La Compagnie du Sang Noir - Origines

Une Voix Démoniaque

Une Voix Démoniaque

- Par la Lumière, qu'est ce qui s'est passé ici... murmura Reginald horrifié devant la scène macabre devant lui.

Le pauvre Olyver avait la moitié du crâne arraché. Vu la forme des traces, son crâne avait était dévoré par une gueule immense. Son armure de cuir grisâtre, donnée par la Porte-du-Gardien que Reginald portait également, ne l'avait pas protégé des griffures du monstre, comme le démontrait l'énorme fissure dessus qui laissait voir la large plaie sanglante qui parcourait quasiment l'entièreté du torse.

A côté, il y avait une sorte de monstre que Reginald n'avait encore jamais vu. La créature avait une forme humanoïde et était faite de branches et de feuilles. Sur ce qui semblait être le visage se trouvait des trous noirs qui devait être la place des yeux. Ses membres étaient aussi plus longs que la normale. Seul le haut du corps de la créature était visible, étant donné qu'elle avait été coupée en deux. Le bas du corps se trouvait près de là. La créature devait être un arbre a l'origine ou quelque chose y ressemblant.

Peut-être que tous les arbres de cette forêt sont capables de se transformer en cette chose ? Dans quelle merde je me suis encore fourrée moi !

Reginald pris peur et se mit à regarder d'un œil nouveau tous les arbres sombres de Morteforêt qui l'entourait et qui semblait le regarder. Il voulut s'enfuir d'ici le plus loin possible mais il ne pouvait pas, car c'était son devoir de garde de Porte-du-Gardien de régler ça. Mais régler quoi au juste ? Olyver s'était aventuré jusqu'ici pour une raison quelconque, et malheureusement pour lui, il était tombé sur un monstre d'arbre et les deux s'étaient entretués, fin de l'histoire non ?

Reginald examina à nouveau et plus sérieusement la scène et après des longues observations, sa conclusion changea.

La créature n'a pas affronté Olyver ! Les deux ont les mêmes marques de griffures sur le corps ! Ils se sont donc sûrement confrontés tout deux à je ne sais quel être démoniaque qu'il les a dévorés tout deux ! Enfin seulement Olyver, ce monstre-arbre ne doit pas être mangeable, pour ça qu'il a encore tout ses parts, enfin, découpé serait plus approprié.

Oui, ce qui avait dû les mettre dans cet état devait être un monstre démoniaque, plus répugnant que tous les monstres que Reginald avait croisés. Pour les déchiquetés avec une telle violence, il devait avoir une force incroyable et surement une gueule aussi sombre que ce lieu. S'il tombait sur ce monstre, une mort horrible attendait Reginald.

S'apercevant des sueurs froides sur son front, Reginald stoppa cette pensée sinistre, et regarda tristement le cadavre du bon vieux Olyver. C'était un bon gars. Fichtre, il ne méritait pas ça !

Reginald ne pouvait pas se vanter d'une longue expérience parmi les Soldats de la Porte-Du-Gardien mais il avait vu des morts rapatriés par leur pairs, rentrant d'une escarmouche face a des monstres de la région ténébreuse de Kolgor. Et même pendant sa triste adolescence dans les quartiers pourris de Basilic, quand il voyait ces amis se faire tuer dans les rues seulement pour le fait d'avoir volé à manger car leur ventre crié famine. Mais jamais Réginald n'avait vu de mort aussi sauvage ! Surtout que vu les blessures, Olyver avait dû durement souffrir ! Lui qui était si gentil, timide et n'osait pas s'amuser avec eux par peur de nuire à son travail, voilà qu'il mourrait si atrocement aussi loin de sa garde.

Au moins, il peut enfin se reposer, lui qui semblait si fatigué de cette charge malgré son jeune âge.

Reginald se rappela, il devait appeler Brondis pour le prévenir qu'il avait trouvé Olyver. Et a deux, Brondis ou lui pouvait protéger le porteur du cadavre d'Olyver, du monstre qui rôdait. S'apprêtant à crier, Reginald couvrit immédiatement sa main. Il avait oublié ce monstre ! S'il avait crié, le monstre l'aurait repéré et se serait fini de lui ! Il aurait été dévoré vivant !

Et si le monstre se trouvait encore ici ? Et s'il avait laissé le corps de ces deux victimes pour appâter sa prochaine proie ?

Non, Reginald paniqué. Si cela était vrai, le monstre l'aurait pris depuis bien longtemps.

Il prit son courage à deux mains, porta Olyver et retourna d'où il venait.

Tant pis pour Brondis. S'il ne me voit pas, il aura qu'à retourner la d'où en vient.

Après s'être perdus des longues minutes, Reginald avait pu retrouver son chemin grâce a la chance. Durant son errance, il s'était mis à maudire ces fichus arbres qui se jouait de lui, le faisant chuter de leurs branches, le menant a des grottes sombres, ou se mettait carrément à chuter sans raison droit sur lui. Mais malgré tout ça, il s'en sorti sans égratignures. Il ne devait pas cela a ces capacités mais uniquement à la chance.

En voyant les deux chevaux là ou ils les avaient laissés, attendant leurs cavaliers sans s'en aller malgré l'évidente hostilité du lieu, Reginald comprit enfin pourquoi les chevaux étaient entrainés et cela le rassura. Il posa Olyver sur son cheval et décida d'attendre quelques minutes Brondis mais les minutes se faisaient longues.

Les chevaux commençaient à s'impatienter, quelques caresses de Reginald les calmèrent.

Bon sang ou t'es passé Brondis, j'espère que tu ne t'es pas fait avoir.

Soudain, il entendit un cri effrayé qui résonna dans la forêt. Reconnaissant la voix de Brondis, il sortit son épée et courut pour le rejoindre quand soudain, un autre cri plus puissant retentit.

Un cri strident, aigu et puissant, d'une voix inhumaine, pire que n'importe quelle cri que Reginald avait entendu pendant sa vie. Il en eut des frissons de peur incontrôlable. Le son de cette voix n'avait rien d'humain ou de vivant. Cela s'apparentait au cri d'une bête longtemps cachée dans les ombres qui crachait sa haine que des vivants dérangeait son sommeil. C'était une voix démoniaque !

Reginald paniqué, courut et lâcha même bêtement son épée, croyant courir plus vite, et ne fit même pas attention aux chevaux qui détalait. Il se cogna contre un arbre et chuta, mais il ignora la douleur et dès qu'il se releva, Reginald continua à courir sans regarder derrière lui. Ce qui l'avait mis dans un tel état de panique, ce n'était pas seulement le cri démoniaque qui l'avait entendu. C'était que le cri démoniaque semblait se rapproché de lui.

Sainte Lumière, protégez-moi ! pensa fortement Reginald, du plus profond de son cœur. Sainte Lumière protégez-moi !