La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )

Chapitre 4

Elle inspira, se força à maîtriser sa respiration mais ça lui était impossible. Le doute n'était plus permis quand ses yeux perçants et sévères se levèrent sur eux. Dans la pénombre, dans cette nuit d'orage, il lui avait paru impressionnant mais elle était loin de la vérité.

Une vérité bien plus terrifiante.

Il était grand, les épaules larges et sculptées de reliefs laissant imaginer ses muscles sous ce pull. Des épaules qu'elle avait touché à la pointe de la naissance de ses doigts. Jane déglutit en fixant son visage sévère là où pas une mais deux cicatrices zébraient son visage. Celle qu'elle avait entraperçut dans la pénombre guidée par les éclairs et une autre qui traversait la moitié droite de son visage, allant finir sa trajectoire dans la commissure de ses lèvres plissés du dureté. Ses mâchoires carrées à l'illusion d'être fait d'acier mettait un point final à cette effrayante description.

Et malgré tout, les aspects terrifiants de son visage le rendait incroyablement séduisant mais la sévérité implacable qui coulaient dans chacun de ses traits ciselés le rendait naturellement cruel.

Jane était au bord du malaise, des petits points noirs dansaient devant ses yeux, alors que Madeleine avait posé une main dans son dos, sans doute pour lui imposer de reprendre ses esprits.

La respiration lourde, elle baissa les yeux, incapable de supporter la froideur qui émanait de cet homme avec lequel Jane avait passé sa première nuit. Une nuit qui avait bousculé son univers tout entier. Une nuit qu'elle ne parvenait pas à effacer de sa mémoire et qui avait eu des conséquences irréversibles.

Elle ferma les yeux et aussitôt cette petite voix qui avait tenté de la prévenir cette nuit-là prit un malin plaisir à envahir son esprit de flashbacks.

Le cœur frappant ses tempes elle songea au bébé qu'elle portait.

Le sien.

L'expression de son visage si tenté qu'elle puisse la cacher laissait entrevoir une angoisse qui l'empêchait de respirer. Pourtant Jane devait à tout prix se reprendre. Il le fallait, seulement le choc était trop violent et son cœur qui frappait ses tempes savait que ce n'était que le début.

Elle tentait désespérément de relever la tête mais un poids lourd l'en empêchait.

Soudain elle entendit des pas se rapprocher et elle n'eut d'autre choix que de relever la tête. Elle priait de toute son âme pour qu'il ne la reconnaisse pas.

Jane trouva le courage de reposer son regard sur l'homme et croisa un regard sévère. Elle baissa aussitôt les yeux alors que des frissons glaciales couraient sur son visage jusqu'à l'engourdir.

- Messieurs, mesdames, je tenais à vous présenter le cheikh Al-Nashrar, annonça Walter Lancaster après s'être raclé la gorge. Il séjournera dans son domaine aussi longtemps qu'il lui plaira. Vous serez amené à ne pas changer vos habitudes seulement si cela devait déplaire à la son Altesse.

Altesse...

À ce mot, Jane cilla discrètement dans l'espoir que personne n'ait pu le voir.

Le hall était glacial, comme si le manoir s'était conformé à son maître et ce jusqu'à son départ.

- En effet, lança cette voix rocailleuse et sombre qu'elle aurait reconnu entre mille. Ne changez pas votre façon de travailler sauf si ça vous est ordonné. Si vous avez des demandes à me formuler adressez-vous à Charik mon bras droit.

Jane releva difficilement les yeux et le vit en train de passer le personnel en revue. Ses yeux sévères semblaient à l'affût du moindre détail. Elle détourna les yeux sur le fameux bras droit et découvrir un homme du même âge que Walter Lancaster, les traits un peu plus doux que son patron.