Chapitre 13

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     S'accrochant mystérieusement à la main du syrenn, Eileen ne pouvait cesser de contempler la vue depuis la falaise. Depuis un point bien plus haut qu'à Brumes-Levantes, le lac, semblable à un océan infini, reflétait le moindre rayon de lumière. Les vagues entamaient une danse dangereuse, sauvage, enchanteresse. L'horizon paraissait si proche qu'Eileen hésitat à lever sa main pour tenter de le toucher.

- J'aimerais bien savoir ce qu'une nymphe fait ici, aussi loin de chez elle. On dit qu'éloignée de son élément trop longtemps, elle se meurt... commença Arès.

Eileen resta stoïque.

- On se croirait au sommet du monde, n'est-ce pas? déclara t-il, remarquant le manque de réaction de la nymphe, le regard brûlant d'ardeur et de conviction.

     Eileen le dévisagea le plus discrètement possible. Pour elle, comme pour tout Arwen, lessyrenns n'étaient pas connus pour leur grande... Hospitalité. Mais plutôt pour leur armée défensive, dont la seule parcelle visible était uniquement composée de femmes volant au dessus des eaux. Rares sont ceux à avoir franchi la falaise, et l'organisation intérieure de ce peuple restait un mystère. Mais il y avait autre chose. Cet homme ne ressemblait en aucun point aux colosses armés qui la retenaient en otage, et encore moins aux créatures "cauchemardesques" dépeintes par les nymphes.

- J'ai depuis longtemps cherché le sommet du monde. J'ai dépassé les nuages, jusqu'à atteindre le pic de la falaise, là où le regard perçoit l'immensité du monde. Mais si tu veux mon avis, le ciel est infini, et pouvoir voler peut paraître bien inutile. Et pourtant, je ne pourrais vivre sans cela.

- Pourquoi me parlez-vous de cela? répliqua la nymphe, se forçant à garder un ton dédaigneux.

- Pour ne pas que tu prennes peur lorsque je vais faire ça. Je veux te montrer que nous ne sommes pas que des monstres.

    En une fraction de seconde, l'homme déploya une magnifique paire d'ailes, blanche comme de la neige... Exceptés les nombreux ornements de métal incrustés dans les plumes. De toutes parts, les ailes étaient recouvertes de plaques noires argentées, se mêlant parfaitement au plumage des ailes. Une armure. Ce qu'Eileen redoutait le plus. De nombreuses légendes contaient l'histoire de créatures qui auraient osées défier la nature en transformant leur corps contre la volonté de celle-ci. Des créatures aux ailes de métal. Si les livres disaient vrai, le métal solidifiait l'armature des ailes, et attaignait même la colonne vertébrale.

- Ce n'est pas quelque chose de facile à accepter pour nous non plus... Mais sans cela nous perdrions nos ailes au bout de quelques décennies. Nous perdrions tout, en somme. Vous, les nymphes, n'avez jamais eu ce problème, vous gardez votre élément toute votre vie et vous mourrez avec. expliqua le guerrier, une pointe de tristesse dans la voix.

- Cela n'excuse pas tout. répondit sèchement Eileen, tentée de lui hurler sa différence par rapport aux autres nymphes au visage.

Un bruit de verre brisé retentit

- Général ! L'invitée de marque vient de se réveiller!

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    Elyrya ouvrit les yeux. Le regard brumeux, et les sens engourdis, elle se raccrocha à son seul repère, le médaillon. La sensation des gravures dorées commençait à se définir sous ses doigts. Elle sentait de nouveau le poids de la chaîne autour de son cou. Ainsi qu'une main posée sur la sienne, essayant de défaire le précieux artéfact de son emprise. Ni une ni deux, elle se releva, chancelante.

- Elle se lève! Attention!

- Ne t'inquiète pas, elle n'est pas armée!

- Peut être mais les ordres sont clairs: interdit d'utiliser la force contre elle.

Légendes - Les Royaumes d'ArwenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant