Le Vanbar VII

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Le Vanbar VII

Quand Halath l'emmena à la Demeure du Maiera, ils passèrent naturellement par le village, et menotté comme un vulgaire criminel, Taeral sentit sur lui les regards satisfaits des villageois, contents que le Vanbar, qu'ils croyaient tous avoir assassiné Falia, était enfin traité à sa juste valeur.

Taeral fut ensuite enfermé dans une cellule au sous-sol de la demeure du Maiera. La pièce était équipée d'un lit et de toilettes pour faire ses besoins. Il y avait aussi une lucarne sur le mur, qui recouverte d'une grille de défense, montrait une bonne vue du village depuis la colline mais Taeral ne profita pas de cette exposition. Il pensait simplement à la mésaventure qu'il avait subi dans ce fichu manoir.

Seldanna et Varthan s'étaient joués de lui depuis le début ! Ils l'avaient manipulé pour qu'il blesse Varthan avec la dague afin qu'il soit accusé du meurtre de Falia et que Varthan soit innocentée sans être même suspecté ! Mais pourquoi Seldanna l'avait-elle trahie ainsi ? Il se doutait qu'elle ne l'aimait pas vraiment, mais malgré qu'elle sût toute la vérité à propos de Varthan, elle continuait à le protéger ? Ce n'est pas à cause d'un supposé serment qu'elle m'as trahi, non, c'est seulement à cause de l'argent. Elle pouvait aider Taeral, résoudre le meurtre et être traité comme une héroïne mais puis quoi d'autre ? Alors qu'en s'assurant les bonnes grâces de Varthan et devenant son épouse, elle deviendrait riche. J'aurais dû laisser ce fou de Varthan l'étranglé à mort ! Mais ça ne servait à rien de ressasser le passé, il avait perdu et il ne pouvait rien y faire.

Personne ne le croyait innocent, pas même Halath, le premier en qui il avait placé sa confiance en dehors de ses parents. Mes parents, oui. Il pensa alors à ce que sa mère lui avait dit lorsqu'il lui avait demandé si les villageois avaient raisons, s'il était bel et bien le Vanbar. Ce à quoi sa mère répondit : « Tu n'es pas le Vanbar, mais tu es Taeral Faerandol mon gentil garçon. Montre-leur qui tu es vraiment et ils t'aimeront. »

Tout à fait, il ne devait pas abandonner !

Taeral sentit alors un regard sur lui provenant de la lucarne et se tourna vers son observateur. Un hibou se tenait là, s'agrippant au rebord et le regardait de ses yeux noires sur fond orange. Taeral se sentit mystérieusement aspiré par son regard. Résiste et reste tel que tu es.  L'hibou s'en alla alors et Taeral ne compris pas si la pensée venait de lui ou de l'animal. Etrange, pensa-t-il mais cela ne le perturba pas et il réussit à s'endormir dans son lit, en ignorant les atroces douleurs au visage venant des coups qu'il avait reçu au manoir. Sa nuit fut tranquille, sans rêve pour le fantasmer et sans cauchemar pour le tourmenté. 

Le bruit de la porte coulissante qui s'ouvrit le réveilla immédiatement. Halath se tenait là et le regardait avec le même visage ne trahissant aucune émotion tel le devait un garde. La Lumière de l'aube se manifestait par-delà la lucarne mais il n'entendit pas le chant des oiseaux, comme il avait l'habitude de l'entendre tout les matins.

- Ton procès va bientôt commencer. Annonça Halath toujours aussi sereinement.

Taeral se leva et laissa Halath le menotter. D'autres gardes l'attendaient à la sortie de la pièce et ils le menèrent jusqu'à la grande Salle de la demeure du Maiera. Les villageois avaient rempli les tribunes, affichant leurs sales mines dégoûtées en l'apercevant. Il aperçut la répugnante famille Ilnatar, le père Anrath, grassouillet dans ses beaux habits et son beau fou de fils, Varthan, le regardant avec son sale petit sourire mesquin. A leurs côtés se trouvait cette garce de Garde Alaisa ! En les voyant, Taeral palpa avec sa langue l'endroit où se trouvait sa dent manquante et son front le refit souffrir. Il y avait aussi la ravissante Seldanna qui le regardait enfin normalement, le regard écœuré devant le vulgaire monstre qu'il était au visage hideux. On le mit sur une petite estrade, face au Maiera. Le regard que celui-ci affichait, bien assis sur sa chaise en Sylvar, trahissait son ressenti ; il le jugeait déjà coupable.

La Compagnie du Sang Noir - OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant