Vers l'éternité.

Chapitre 14. Révélation.

Point de vue de Lucy:

"-Que c'est-il passé hier?"

J'avais espéré, vraiment, du plus fort de mon coeur qu'il ne me pose pas de questions. Pour qu'une fois, il ne soit pas curieux ou inquiet pour moi mais rien à faire. Je comprends tout à fait qu'il puisse s'inquiéter pour moi, surtout après avoir vu mon corps convulser. Le problème avec cette question c'était que je n'étais pas prête à en parler. J'avais trop peur que mes doutes se confirment.

"-Je ne sais pas, je me rappelle juste avoir vu l'autre garçon avec toi entrer mais rien de plus."

Je mens.

"-Ah, lui c'est Louis, mon meilleur ami. C'est lui qui m'a tiré des pattes de Niall à ma rentrée de CM2, la rentrée juste après que tu sois tombée dans le coma. Je lui dois vraiment tout ce que j'ai et suis devenu maintenant.

-Donc tu tiens vraiment à lui.

-Oui, énorm-

-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé aux mains?!

-Oh, c'est rien, je...suis tombé.

-Tu sais pas mentir Harry.

-Je... j'ai... comment dire. Quand les médecins m'ont dit que tu allais mieux après ta crise et que tu dormais, je... je sais pas. Je me suis mis en colère, puis j'ai été soulagé et j'ai un peu frappé le mur du couloir."

Il dit ça avec une moue attristé et innocente sur le visage, comme un petit de quatre ans après avoir fait une bêtise.

"-Harry tu as le droit d'évacuer de temps mais essaie de parler ou va dans une salle de sport au lieu de te défoncer les poings sur le mur, d'un hôpital qui plus est!

-Je sais, désolé."

Un silence gênant s'installa entre nous. Je ne savais plus quoi dire ni quoi faire pour qu'on soit bien tous les deux. Comme les premiers jours après mon réveil, mais j'aurais aimé qu'il soit entreprenant, qu'il me fasse des compliments ou qu'il m'apprenne les choses qui ont changés depuis que je me suis endormie, qu'il me raconte sa journée et qu'il m'apporte ce rayon de joie comme à chaque fois qu'il venait me voir. Il bougea enfin ce qui me fit lâcher, malencontreusement, un soupir de soulagement et esquisser un sourire. Il vint s'asseoir sur la chaise près de moi.

"-Tu."

On souriait car nous avions parler en même temps, c'était limite une réplique classique de film. Je lui dis alors:

"-Ne t'en veux pas Hazza, ce cauchemar est fini, je suis réveillée, je vais bien. Je vais commencer ma rééducation et ferai de mon mieux pour sortir le plus rapidement d'ici. Et je te promets que dans un mois, ou peut-être moins, on marchera côte à côte dans la cour du lycée.

-Tu veux aller au lycée??

-Ben oui, je veux rencontrer de nouvelles personnes, revoir mes anciens amis s'ils se souviennent de moi, rattrapper le temps perdu à tes côtés, apprendre de nouvelles choses. Je veux profiter de chaque instant maintenant.

-D'accord mais promets-moi de ne pas m'oublier, de rester près de moi quoiqu'il arrive et d'essayer de m'aimer à nouveau.

-Je te le promets, je t'apprécie beaucoup mais si tu veux qu'on avance, tu dois arrêter de t'en vouloir et ne pas rester bloqué dès que quelque chose de mal arrivera, reste toi-même et oublie le passé.

-On oublie le passé. On va de l'avant, vers le futur mais surtout, n'oublie pas que je t'aime, que je t'aime un peu plus chaque jour, je t'en supplie ne l'oublie pas. Et comme je t'aime et que je te connais depuis presque dix ans, je sais que tu as menti quand tu as dit que tu ne sais pas la raison de ta crise."

Je déglutis. Je suis perdue, peut-être qu'il pourrait m'aider, me donner les réponses aux questions que je me pose depuis que je me suis réveillée ce matin. Mais j'ai peur, peur de ces réponses, peur de la vérité. J'ai peur d'être affaiblie, de ne pas être normale. Mais je dois savoir pourquoi j'ai fait cette crise en voyant Louis. Il était pourtant très souriant, timide... mais souriant, ce sourire qui ce veut confiant, ce sourire qui veut transmettre l'image de quelqu'un de bien et sincère. Et cette impression, il a réussi à me la faire ressentir. Je sais que je peux lui faire confiance, je sais que c'est quelqu'un de bien pour Harry. Tout ce raisonnement tourne dans ma tête depuis des heures et c'est pourquoi je ne comprends pas ma réaction. Ce sentiment d'insécurité qui m'a envahi lorsque mon regard a rencontré le sien. J'ai une possibilité, mais elle peut pas se trouver exacte, ce serait impossible et inimaginable.

"-De quelle couleur sont ses yeux?

-Bleu, pourq-

-De quelle couleur sont les yeux de Niall?

-Bleu m-

-Tu ne vois pas le rapport?

-Ils ont tous les deux les yeux bleus, mais je ne vois pas où-

-Lorsque je dors, je fais toujours le même cauchemar. Je te l'avais raconté la semaine dernière, tu te rappelles?

-Oui, une petite fille dans un champ entouré d'arbres puis tout se met à tourner, la petite fille grandit et une silhouette se penche sur elle pour la frapper. C'est ça?

-Tu trouves pas que ça ressemble à ce que j'ai vécu?

-Maintenant que tu le dis, oui. Mais quel rapport avec les yeux de Lou' et Niall?

-Dans la semaine, j'ai vu les yeux de la silhouette dans mon cauchemar et ils étaient bleus.

-Tu veux dire que lorsque tu as vu les yeux bleus de Louis-

-Oui, j'ai eu un choc parce que ça m'a rappelé les yeux de la silhouette et que j'ai eu peur.

-Tu ne pourras donc plus sortir en sécurité dans la rue parce que tu croiseras forcément des yeux bleus un jour ou l'autre sauf si...

-Sauf si je le rencontre et que j'assimile le danger qu'à sa personne.

-Je ne peux pas te laisser le voir. Je ne veux pas."