Max Verstappen/Daniel Ricciardo
Saison 2019
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Max savait que son enfance n'avait pas été idéale, que son père ne lui avait pas tout appris, que les notions d'émotions, de relation ne se mariaient pas avec la Formule 1 -son père le lui avait bien fait comprendre à l'aide d'un panel de mots rudes et de coups les mauvais jours- mais rien ne l'avait préparé à ce qu'il ressentait à présent.
Ses émotions s'étaient révélées à lui sans qu'il ne s'y attende, un sourire un peu trop lumineux, des yeux un peu trop pétillants et rien n'allait plus.
Il avait suffi qu'il sorte avant Daniel de sa monoplace et qu'il le regarde en sortir à son tour pour que toutes ses fondations émotionnelles soient balayées par une irrésistible envie de fourrer ses doigts dans ses boucles désordonnés pour le tirer à lui et l'embrasser.
Dès lors, il avait su qu'il était foutu.
Il le savait pourtant, le jour où il avait intégré l'écurie RedBull et où on lui avait présenté son coéquipier, il avait su avec certitude que rien n'irait plus jamais bien.
Et il avait raison.
Daniel avait des yeux trop profonds et des boucles trop brunes pour son propre bien et pire que tout, il était extrêmement conscient de l'effet qu'il avait sur lui.
Il en jouait, souvent.
Prenant un malin plaisir à flirter avec lui sans le laisser espérer plus.
Ça le tuait mais il n'avait rien fait pour l'arrêter. Parce que c'était au-dessus de ses forces.
Puis Daniel était parti et c'était devenu pire. Rien n'avait changé mais tout était différent.
Il ressentait toujours la même chose mais l'autre s'éloignait et ne semblait plus se soucier de lui.
Il avait l'impression de le perdre et ça lui faisait mal. Tout le temps. Il avait mal et ne savait pas quoi faire pour que ça s'arrête et que tout redevienne comme avant.
Les semaines passaient et lui, il les regardait passées, sans rien faire. Il se défonçait à la course pour tout oublier et détournait les yeux quand il remarquait la silhouette aux couleurs Renault dans le paddock.
Et un jour, il était revenu. Daniel était revenu.
Différemment, c'était plus timide, plus hésitant mais tout aussi agréable.
Max s'était mis à rechercher sa compagnie plutôt qu'à l'éviter continuellement.
Ils redevenaient peu à peu ce qu'ils avaient été mais sans être tout à fait les mêmes.
Sans qu'il ne s'en aperçoive, c'était devenu sérieux. Alors Daniel aussi était devenu sérieux. Plus entreprenant, il le poussait toujours plus loin, plus proche de ses limites attendant qu'il les dépasse par lui-même.
Il n'y arrivait pas, ce qui l'attendait de l'autre côté, l'effrayait et nihilisait ce dont il avait réellement envie.
Comme à cet instant alors que Max était accoudé au bar de cette boîte de nuit que les directeurs d'écurie avaient choisi pour fêter la fin de la saison, incapable de détacher ses yeux du corps de l'australien en train de danser sur la piste.
Il était tenté de se glisser derrière lui, de calquer ses mouvements aux siens et de laisser ses mains découvrir ce torse parfaitement moulé dans une chemise blanche à moitié ouverte et consciencieusement choisie par son propriétaire.