise en place est presque terminée!
Sur ce, n'hésitez pas à commenter (même si c'est négatif, du moment que c'est construit, y'a rien de plus instructif!).
Aller, bonne soirée (vu l'heure à laquelle je poste)
Ciào!
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Légendes - Les Royaumes d'Arwen
Fantezie"Ce ruisseau, d'habitude si agité, et dont le coassement des grenouilles s'échappait continuellement, était aussi paisible que le reste de la forêt. Mais comme pour le reste du bois, le danger se cachait partout. Et en s'approchant, on pouvait disti...