Chapitre 1

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Ce matin là, la forêt était calme et paisible. La cime des arbres, baignant dans la lumière du soleil, laissait entrevoir les nuances rosées du ciel. À la moindre brise, les oiseaux, dormant encore sur les branches, se réveillaient et prenaient leur envol, bercés par une douce odeur de fleur. Mais pour quelqu'un d'averti, ce bois pouvait se révéler aussi merveilleux que redoutable. Les empreintes, près du ruisseau appartenaient sans aucun doute à des loups, féroces et agressifs.

Ce ruisseau, d'habitude si agité, et dont le coassement des grenouilles s'échappait continuellement, était aussi paisible que le reste de la forêt. Mais comme pour le reste du bois, le danger se cachait partout. Et en s'approchant, on pouvait distinguer une jeune fille, étendue sur la rive, s'accrochant à son pendentif comme à sa vie.

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Tout semblait brumeux. Le monde était vaporeux, la lumière douloureuse et l'endroit lui était inconnu. Et lorsqu'elle chercha dans sa mémoire, elle ne trouva aucun souvenir. Paniquée, elle tenta de se relever, sans succès. Un objet empêchait sa main de prendre appui. Sa vision encore floue, elle tenta de le détailler de part en part: il ressemblait à une petite boite dorée, sur laquelle étaient gravés en cercle des mots d'une langue inconnue, et d'autres dessins plus compliqués à déchiffrer. Au fur et à mesure qu'elle sortait de son sommeil, les mots lui revenaient et elle parvint à mettre un nom sur le boitier: un médaillon. Et visiblement, elle ne parvenait pas à le lâcher.

Elle releva la tête et observa le lieu dans lequel elle s'était évanouie. Puis, elle détailla son reflet dans le ruisseau. Elle était vêtue d'une tunique ample marron aux manches courtes, de la même couleur que le pantalon dans laquelle son haut était coincé. Ses botes, en cuir noir, remontaient jusqu'en dessous du genou. Elle semblait jeune, seize ans tout au plus, et possédait encore un visage rond et enfantin, qui inspirait l'innocence. Le coeur battant, elle découvrit pour la première fois ses yeux en amandes, de la même couleur que ses cheveux longs ondulés, un miel légèrement roux, semblable à une feuille en automne. La jeune fille contempla ensuite son teint légèrement hâlé, ses lèvres roses et bien dessinées et elle pensa que le mot jolie pouvait lui correspondre, quoique au fond d'elle, elle en doutait. Accroupie, elle voulu se relever, plus calmement, pour observer ses formes. Elle se trouva alors une certaine difficulté à voir de loin, ce qui lui sembla anormal. Mais ce léger défaut ne lui empêcha pas de remarquer l'ombre semblable à la sienne qui l'observait, puis qui commença à s'approcher dangereusement.

La fille fit volte-face. Une sensation désagréable, telle une flamme ardente, se diffusait dans tout son corps. Ses muscles se raidirent, si bien qu'elle était paralysée. Les battements de son coeur résonnaient dans tout son corps. Son regard cherchait désespérément une issue, mais elle ne connaissait pas assez bien la forêt, s'enfuir ne ferait que retarder la confrontation, voir pire, permettre à l'ombre d'avoir un avantage certain de plus. Une vive envie de hurler lui prit, mais elle n'y parvient pas. Immobile, condamnée à affronter le danger, la fille respira, acéra son regard tel des lames avant un combat.

L'ombre avança jusque dans la lumière et révéla alors son visage: celui d'un homme, jeune mais sévère, de longs cheveux argentés attachés en tresse dans son dos. Mais ce qui frappa la jeune femme, c'est l'objet qu'il tenait devant lui, bras tendus. "Un arc" pensa la fille. Son sang ne fit qu'un tour. Sa mémoire revenait peu à peu, et elle se souvint de ce que l'on appelle "paniquer". Son coeur qui bat, son corps parcouru par une vive chaleur... L'homme était armé. Une arme avait un but bien précis. Et oubliant les recommandations qu'elle s'était faites plus tôt, elle s'enfuit vers les arbres.

Légendes - Les Royaumes d'ArwenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant