Chapitre 25

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À Alféa, Luna profita du fait que Rosalind donnait cours pour rendre visite à Ben dans son bureau. Le savoir dans le même périmètre que la fée ne la rassurait guère, et elle voulait s'assurer qu'il allait bien.

Lorsqu'ils se retrouvèrent, les deux amis se saluèrent et se firent la bise, heureux de se retrouver.

- Luna, ça me fait plaisir de te voir ! se réjouit le professeur de botanique en la prenant par les épaules. Comment va Farah ?

Elle lui sourit, le regard brillant, l'air rassurant.

- Elle va bien, et d'ailleurs, Saul est avec elle en ce moment, une permission de sortie lui a été accordée...il va bien aussi.

Ben eût une pensée pour ses deux amis, en train de fêter leurs retrouvailles. Il savait que tout cela n'aurait pas été possible sans l'aide de la fée de la lumière.

- Je suis très content de l'apprendre, et je te remercie encore pour tout ce que tu as fait pour nous, déclara-t-il en lui prenant chaleureusement les mains, reconnaissant. Je n'aurais pas supporté de voir Sky perdre sa maman et vivre le même drame que mes enfants. Rose est partie dans des circonstances épouvantables, et ça a vraiment été difficile pour nous trois, surtout quand je devais expliquer aux enfants que leur maman avait été assassinée.

Bouleversée, la Reine continua de fixer son ami, essayant de lui apporter un peu de réconfort par le regard.

- Je suis désolée, Ben, c'est horrible, j'aimerais tellement pouvoir vous aider davantage.

Mais elle ne le pouvait pas, car elle-même avait traversé une terrible épreuve dont elle ne s'était jamais remise, et dont elle parlait peu.

- Ne t'excuse pas, Lu, tu as déjà fait énormément, et je ne voudrais pas que ça te mette en danger, toi ou Stella, répliqua-t-il d'une voix douce.

La dernière partie de sa phrase lui mit une énorme gifle. Stella était tout pour elle, sa seule famille, et la perdre était inenvisageable.

- Tu as raison, je dois tout faire pour protéger Stella, je ne veux pas la perdre, elle aussi. Tu sais, quand j'ai perdu Charles, son frère aîné, j'ai eu l'impression de mourir, avoua-t-elle, les yeux embués de larmes par la douleur. Stella n'avait qu'un an, elle n'a aucun souvenir de son frère. Il n'avait que quatre ans quand il est tombé d'une fenêtre alors qu'il jouait avec ses copains le jour de son anniversaire. Tout est de ma faute. Si j'avais été plus regardante, il serait encore là maintenant. Je m'en suis toujours beaucoup voulue, mon ex-mari aussi, et mon couple n'a pas survécu, on a fini par divorcer. Depuis le drame, j'ai tellement peur de perdre ma fille que je contrôle sa vie, et je suis en train de la détruire.

La fée avait terminé sa phrase en tremblant, la voix brisée par l'émotion. Ben était la première personne à laquelle elle parlait du grand drame de sa vie, et elle savait qu'il trouverait les mots justes.

Le cœur brisé par la souffrance de la femme qu'il commençait à aimer, il plaça ses deux mais sur son visage, le caressant tendrement. Il connaissait déjà l'histoire, qui avait fait grand bruit dans la presse, mais ne pouvait supporter le poids de la culpabilité qu'elle portait.

- Luna, s'il te plaît ma chérie, arrête de culpabiliser, tu n'étais pas seule pour surveiller les enfants ce jour-là, murmura-t-il en rapprochant son visage du sien. Tu ne pouvais pas avoir les yeux partout. Je sais qu'il s'agit de ton fils, que l'on ne se remet jamais de la mort de son enfant, mais ça ne sert à rien de t'auto-flageller. Tu es et resteras une bonne mère, Stella est une jeune fille, elle a besoin de liberté, mais elle peut être fière de toi. Et on ne refait pas le passé.

La fée de la lumière posa ses mains sur le ventre de l'homme qui la soutenait, touchée par ses mots. Elle ne s'était pas trompée sur lui, cet homme sensible, qui savait comment la réconforter. Elle devait faire le deuil de son fils, accepter l'accident, quel qu'en soit le responsable, et arrêter de culpabiliser. Rosalind s'était assez servie de sa souffrance pour obtenir ce qu'elle voulait.

- Tu sais, Ben, Rosalind n'a pas cessé d'exploiter cette faille, avoua-t-elle, honteuse. Elle m'a demandé de couvrir le massacre d'Aster Dell sous peine de me faire accuser à sa place, mais surtout, de s'en prendre à la tombe de mon fils et à son esprit. Je pensais avoir oublié tout cela quand elle a été enfermée, mais quand elle a refait surface, elle a réitéré ses menaces, et elle était prête à tout révéler pour Aster Dell, alors j'ai accepté de l'engager comme directrice. On doit être prudents, parce qu'elle s'en servira aussi pour retrouver Farah.

Choqué par ce que Luna venait de lui raconter, il passa son bras autour de ses épaules, déposa un baiser délicat sur son front, et l'attira à lui. La pauvre n'avait pas mérité ça ! Rosalind était vraiment la pire des crapules, elle n'avait pas une once d'humanité, elle était l'incarnation du Mal. Une chose était sûre, il était prêt à tout pour protéger son amie de cette salope. Comment pouvait-on manipuler une mère en se servant de la mort de son enfant ?

- Luna, il faut que l'on reste soudés tous les deux, on doit lui tenir tête et garder notre secret, chuchota-t-il en collant son front au sien, ses bras se refermant sur sa taille. Elle ne doit pas savoir que Farah est vivante, on doit préparer un plan pour l'enfermer à nouveau. Et je crois que l'on ne pourra pas y arriver sans l'aide de Bloom.

- D'accord, je parlerai à Stella, elle saura la convaincre, approuva la reine, haletante.

Son cœur battait la chamade tant la tension se faisait de plus en plus forte. Ce contact avec le professeur de sa fille l'électrisait au plus haut point, elle ressentait chacune de ses vibrations faire écho dans son corps. Elle pouvait même sentir son souffle sur son visage. Il était là, à quelques centimètres de sa bouche, et elle n'avait pas le droit de l'aimer.

Cependant, contre toute attente, il glissa ses lèvres sur son nez, avant de descendre vers les siennes, qu'il commença par effleurer très légèrement. Trop tard ! Ce contact la liquéfia sur place, et elle laissa échapper un gémissement de bonheur incontrôlé. Il était sur le point de l'embrasser !

Soudain, une énergie négative envahit la pièce et les fit sursauter. La magie venait de disparaître brutalement. Ils ne pouvaient pas s'embrasser ici, pas maintenant. C'était beaucoup trop risqué.

Et ils n'avaient pas tort d'avoir peur ! Derrière la porte, sous le contrôle de Rosalind, Beatrix, qui avait séché les cours, les écoutait depuis plusieurs minutes et les observait grâce à ses pouvoirs.

Elle sourit. Grâce à leur télépathie, sa Maîtresse connaîtrait la vérité dans les prochaines secondes...


SECRETS - Fate : La Saga Winx (Saison 2 Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant