La captive du désert ( L'enfant secret du cheikh )

Chapitre 3

5 mois plus tard :

- Vous n'avez rien à vous reprocher Jane.

Elle s'arracha de force à ses pensées pour revenir à la réalité.

Sophie Chapman sa psychologue depuis qu'elle était enfant arborait un sourire de compassion qui lui donna un haut-le-cœur.

- Pourquoi vous n'arrêtez pas de me dire ça ? Lui demanda-t-elle en tirant sur le fil de son pull comme un tic nerveux.

- N'est-ce pas ce que vous voulez entendre depuis des mois maintenant ? Répondit la psychologue en retirant ses lunettes pour les poser sur la tablette. Jane, vous n'avez rien fait de mal, il est temps pour vous de tourner la page.

- J'essaye de tourner la page, j'essaye sans cesse de me convaincre que je n'ai rien fait de mal, mais...

Jane secoua la tête d'un air désespéré et coupable.

- Ça ne me ressemble pas, acheva-t-elle en baissant les yeux.

Les séances avec Sophie Chapman étaient censé l'apaiser mais depuis plusieurs mois c'était tout l'inverse qui se produisait.

- Vous êtes une jeune femme qui a eu une enfance extrêmement difficile et vous avez passé ces dernières années à bâtir une forteresse autour de vous pour vous protéger, commença-t-elle en gardant cette même intonation de voix apaisante. Hélas Jane vous êtes comme n'importe quelle autre femme. Il arrive parfois que des moments précis de notre vie nous poussent à défier nos limites imposées, nos envies secrètes, nos pensées. Vous n'êtes pas la seule à qui ça arrive.

Jane eut un rire sans joie tout en se levant pour arpenter le bureau.

- J'ai usurpé l'identité de mon amie qui m'a demandé de la remplacer et j'ai couché avec un client de l'hôtel, qui plus est celui qui se trouvait dans la suite Royale. Je doute fortement que cette situation arrive à beaucoup de femmes, docteur Chapman.

- Vous seriez surprise de ce que j'ai pu entendre dans ma longue carrière Jane, répondit-elle en refermant son calepin.

- Et c'est censé me rassurer ? S'enquit Jane en se cessant d'arpenter le bureau, alors qu'une montée d'angoisses était en train de la submerger.

- Non, juste de vous prouvez que vous n'avez rien fait de mal. Vous, vous êtes laissé emporté par un moment d'égarement et laissez tenter par la découverte du désir avec cet inconnu.

Toutefois le docteur Chapman oubliait un détail essentiel à l'histoire et il résidait dans son ventre. Jane tentait désespérément de se blâmer depuis des mois par peur d'affronter la réalité. Cette nuit où toute sa vie avait basculé l'avait irrémédiablement changé. Elle s'était laissée happer par l'ivresse et la découverte de la sexualité, mais pas seulement.

Quelque chose de mystérieux s'était produit cette nuit-là et ce mystère concernait essentiellement la réaction troublante de cet homme. Sa façon de lui faire l'amour avait été l'un des faits les plus troublant. Jane se souvenait de ses coups de reins féroces et d'une possessivité proche du désespoir, comme s'il avait essayé de lutter contre un démon intérieur qui voulait sans cesse se manifester pendant qu'il lui faisait l'amour.

Jane avait aimé chaque détail de cette nuit-là, et pouvait encore sentir sur sa peau les frissons d'excitation qui l'avaient parcouru ou encore entendre les puissants râles de l'inconnu. Seulement Jane avait dû très vite s'arracher à ce moment figé dans le temps pour réaliser les conséquences de cette folie. Alors avant qu'il ne soit trop tard, Jane avait quitté le lit de l'homme mystérieux quand ce dernier s'était endormi. Elle s'était enfuie, à moitié nue dans un élan de panique, profitant de la perte de courant pour fuir l'hôtel. Elle s'était retrouvée dans les rues de Londres, à quatre heures du matin, les jambes fébriles et encore douloureuses, le chignon défait, les lèvres imprégnées des baisers de l'inconnu. Elle s'était abandonnée à lui, elle lui avant donné sa virginité mais n'éprouvait aucun regret car elle s'était sentie plus vivante que jamais dans ses bras. Elle s'était sentie protégée et l'obscurité l'avait aidé à surmonter sa timidité.