Touching the Sun (Shoyo x OC)

Chapitre 12 : Crépuscule

Des heures, une vie, une éternité, parurent lui passer devant les yeux alors que l'équipe argentine se mit à hurler et se prirent abjectement dans les bras, le regard de Shoyo se bloquant comme un automatisme sur un point fixe aléatoire. Il resta debout tandis que son regard cherchait le ballon du regard, là où son pied l'avait envoyé, sur le côté du terrain. Il aurait pu la sauver. Il aurait pu la rattraper. Il n'avait pas été assez rapide.

Le regard fixé sur la sphère jaune et violette, il sentit une main se poser sur son épaule. Lentement, son regard se leva vers Kageyama, qui avait le visage plus fermé que d'habitude, essoufflé, et il jura qu'il sentit sa main trembler très légèrement sur son épaule.

- Je suis désolé, Shoyo, je-.. commença le passeur, sa voix légèrement tremblante alors qu'une autre, plus grave, les interrompit.

- Les gars, les deux plus jeunes, se tournèrent machinalement en direction d'Ushijima qui venait de les interpeller, on y va.

Shoyo était quelqu'un qui apparaissait comme quelqu'un de très expressif. On pouvait facilement voir quand il était joyeux, ou contrarié. Mais la vérité, c'était que tout le monde savait à quel point Shoyo était un vrai menteur. Il traversait tout, seul, et ses émotions les plus profondes, les plus tristes, il ne les démontrait qu'à de très rares moments, et surtout pas auprès de tout le monde. Il avait appris à les masquer au fil des années.

Alors, quand Shoyo éclata en sanglots sur le terrain, l'équipe japonaise sut exactement quoi faire. Mettant de côté leur fierté habituelle, tout le monde s'approcha de leur bien le plus précieux, et ils se prirent dans les bras, engloutissant le numéro 10 pour le protéger des regards du monde entier, eux-mêmes épuisés et attristés de leur défaite.

Tout ce qui se passa après resta très flou dans la tête de Shoyo. Il entendait les bruits autour de lui, de très loin, en tout cas. Il se laissa un peu trainer sur le terrain jusqu'à le coach et leur entraîneur, le bras d'Atsumu venant se poser de façon impromptue sur ses épaules, sa main sur son bras le serrant assez fort pour comprendre que lui aussi, ne revenait pas qu'ils venaient de perdre. Shoyo n'écouta pas une seule seconde de ce que le coach lui disait, son regard noyé dans le vide alors que ses larmes coulaient à présent silencieusement sur son visage.

Bien sûr, ça faisait partie du jeu. Les derniers sur le terrain étaient les gagnants, et les perdants devaient partir. Il savait que les Argentins avaient autant attendu ce moment qu'eux, qu'ils avaient travaillé pour être ici, et quelque part, son coeur se tordait aussi de fierté pour Tooru, qui avait rêvé de ce moment depuis toujours, qui était parti exprès pour revenir et réaliser les objectifs qu'il avait à présent atteints.

Mais, il n'avait-il pas assez fait, lui aussi ? Est-ce que ce n'était jamais suffisant ? Il aurait dû avoir ce point, il aurait dû rattraper sa balle, si seulement il n'avait pas été aussi lent. Inconsciemment, sa respiration fut un peu plus rapide et le poids sur sa poitrine ne faisait que s'agrandir, et ça ne passa pas inaperçu au faux blond à ses côtés, qui vint simplement prendre son visage entre ses mains, appuyant sur ses joues pour déformer le visage du rouquin adorablement.

- Tu m'as vu pleurer comme ça quand tu m'as éliminé pendant ma deuxième année de lycée ? demanda alors Atsumu une moue au visage, haussant un sourcil, alors que Shoyo secoua doucement la tête. Reprends-toi, c'est la honte.

Bien qu'il n'était pas doux sur ces paroles, Atsumu prit tout de même le rouquin dans ses bras, l'étouffant pratiquement alors que Shoyo avait son front plaqué contre son torse. C'était la façon Miya Atsumu de lui remonter le moral.

- C'est ma faute.

- Arrête les conneries, tu n'es pas tout seul sur le terrain.

Ronchonnant un instant, Shoyo resta ainsi encore un instant avant de se redresser, entendant l'équipe se disperser pour féliciter l'équipe argentine. Le premier à craquer fut Iwaizumi qui prit Oikawa dans ses bras, et il ne l'avouerait jamais, mais Shoyo était prêt à mettre ses mains sur le feu pour parier qu'il était à deux doigts de pleurer. Il n'y prêta pas plus attention, en réalité, il n'osait lever le regard vers qui que ce soit.