À la Recherche d'un Soldat

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À la Recherche d'un Soldat

Reginald sentait le vent lui battre le visage en cavalant à vive allure sur son fidèle destrier. Son camarade de la Porte-du-Gardien, Brondis, en faisait de même sur son propre étalon.

Comme à l'accoutumé, le temps était nuageux aux abords de la Porte-du-Gardien, ou plus précisément au sud-est de la Terre de Vendaria, car juste l'est de celle-ci se trouvait la ténébreuse région de Kolgor, où d'après les légendes y était emprisonné le fameux seigneur des Ténèbres qui de sa prison, infecter toutes choses aux alentours, vivants ou non, de ses ténèbres. Enfin, peu importe la véracité de cette légende, cela n'empêchait pas les monstres de cette sinistre région de la quitter pour attaquer le Royaume de Vendaria. Le devoir imposait donc aux soldats de la Porte-du-Gardien, seul rempart qui empêchait l'invasion de ces monstres sur le Royaume, de le défendre contre ces abominations.

Mais aujourd'hui, ce n'était pas une quelconque quête épique qui avait poussé Reginald et Brondis à enfourcher leurs chevaux. Le commandant les avait convié tôt ce matin et les assigna comme mission de retrouver leur camarade disparu, Olyver. Ce satané Olyver avait été envoyé il y a déjà deux semaines de cela, enquêter sur les mystérieux événements qui se déroulait à Morteforêt. En effet, plusieurs rapports récents de villageois mentionnés des sombres incidents se déroulant dans la forêt : des disparitions, des cris perçants la nuit venant des bois, des cadavres d'animaux difformes ou encore des arbres qui se mettaient à parler. Le Commandant, ne croyant a aucune de ses affabulations, décida donc d'envoyé le jeune Olyver pour résoudre ces mystères et calmer la populace. Résultat, le bougre s'était comme qui dirait volatilisé et il était maintenant du devoir de Reginald et Brandis de le retrouver.

Après des heures de chevauchée, les pieds de leurs chevaux foulèrent finalement la litière de Morteforêt. Cette sinistre forêt méritait bien son nom. Tout les sombres arbres des environs étaient dépourvu de feuilles, et leur taille ne semblaient pas avoir de fin. Même le vent qui battait si fort il y a quelques minutes, semblait s’être arrêté une fois qu’ils eurent pénétré ce lieu. Sans savoir pourquoi, Reginald eut l’étrange impression que les arbres leur souhaiter la bienvenue dans ce lieu morbide et que jamais ils en ressortirait.

Il dégagea vite ses inepties de sa tête.

- Bon t'as déjà mené des recherches toi ? demanda-il à son collègue en descendant du cheval.

- Non mais ça ne doit pas être bien compliqué, répondit Brondis en faisant de même, suffit de chercher partout et si on trouve pas, bah c'est qu'il doit pas être là.

- Mais non idiot, si on fait ça on en aura pour des heures ! Suffit de chercher des traces de son passage et si on en trouve on aura qu'à les suivre.

- Ah ouais voilà c'est ça. Brondis mis sa main sur son menton et jeta un regard incompris a Reginald. Mais si tu savais, pourquoi tu m'as demandé ?

- Bah je sais pas la réponse m'est venu sur le coup, avoua Reginald se grattant la tête, bref on y va.

Et sur ce, Reginald ouvrit la marche et Brondis la fermait.

Reginald se sentait mal à l'aise en marchant dans cette forêt. Les arbres morts avaient l'air de l'épier, de le condamner pour marcher dans ce tombeau qui était le leur. D'ailleurs, il n'y avait nulle trace d'eau dans cette forêt, comme ci cette source de vie n'avait nul droit de pénétrer dans ce lieu où régnait la mort. En levant sa tête, il remarqua que les nuages avait pris une tournure beaucoup plus sombre.

Fichu Olyver ou peux-tu être ?

Reginald remarqua que tout comme lui, Brondis n'avait pas l'air d’être a l’aise d’arpenter ce lieu. Il se demanda comment des villageois pouvait se promener tranquillement ici alors qu'un soldat comme lui, gardien de la Porte-du-Gardien, ayant affronté des monstres redoutables (bon c'était seulement une escarmouche qui datait de plusieurs mois) pouvait avoir peur.

- Reginald, l'appela soudain Brondis d'une voix presque terrifiée, j'ai une idée. On va chacun de notre côté chercher des traces d'Olyver, et si l'un de nous trouve quelque chose il appelle l'autre, sinon on se retrouve ici dans cinq minutes. Ça ira beaucoup plus vite je trouve. Alors ?

Mauvaise idée, pensa Reginald, dans les comtes d'horreurs, quand les stupides protagonistes se séparent dans des lieux lugubres comme celui-ci, il arrive tout le temps des désastres.

« T'as oublié ce qu'on nous a appris à la Garde ? Toujours resté groupé dans un endroit hostile ! » Avait envie de répondre Réginald mais ce fut toute autre chose qui sortit de sa bouche.

- D'accord, ça me va. Répondit-il nonchalamment.

Brondis hocha la tête et le quitta là.

Reginald resta sur place, le temps de réfléchir pourquoi il avait accepté cette stupide proposition, puis il arrêta pour se laisser guider par les voix mortes des arbres de la forêt.

En marchant, Reginald toujours rêveur, trébucha contre une épaisse racine d'arbre, bien ancrée au sol. Se mettant à tomber, il réussit à se rattraper in extremis au dernier moment.

Après un souffle de soulagement, Reginald se retourna et jeta un regard accusateur sur l'arbre qui avait failli causer sa chute. Tout comme ses congénères, il s’émanait du tronc une atmosphère sombre et lugubre, comme un cercueil dont la face défiguré du défunt était inscrite sur le devant du coffre.

En voyant cet arbre, végétal aimé des elfes, Reginald pensa à une histoire elfique populaire qu'on lui racontait souvent lorsqu’il était enfant. Enfin, tout les enfants désobéissants se voyaient rabattre la même histoire de la part de leurs parents. Avant de dormir, on leur racontait que s'ils ne s'efforçaient pas à changer de comportement, le Vanbar viendrait les chercher pour prendre leur voler leur beau visage.

La Compagnie du Sang Noir - OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant