Chapitre 15. Solution.

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Point de vue de Lucy, 23 octobre 2010:

J'attendais, nerveuse, dans ma chambre. Nous n'avions pas prévenu les médecins de cette rencontre pour ne pas qu'ils l'interdisent. J'avais assez peur pour tout dire. Je ne savais pas comment j'allais réagir en voyant ses yeux bleus, tout ce que je sais c'est qu'il n'y aura que ça pour me faire avancer. Je ne m'imagine pas convulser en pleine rue parce qu'une personne avec des yeux bleus est passé à côté de moi. Je dois battre ce traumatisme. Et comme on dit qu'on combat le feu par le feu, pourquoi pas le mal par le mal?

Je regardai l'heure sur le portable que ma mère m'avait acheté, le même que celui d'Harry. Je pouvais au moins parler aux personnes dont j'étais proche tout le temps et prévenir en cas de problèmes. 10H36. Ils devraient dans pas longtemps... Mon portable vibra:

De Hazza à Lucy:

On arrive dans cinq minutes, ça va?

De Lucy à Hazza:

Oui, je stresse mais j'espère que tout va bien se terminer... :/

De Hazza à Lucy:

Oui, ne t'inquiètes pas, je resterai près de toi si tu veux. Xx

De Lucy à Hazza:

Oui, merci Hazz'! Si je sens que je pourrais rester seule avec lui, ça te gênera pas de sortir de la chambre quelques minutes?

De Hazza à Lucy:

Pas de problème, tu gères la situation comme tu veux, mais n'oublie pas que si ça ne va pas, je serai juste à côté. Je ne m'éloignerai pas de la chambre. Essaie d'être calme et ne te concentre pas sur son visage au début si tu te sens mal. On est à l'acceuil. A toute de suite ma puce.

Je ne pris pas la peine de répondre. Je me concentrai plus sur ma respiration. J'inspirai et expirai lentement, me chuchotai des mots pour me rassurer. Ca doit bien se passer, ca vaa bien se passer. Harry sera là, je suis dans un hôpital, rien ne peut m'arriver. Ca va aller, je vais aller mieux.

Quelqu'un toqua à la porte, je devinai que c'était Harry accompagné de lui. J'expirai une nouvelle fois avant de prononcer, assez faiblement:

"-Entrez...

-Coucou ça va?

-Oui Hazz'. Eum... Où est-il?"

Après avoir prononcé ses derniers mots, il rentra dans la chambre, tête baissé. Je le regardai du coin de l'oeil et de nouveau de danger intense parcouru mon corps entier lui donnant la chair de poule. Je lançai à Harry un regard effrayé. Et je ne le remercierai jamais de me connaître aussi bien. Il me rejoignit rapidement, s'asseyant sur une chaise et prenant une de mes mains. Son regard se posa sur moi. Je vis cette lueur de protection, d'assurance et d'encouragement. Je relevai donc un minimum ma tête renforçant la prise de ma main dans celle d'Harry. Je pris timidement la parole:

"-Bonjour..

-Salut, hum. Je sais pas trop quoi dire, déjà que je suis désolé.

-Tu vois que tu sais quoi dire. Ensuite? Pourquoi t'as fait ça Niall? Ca te servait à quoi de frapper une fille de 10 ans?

-J'avais 12 ans, j'étais con et je voulais tout le monde a mes pieds, les filles jalousaient ta relation avec Harry et les garçons le haïssaient car ils te voulaient. Tu étais le centre d'attention de toute l'école, tout ce que j'aurai aimé être mais tu m'as tout pris."

Je le regardai maintenant attentivement, il avait toujours la tête baissé et les poings sérrés. Il n'était pas honnête, la présence d'Harry le forçait à mentir. Je lui dis à voix basse de me laisser seule avec lui, il me rassura et me dit à l'oreille que tout allait bien se passer. Avant de quitter la chambre, il dit à Niall de mettre ses lunettes de soleil. Je compris qu'il ne savait pas quoi faire mais Harry insista alors il ne chercha pas plus loin et obéït. La porte se referma doucment me laissant seul avec celui qui m'a enlevé plus de six de ma vie. Je soufflai un bon coup et relevai la tête. Je voulais l'affronter, ne pas lui donner l'impression d'être faible, ne pas lui donner l'espoir que ce qu'il m'a fait, m'a traumatisé. "Je n'ai pas peur de lui!" ne cessait de se répéter dans ma tête et la colère me donnait le courage. Je regardais droit dans ses lunettes, voulant lui faire comprendre à quel point je le déteste, à quel point je lui en veux de m'avoir privé de mon adolescence, à quel point c'est un enfoiré. La rage a prit place dans mon corps et me fait dire, un peu plus dur que je ne le pensais:

"-Pourquoi tu mens? T'as peur de quoi? D'assumer ce que t'as fait?

-Je.. ne.. Je ne mens pas.

-C'est pas que je te crois pas mais presque. Dis-moi la vérité maintenant.

-Tu sais les gars qui te voulaient, et ben j'en faisais partie...

-Cool, la suite."

Oui, j'étais très énervée et sans pitié. Je ne fais que lui rendre la pareille.

"-Depuis le début du primaire tu m'avais fait t'aimer, c'était une petite amourette d'enfance mais je te voulais vraiment, j'avais un caractère très possessif à mon âge et j'étais surtout une grosse brute. Tout me plaisait chez toi, tes bouclettes blondes, tes yeux verts et pour couronner le tout ta popularité. Je me disais que si je t'avais, ma popularité ne ferait qu'augmenter. Mais un jour, Harry est arrivé... Il a bousculé tous mes plans et je comprenais enfin pourquoi tu étais inaccessible. Tu l'aimais ça se voyait tellement. Même s'il pleuvait, tu souriais parce que tu savais que tu allais passé la journée avec lui. A seulement dix ans, vous vous comportiez comme deux âmes-soeurs. L'un était malade, l'autre était mort d'inquiétude. J'étais jaloux de cette complicité, je voulais sa place alors je me suis dit que je devais le mettre de mon côté, le retourner contre toi. Il était ton point faible et ton point fort en même temps. Alors j'ai demandé à tous les élèves de ne pas lui parler, de l'ignorer. Je l'ai ensuite pris sous mon aile en lui disant que c'était son couple qui l'effaçait du monde mais rien ne fonctionnait, tu t'accrochais à lui et lui à toi. Je ne supportais plus de le voir près de toi, ça devait être moi à sa place! Je suis sorti de mes gonds. C'était la période de ma vie où j'étais en refus que rien ne se passe comme je l'avais choisi. Si je disais quelque chose, ça devait être fait. Alors je suis venu te voir, je t'ai gifflé mais il a fallu que t'es ta putain de fierté pour répondre. La rage est monté en moi et je voulais te faire taire, je voulais prouver que rien ni personne ne devait me contredire. Tu as fait ressortir le pire de moi à ce moment."

Je sentais que je devais le laisser continuer à parler alors je me tus et attendis qu'il parle, ce qu'il fit:

"-Après que tu ais été emené à l'hôpital, l'école m'a viré et les assitants sociaux m'ont placé dans un centre pour mineurs pendant quelques mois. Durant tout ce temps, j'ai réfléchi et je m'en suis voulu. Je n'avais pas de nouvelles de toi. Je ne savais pas ce que tu étais devenue mais lorsque je suis sorti, je suis retourné à l'école grâce à un papier du centre qui disait que j'étais "guéri"... Je suis passé en sixième et par manque de chance, je me suis retrouvé avec Harry. Dès qu'il m'a vu, il s'est jeté sur moi en me disant que je t'avais tué, que t'étais dans le coma et que tout était de ma faute. Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai vraiment réalisé ce que j'avais fait, que ce que j'étais devenu n'était rien, que personne ne voudrait d'un monstre alors je me suis écroulé sur le sol en te suppliant de me pardonner pour tout le mal que je t'ai fait. Je suis rentré dans une sorte de crise, j'hurlais, je pleurais. Le prof est arrivé et a demandé à Harry de m'emener à l'infirmerie. Il le fit sans trop de joie. Il m'a laissé sur le lit, s'est tourné vers la porte et avant de la fermer, il me dit, toujours dos à moi: "Je ne te souhaite même pas de mourir, tu mérites de vivre avec sa mort sur la conscience si ça tourne mal." Puis il est parti me laissant seul avec mes pensées et mes regrets."

Je ne savais pas trop quoi dire. Harry ne m'avait pas raconté la suite. Puis les mots sortirent seuls de ma bouche:

"-Enlève tes lunettes."

Vers l'éternité.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant