V. Un dessert amer

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C'est avec quatre heures de sommeil que Blanche sorti de son lit. Le soleil venait à peine de se lever et pourtant, il ne faisait pas très clair dans la chambre de notre protagoniste. Elle ouvrit les rideaux de son studio et écrit sur sa fenêtre embuée Bonne journée, suivi d'un cœur. Ses lettres laissèrent entrevoir le brouillard qui régnait dans sa petite rue parisienne. Les lampadaires semblaient se transformer en énorme lucioles au loin, seule leur lumière jaune traversait les gouttelettes d'eau en suspension dans les airs.

Elle rempli sa machine de grains de café et appuya sur le bouton noté espresso dessus.
Elle vérifia si son téléphone avait bien chargé pendant sa courte nuit mais ne prit pas la peine de vérifier ses notifications. Elle prit quand même le temps d'appliquer un peu de fard à paupières et de mascara sur ses yeux avant d'enfiler ses chaussures et son long manteau noir pour partir rejoindre l'arrêt de bus.

Blanche s'amusa de nouveau à sortir de la fumée de sa bouche tout en marchant. La rue était plutôt animée pour une heure pareille, les gens en couple s'appuyaient l'un sur l'autre pour ne pas glisser sur les dalles givrées tandis que les enfants n'hésitaient pas à lâcher la main de leur parents pour accélérer et glisser le long de la rue.

C'était une nouvelle journée au travail et pourtant elle ne différait pas des jours qui l'avaient précédé. Mais cela n'arrêta pas Blanche pour autant, du haut de ses quatre heures de sommeil , elle arriva à tenir et à exécuter tout ce qu'Olivier et Jessica lui demandaient et cela, jusqu'au déjeuner. Lorsque le moment d'aller rejoindre ses collègues fut venu, Blanche décida de rester à son bureau et de récupérer une heure de sommeil non négligeable. Elle retira ses chaussures, leva ses jambes et les posèrent sur son bureau tout en s'enfonçant dans sa chaise de bureau en cuir.

La sieste de Blanche ne dura que trente-cinq minutes, elle ronfla si fort qu'elle se réveilla presque instantanément. Elle reprit ses esprits, remit ses chaussures et senti une paire de yeux l'observer de l'autre côté de son bureau. C'était James, assis sur la chaise de bureau sa collègue, il ne pu s'empêcher de rire avant de lui tendre un mouchoir.

« Tu as bavé un petit peu. »
Blanche accepta le mouchoir, s'essuya les coins de la bouche et en profita pour se moucher.

« Qu'est ce que tu fais ici James? T'es venu me rattraper si jamais je tombais de ma chaise, tel un prince charmant? »

« Presque ça, j'ai vu que Jessica avait posté une photo de toi la bouche grande ouverte sur la conversation de travail. Alors je suis remonté pour t'apporter ton déjeuner. »
James lui tendit une salade au poulet curry emballé. 
Blanche ne pu s'empêcher d'insulter Jessica dans sa tête avant d'accepter ce que son interlocuteur venait de lui tendre.
Elle ajouta alors,  la bouche pleine :
« On se voit toujours ce soir? »

« Bien sûr, pourquoi cette question? »

« Je ne sais pas moi, tu ne m'as pas répondu par message. »

« C'est plutôt toi qui ne répond plus. Je me suis endormi et je t'ai répondu au réveil. Enfin bon, nous n'avons plus quinze ans, j'imagine que tu étais trop fatiguée pour répondre. »

Blanche mâcha sa salade honteuse de ne pas avoir allumé son téléphone par fatigue mais pour une raison immature qui est qu'elle lui en voulait profondément d'avoir pris du temps à répondre.
Elle repiqua sa fourchette dans le bol en plastique.

« Ouais, j'étais vraiment fatiguée.. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer avant de prendre le bus. » menti Blanche.

Le téléphone de James sonna, il prit l'appel, se leva de sa chaise, prit le couloir et se dirigea vers l'ascenseur. Blanche se tapa la tête contre son bureau plusieurs fois pour se punir d'avoir été aussi stupide. Elle se décida à sortir son téléphone de son sac à main et le déverrouilla afin d'y vérifier tous les messages qu'elle avait manqué. Plusieurs messages de sa conversation avec Horace, Sonia et Angelo -qu'elle ne prit pas la peine d'ouvrir-, un message de sa mère et plusieurs de James. Elle ouvrit celui de sa mère en premier, cette dernière lui rappela qu'elle avait rendez vous avec sa cousine samedi matin pour son essayage de robe de mariée. Auquel elle répondis un simple « OK » avant de passer aux messages manqués suivants, ceux de son date de ce soir.
« Désolé, je me suis endormi. Je suis resté tard au téléphone avec ma petite sœur. »
« Il fait vachement froid ce matin, tu m'envoies ton adresse et je viens t'emmener au travail en voiture? »
« Coucou Blanche, j'imagine que tu dors encore mais quand tu liras ce message, j'ai besoin de savoir si tu seras toujours d'aplomb pour ce soir. »

Passer le capOù les histoires vivent. Découvrez maintenant