5. Combustion

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« J'ai du mal à accepter une réalité dans laquelle toutes mes prochaines fois se feraient sans toi. »


Z

Un jour, la colère remplaça la tristesse, ce fût depuis une chute sans fin dans les affres de la haine. Je n'étais pas complètement naïve, l'espoir que tout aille bien n'a pas effleuré un instant mon esprit, je l'avais tout de suite deviné que ce serait grave. Pas besoin de lettres larmoyantes, pas besoin de messager funeste qui simulait la compassion, et encore moins besoin d'excuses qui ne seront jamais à la hauteur.

On ne m'avait jamais donné le droit de le pleurer, on m'a seulement enfermé dans une prison d'ignorance dont je n'arrivais pas à sortir. Je m'étais confrontée inlassablement à des murs géants et muets qui ne voulaient rien me révéler. Comme si je ne représentais pas grand chose, que je ne valais pas assez pour savoir ce qui était arrivé à celui qui avait partagé mon existence jusqu'ici.

Il fallait en quelque sorte que je gagne ce droit, et c'est ce qui me consumait : devoir me battre pour quelque chose qui m'était dû. Cela ne suffisait pas de me l'avoir pris, il fallait en plus que je rampe pour récupérer des miettes de dignité. Ma soeur n'avais jamais intégré ce besoin presque vital que j'avais, même si elle aussi s'était doutée de ce qui planait au-dessus de nous. Cependant, contrairement à moi, Shera faisait partie des personnes qui regardaient droit devant elles, sans jamais s'attarder sur le passé, aussi dur soit - il. Puisque peu importe le temps que l'on passait à ressasser ce qui était révolu, rien ne changerait, malgré tous les efforts fournis.

Shams n'était plus là, peu importe la raison, c'était une réalité qui était immuable. Je l'avais vu ce matin dans les yeux de Malek, dans sa manière de m'éviter les jours précédents, dans les cernes qui siégeaient sur son visage, et dans la culpabilité latente de Serr à notre rencontre. Même si désormais lorsque son regard glacé se posait sur moi, plus rien ne transparaissait. Ce même regard qui depuis depuis de longues minutes m'observait, il était adossé au plan de travail, les mains dans les poches.

J'avais passé l'après-midi à suivre des téléfilms qui me donnaient la nausée en attendant qu'un des deux garçons ne sortent de cette chambre. Pas un bruit ne s'y réchappait, seulement un lourd silence qui me mettait plus que mal à l'aise, il me faisait me sentir particulièrement seule. En plus, mon téléphone était toujours hors de portée, avec lui loin de moi, la crainte d'énerver celui qui attendait de mes nouvelles montait en flèche. Quand enfin Serr apparut en premier, il était complètement aphasique. Il me regardait, sans m'apercevoir, son esprit s'étant réfugié à des kilomètres de là, et cela me démangeait étrangement de savoir où.

Je finis par éteindre la télévision avec un soupir, ennuyée par les images qui défilaient devant mes yeux. Avec l'effet d'un déclic, son corps se redressa et sembla s'être reconnecté de nouveau.

— Zahr j'ai besoin de ton aide, m'accosta - t - il vivement en traversant le salon pour arriver jusqu'à moi.

Cet appartement était ridiculement petit, surtout pour des hommes aussi grands, je n'imaginais pas avec Shams dans les parages avec eux. Gênée, je me rassis convenablement.

— Est-ce que par aide, tu entends m'envoyer à l'autre bout de la ville balancer des morceaux d'homme dans la voiture d'un camé ? Je lui rétorquais un sourcil levé.

Je vis qu'il retint un de ces sourires moqueurs de sortir, mais il se reprit et s'échoua a côté de moi. Son bras se déposa sur le dos du canapé juste derrière moi, et j'avais une vue imprenable sur les tatouages de son cou. Sa mâchoire était dénué de tout poil, et je me demandais si elle était aussi douce qu'elle en avait l'air. Nous étions trop proches, à l'image de l'appartement, le canapé également était étroit.

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