La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )

Chapitre 12

Jane essuya ses mains moites pour la énième fois sur sa chemise de nuit en coton, embarrassée d'être vêtue ainsi avant qu'une violente rougeur entame son visage au souvenir de son corps dévêtu contre le sien. Une pensée obsédait son esprit, celle qui sans cesse lui faisait se demander s'il pensait à cette nuit-là ou si au contraire elle n'était qu'une autre empreinte sur un tableau de chasse qu'elle devinait pourvu de prénoms autre que celui d'une vulgaire femme de ménage.

Toute tremblante, elle entra dans sa chambre et esquiva son regard qui s'était aussitôt levé sur elle.

Cela faisait bientôt une heure qu'il était là, dans son espace personnel en train de monter le lit de son...enfant.

Une nausée saisit sa gorge et une profonde culpabilité lui fit battre le cœur plus vite qu'elle l'aurait voulu.

Jane avait envie de lui hurler qu'elle était la fille avec qui il avait passé la nuit et que dans ce moment d'égarement, un enfant avait pris vie mais chaque fois qu'elle plongeait son regard dans le sien elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer.

Son visage aussi dur que du granit, et la froideur qui émanait de lui l'empêchait de lui révéler son secret.

De plus Jane était réaliste et avait suffisamment les pieds sur terre pour comprendre qu'elle ne pourrait rien tirer de cette situation si jamais il apprenait la vérité.

C'était un roi, avec des responsabilités et une réputation à entretenir. Il avait plus de trente ans, et sans doute des projets d'épouser une femme de son rang pour concevoir l'avenir de sa lignée.

Elle n'était rien d'autre qu'une pauvre jeune femme de vingt-trois ans au passé terrible et qui avait usurpé l'identité de son amie pour lui rendre service. Si jamais cet homme au regard sévère et impérieux venait à savoir son secret il mettrait sans doute tout en œuvre pour la réduire au silence afin que personne ne sache pour elle et cet enfant illégitime.

Jane se ressaisit, convaincue d'avoir pris la bonne décision mais elle était cependant désireuse d'en apprendre plus sur lui. Elle ignorait tout sur cet homme à qui elle avait donné son corps, son âme, et son innocence parce qu'elle avait éprouvé dans ses bras bien plus qu'elle ne l'aurait imaginée avant d'être frappée par la désillusion.

- Vous êtes sûr que vous ne voulez rien ? Demanda-t-elle en restant près de l'embrasure de la fenêtre.

- Peut-être quand j'aurai fini, répondit-il en se levant pour achever le dernier côté du lit.

Secrètement émue de voir le lit de son bébé prendre forme, elle eut du mal à dissimuler ses émotions.

- Merci infiniment pour votre aide, murmura-t-elle en serrant la tasse de thé dans ses mains fébriles.

- Ce n'est rien, au contraire, cela me permet de songer à autre chose que le travail et d'innombrables autres problèmes.

Jane se pinça les lèvres en suivant la ligne veineuse qui courait sur son avant-bras viril jusqu'au haut de sa main calleuse.

- Vous avez des enfants ? Demanda-t-elle si vite qu'il releva la tête pour l'affliger d'un regard étrange qu'elle tenta de surmonter.

- Non, je n'ai pas d'enfant, dit-il sur un ton abrupt en reportant son attention sur le lit.

- Vous...ne songeait pas à en avoir avec votre femme ? Insista-t-elle en prenant le risque d'être envoyée sur les roses.

Dénué de la moindre expression, il releva à nouveau la tête pour la toiser de la tête aux pieds.