Jane étouffa un cri mais réalisa que ce n'était pas elle qui l'avait voulu, mais plutôt la douleur qui lui avait rompue la voix. La lanterne vacilla et l'allumette lui fut arrachée de la main en une fraction de seconde. Elle fut forcée de se retourner et tout ce qu'elle vit, c'est une silhouette massive devant elle, se fondant dans l'obscurité jusqu'à ce le faisceau d'un éclair se pose sur son visage. Jane ne dissimula pas sa peur, au contraire elle l'exposa à l'inconnu afin de se donner une chance qu'il la relâche.
Sa prise sur son poignet ne se desserra pas et elle constata avec effroi qu'il respirait sourdement.
Coincée contre la cheminée, Jane déglutit, l'air effrayé tandis que le visage de l'homme lui était présenté par des flashs incessants et l'un d'entre eux plus long que les autres lui permit de déceler une barbe noire fendue par un trait épais et lisse, comme une cicatrice barrant sa bouche dissimulée par cette noirceur virile.
Ses yeux lui virent ensuite, d'un noir pur souligné par des épais sourcils.
- Qui vous a autorisé à rentrer ici ?
Sa voix était comme un ruissellement menaçant venant des tréfonds de sa gorge. Effrayante et glaçante.
- Je...suis...je fais partie du personnel et on m'a demandé de passer dans les suites pour allumer...
- Je n'ai pas besoin de bougies, trancha-t-il sans la laisser poursuivre. Je suis très bien dans le noir.
Glacée jusqu'à son sang, Jane avait l'impression d'entendre l'écho de sa voix éraillée par la peur résonner à son oreille.
C'était peut-être mieux pour elle que sa voix reste fragile, mais surtout elle devait tout faire pour apaiser la tension avant qu'elle soit envoyée à la direction.
- Je l'ignorai, pardonnez-moi pour le dérangement, je...
Le tonnerre la coupa dans sa défense et elle sursauta en tournant la tête vers la fenêtre. Son cœur battait si vite que cela en devenait douloureux. Elle entendait sa propre respiration s'accélérer mais sentit aussi les doigts du client lâcher son poignet.
Jane le récupéra pour le masser dans la pénombre, cherchant en vain un moyen de contourner la stature massive de l'homme qui lui bloquait le passage.
Il ne bougea pas, alors que sa large carrure l'empêchait de visualiser la sortie en plus de l'obscurité.
- Vous avez peur de l'orage n'est-ce pas ? Lança-t-il sur un ton toujours sombre.
- Qui aime ça, répondit-elle sans se racler la gorge pour laisser sa teinte de voix éraillée.
- Moi, dit-il en même temps que le grondement du tonnerre.
Jane releva lentement la tête et remonta ses yeux le long de cette silhouette en faisant le constat inquiétant qu'il était terriblement grand alors qu'un parfum épicé flottait dans cette atmosphère si étrange.
Les éclairs étaient vifs mais pas suffisamment pour lui donner un aperçu net sur son identité et elle priait pour que cela soit de même pour elle.
Soudain elle eut l'impression que l'étau se resserrait autour d'elle alors qu'elle avait les deux mains fermés en poings ramenées contre sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration erratique.
- Il faut que...
Le craquement du tonnerre lui coupa à nouveau la voix comme si les deux piliers de la peur qu'elle ressentait en cet instant s'étaient rassemblés pour ne faire plus qu'un.
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La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )
RomanceLors d'une nuit de tempête, dans l'hôtel où elle travaille temporairement, Jane Wild se laisse emporter dans une nuit de passion avec un inconnu dans l'obscurité. Réalisant trop tard son erreur, Jane prend la fuite avant que le levé du jour dévoile...