Chapitre 11 : Just like fire

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coloring credit : @spicywings


7 août 2021.

L'excitation se mélangeait difficilement à l'appréhension et à la peur. Les doutes s'entrechoquaient dans leurs esprits, pourtant aucun ne fit part de ses craintes de vive voix. Pour la première fois avant un match, l'effervescence dans les vestiaires argentins était retombée : un silence de mort planait entre les joueurs d'Amérique latine.

Ils étaient tous plongés dans une concentration quasi morbide. Alejo observait d'un air presque inquiet les doigts experts de Julia qui s'appliquaient à scotcher les bandes de straps rouges contre la peau mate de l'épaule de Lucas.

Leur capitaine, son regard doré fixé sur le sol, semblait en proie à une sévère réflexion qu'aucun n'osa perturber.

Son épaule ne le faisait plus souffrir, pourtant il sentait une autre charge peser sur celle-ci. Il savait que dans quelques instants, il se retrouverait face à Hinata Shoyo et son équipe. Il pouvait bien penser ce qu'il voulait, les Japonais étaient monstrueux. Toutefois, ce n'était pas la peur de se retrouver face à eux qui le taraudait, mais bien la peur de décevoir ses coéquipiers.

Chacun avait quelque chose à gagner en remportant cette médaille d'or et, alors que Julia lui faisait signe qu'elle avait terminé et qu'il passait son maillot portant le numéro un sur son dos, ses yeux dorés tombèrent dans ceux d'Oikawa Tooru. C'était à ce dernier que Lucas Aranda avait fait la promesse d'une vie. Il lui avait promis qu'ils gagneraient, que la médaille d'or pendrait au cou de son passeur, fièrement, après qu'il ait tant donné pour arriver à ce niveau. Il allait pouvoir tenir la promesse qu'il avait faite à Iwaizumi Hajime.

Mais il n'y avait pas que ça. Maël et Luis comptaient sur lui : c'étaient leurs premiers jeux olympiques, ils en avaient bavé tout du long pour garder leur niveau à flot et se battre contre les meilleures équipes du monde.

Alejo comptait sur lui aussi, il voulait rendre son fils fier. Être fier de lui aussi, savoir qu'il valait autant que les autres.

Et puis, il y avait José. Il y avait sa grand-mère qui avait fait le voyage exprès pour encourager son petit-fils. C'était elle, qui lui avait donné le goût du volley-ball, elle qui l'avait poussé à passer professionnel, elle qui l'avait sorti de sa dépression lorsqu'il s'était blessé.

Et il y avait sa fierté à lui aussi. Celle de voir Bruno grimacer devant sa victoire. Celle de gagner ses derniers jeux olympiques avant qu'il n'arrête de jouer. Celle de rendre son ancienne équipe fière aussi, parce qu'il savait que l'équipe avec laquelle il avait participé à ses premiers JO devait le regarder de Buenos Aires.

Ils avaient tant de choses à prouver à gagner, mais aussi tellement à perdre.

L'estomac retourné, il se releva pour s'étirer, faisant des moulinets avec le bras de son épaule blessée lorsque José leur dit qu'ils avaient cinq minutes, pas plus avant que lui et Julia ne sortent des vestiaires en compagnie des remplaçants.

Désormais, il n'y avait plus que l'équipe qui allait jouer sur le terrain. Et Lucas était seul face à eux et leurs promesses, leurs fiertés et leurs doutes.

– On est tous effrayés, même moi, je le suis. Je suis à deux doigts de fondre en larmes tellement j'ai peur. Mais je n'ai pas peur de perdre, parce que je sais qu'on aura tout donné et qu'on aura été ensemble jusqu'à la fin. J'ai toujours eu confiance en vous et j'ai toujours été fier de vous, rien ne pourra m'enlever ça.

La voix grave, il se tut quelques instants, observant chacun de ses coéquipiers qui s'étaient rapprochés de lui, créant un cercle devant sa grande carrure.

Touching the Sun (Shoyo x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant