Deux semaines pour redécouvrir Noël

Chapitre 7

Tom : Prête pour les achats de Noël ?

- Quels types d'achats ?

Tom : Les cadeaux de Noël.

Le sentiment d'une pierre tombant au fond de mon estomac m'empêche de réagir à son enthousiasme. Tom perd son entrain.

Tom : Mia ? Est-ce que tout va bien ? Tu es toute blanche !

La simple idée d'aller faire des achats de Noël pour des cadeaux me noue la gorge. Incapable de parler, je ne fais que secouer la tête négativement. Je sens mon corps avoir un mouvement de recul. Tom me scrute, les yeux voilés d'inquiétude et de confusion.

Quelques flashs du passé ressurgissent dans ma mémoire.

"Le téléphone qui sonne, me sortant de mes pensées et me faisant m'interroger. Je décroche, une seule question en tête : qui peut bien téléphoner aussi tard ?

- Bonsoir ?

Interlocuteur : Mademoiselle Campbell ?

- Oui, qui est-ce ?

Interlocuteur : Je suis l'officier McGeïner, nous venons de retrouver votre grand-mère gravement blessée. Elle est actuellement entre les mains des médecins. Pouvez-vous venir vous présentez à l'hôpital ?

- Je serai là dans 20 minutes.

Un appel qui se coupe. Et mon sang qui se glace dans la peur et l'appréhension.

S'il vous plait, ne me prenez pas ma grand-mère..."

Mes mains tremblent alors que mon souffle se coupe. Le poids des souvenirs me fait vaciller.

"L'homme en blouse blanche, le visage vierge d'expression et les yeux emplis de sympathie.

Infirmier : Je suis désolé mademoiselle, mais votre grand-mère n'a pas survécu.

Et mon monde qui s'effondre. "

Je peux entendre mon cœur se brisé au souvenir de ces paroles.

Comme il s'était brisé ce jour-là.

Aussitôt, un autre souvenir, qui donne vie à ma colère.

"Et je comprends, à son simple regard, ce que l'homme en uniforme est sur le point de m'annoncer.

Officier McGeïner : Je suis désolé, nous n'avons pas été en mesure de retrouver l'agresseur.

Le coupable s'en est tiré. Et j'ai perdu ma grand-mère, le jour de Noël. Dieu que je hais Noël."

Tom : Mia ? Mia, est-ce que tu m'entends ? Dis-moi quelqu'un chose !

Mon regard se fixe sur l'homme accroupit face à moi. Son attention ne se détourne pas de mon visage déformé par mes pleurs. Ma respiration est rendue hachée par mes sanglots. Et mes genoux, enfoncés dans la neige, me font frissonner de froid.

Tom : Mia ?

Sa voix est douce, préoccupée.

- Je ne peux pas... je ne peux pas...

Tom : D'accord, tout va bien, tu n'es obligée à rien. Rien ne t'y force, tu comprends ? Tu n'as pas à faire ce que tu ne veux pas. Est-ce que tu m'entends ?

Sa voix maintenant basse, se voulant rassurante, parvient, petit à petit, à éloigner les souvenirs douloureux. Mon visage s'enfouit dans mes mains alors que je cesse de retenir ma peine.

Et quand les bras de Tom se referment sur moi comme un cocon protecteur, je laisse toute ma douleur et mon chagrin s'exprimer.

Oh grand-mère, c'est si dur sans toi...

*****

Tom, après mon petit effondrement, m'a conduit jusqu'à l'intérieur du cottage où il m'a poussé à aller changer de pantalon. Puisque le mien a fini mouillé par la neige. Il m'a attendu à l'une des tables du petit café du cottage. Après quoi, je suis venu le chercher pour le conduire à l'arrière du bâtiment, un petit salon privé.

Il a le droit à une petite explication...

Dans la pièce, je déplace deux fauteuils pour les installer devant la cheminée. Nous nous installons dessus et, après m'avoir couverte les jambes, je laisse mon regard errer sur les flammes dans le foyer de la cheminée.

Tom patiente sagement, m'accordant tout le temps dont j'ai besoin pour réunir mon courage.

- C'est la première fois que cela m'arrive. Je n'étais jamais tombée en panne de la sorte. Tu sais que j'ai grandi avec ma grand-mère. Elle était une personne incroyable, toujours joviale, toujours prête à rendre service et à tendre la main. Elle était une mère pour moi, ma confidente et ma meilleure amie. Elle adorait fêter toutes les fêtes traditionnelles, mais sa préférée était Noël. Elle aimait Noël comme personne d'autre.

Un sourire tendre trouve sa place sur mes lèvres.

- Et elle m'a transmis son amour de Noël. Année après année, nous l'avons fêté avec bonheur, le cœur rempli d'amour pour cette tradition. C'était... les meilleurs moments de ma vie avec ma grand-mère. Mais il y a cinq ans...

Je m'arrête.

Merde, je n'en avais jamais parlé avant ! C'est plus difficile que ce que je croyais.

La main de Tom se pose sur les miennes. Il m'adresse un sourire encourageant. J'attrape sa main entre les miennes pour y puiser ma force.

- Il y a cinq ans, la veille de Noël, grand-mère est sortie pour acheter un cadeau de dernière minute. J'ai dû surveiller le cottage ce soir-là, alors je n'ai pas pu l'accompagner. Il... Il était très tard et... sur le chemin du retour, elle a été agressée. Ça a été... violent...

J'inspire un grand coup avant de continuer.

- Elle a passé la nuit au bloc opératoire mais... mais... mais elle est morte... le matin de Noël...

Quelques larmes glissent sur mes joues, mais je parviens à garder assez de contrôle pour terminer.

- Les officiers n'ont pas pu retrouver son agresseur. Mais ils pensent qu'il l'a attaqué à cause des cadeaux qu'elle devait transporter avec elle ce soir-là. Il, l'agresseur, a volé certains des achats de ma grand-mère avant de fuir et de la laisser pour morte.

Je plante mon regard dans celui de Tom.

- Il l'a agressé pour de stupides cadeaux. Il l'a tué pour des cadeaux !  Parce que c'était Noël. Parce que cette fête rend les gens totalement fous. Et égoïste. Et putain de violent ! Ils perdent la tête pour quelques cadeaux insignifiants. Comment des choses matérielles justifierait de prendre une vie ? Comment est-ce que quelques cadeaux valent la mort de ma grand-mère ?

Je crache mes mots avec haine.

Tom : Mia...

- Fut un jour où j'aimais Noël, Tom. Noël a été la source de beaucoup de mes meilleurs instants de vie avec ma grand-mère. Mais aujourd'hui, je hais cette fête plus que toute autre chose dans ce monde. Je méprise cette fête qui m'a arraché la femme qui m'était le plus chère. Alors, je suis désolée de te l'annoncer Tom, mais deux semaines ne suffiront jamais à me faire aimer cette fête. Je ne pourrais jamais plus apprécier Noël.

Non, pas quand cette fête est maintenant synonyme de perte et douleur pour moi.