Chapitre 3

448 38 4
                                        

Tirant de toutes ses forces, il réussi à hisser la jeune fille hors de l'eau. Se tenant pour responsable du comportement effrayé de cette dernière, il se sentait dans l'obligation de l'aider. Pourtant, la faire fuir n'était pas dans ses intentions. Prudent et toujours sur ses gardes, il guettait le moindre bruit suspect lorsqu'il croisa son chemin.

Épuisé après avoir remonté le corps de la fille à la surface, il l'amena sous l'arbre le plus proche, couchant sa tête sur de la mousse pour lui assurer un certain confort. Puis il se hâta à la fabrication d'une attelle pour la jambe gauche de la jeune femme, faite de morceaux de bois et de la corde de rechange de son arc. Sa cheville, enflée et rougie était sûrement foulée, voir pire. Mais par chance, cela semblait être l'unique blessure résultant de sa chute. Il attrapa ensuite son poignet pour prendre son pouls. La main de la fille agrippait encore fermement l'objet pour lequel elle avait manqué de perdre la vie. Cet étrange médaillon... L'inconnu voulu l'observer, mais il avait l'impression que le boîtier était la seule chose qui la retenait en vie.

____________________

Elle le poussa avec une telle force qu'il manqua de perdre l'équilibre. Heureusement pour elle, c'était un combattant aguerri, et lorsqu'il la vit plonger, il n'hésita pas à la suivre. Cette fille était complètement perdue, cela se lisait clairement dans son regard. Aussi rapide que le vent, l'inconnu posa son arc, son carquois et plongea en une arabesque aussi élégante que réfléchie.

Comme il l'avait prévu, la chute ne fut pas sans conséquence pour la fille. Évanouie, bercée par le courant et s'enfonçant dans des eaux de plus en plus profondes, elle n'allait pas tarder à se noyer. Une fois dans l'eau, le jeune homme prit une grande inspiration et nagea jusqu'à rattraper le bras de la jeune femme, avant d'atteindre une berge quelque mètres plus loin. "Aussi rapide que le vent" se dit-il, à bout de souffle. Décidément, Zéphyr portait bien son nom.

____________________

La fille continuait, inconsciente, à prononcer des paroles incompréhensibles. Zéphyr regardait d'un air inquiet le soleil couchant, annonçant le début d'une nuit froide et pleine de danger. Regrettant d'avoir abandonné son arc plus tôt de peur de se blesser avec en plongeant, il enleva la ceinture qu'il avait à la taille et fit l'inventaire de ce qu'il possédait: deux couteaux de chasse, une gourde remplie au préalable dans le fleuve, sa bourse dont les toutes pièces étaient tombées dans la rivière et son carnet, où chaque jour, à l'aide d'un morceau de graphite, il y notait ce qui lui passait par la tête. Entre ça et une fillette comateuse et estropiée, ils ne tiendraient pas longtemps face au danger.

La nuit était installée. Le chant des oiseaux avait fait place au hululement des chouettes, et un vent glacé soufflait sur la berge. Zéphyr avait étudie le lieu de leur camp de fortune. À découvert et facile d'accès, il n'y avait plus aucune trace du ravin, ce qui n'était pas forcément une bonne chose. En effet, cet endroit était une source d'eau importante pour tous les animaux de la forêt: le sol était constellé d'empreintes. Mais les créatures que redoutait le plus Zéphyr étaient sans aucun doute les loups, extrêmement dangereux en cette région du nord d'Arwen.

Zéphyr s'approcha de la jeune femme. Toujours endormie, ses joues avaient récupéré leur couleur: ce court instant de repos lui avait fait le plus grand bien. "Mais lorsqu'elle se réveillera, si elle se réveille, songea Zéphyr, il faudra fuir et trouver de quoi manger". Il regrettait de ne pas connaitre les runes antiques, permettant de guérir n'importe quelle blessure. Mais durant ses jeunes années, il n'avait rien apprit de tel. Il murmura alors des paroles apaisantes à la jeune fille. Un frisson sembla alors la parcourir et tandis que ses cils battirent à nouveau, les premiers hurlements de loup retentirent.

____________________

Mon nom, se répétait-elle avant de sortir définitivement de son rêve, Mon n...

Secouée brutalement, la fille sorti enfin de sa somnolence. Se rappelant de ce que lui avait dit la femme en robe, elle vérifia qu'elle avait toujours son médaillon dans sa main, avant de voir le visage de l'inconnu penché sur elle. Affolée, la jeune fille tenta de se relever et ressenti à nouveau cette douleur ardente le long de sa jambe gauche, qui l'immobilisa aussitôt.

- Calme toi! Tu t'es blessée en sautant dans le gouffre. Tiens, bois, termina Zéphyr en lui offrant sa gourde, ce que la fille accepta aussitôt, sans même se poser de questions.

Ce dernier voulait avant tout la mettre en confiance. Lui annoncer le danger maintenant ne ferais qu'aggraver les choses. De toute manière, une fois la nuit passée, ils repartiraient chacun de leur coté.

- Ne t'inquiète pas. Je suis désolé de t'avoir effrayée, tout à l'heure. Ce n'était qu'un malentendu. Je m'appelle Zéphyr.

Elle dévisagea le prétendu Zéphyr. Tout était confus dans sa tête. Après ce rêve si criant de vérité, elle avait du mal à distinguer la réalité du songe. Mais la dernière chose dont elle se souvenait avant de sombrer dans le sommeil, c'était ce bruit sourd, et cette main qui attrapait son bras. Et bien qu'il était encore difficile pour elle de le croire, il fallait qu'elle se rende à l'évidence: il lui avait sauvé la vie.

- Je... Je n'ai plus aucun souvenir de ma vie d'avant... Mon nom...

- Chut... Écoute, on en reparlera plus tard...

- Je m'appelle... Mon nom... C'est Elyrya...

Et soudainement, les cris des loups retentirent à nouveau, plus proches et plus féroces que jamais.

Légendes - Les Royaumes d'ArwenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant