« Je ne veux plus continuer si c'est sans toi, car ce serait me trahir une nouvelle fois. Et je n'y survivrais pas. »
Z
La salle dans laquelle nous étions était somptueuse. Les plafonds revêtaient des fresques de la renaissance, les lustres aux milles cristaux trônaient en leur centre majestueux, un bijou d'architecture. Des miroirs au quatre coin de la pièce, des tableaux ici et là trônaient et pourtant détonaient comme étrangers, mes mains se posèrent sur le marbre ambré. Premièrement respirer pour ne pas laisser mes pensées se précipiter dans tous les sens. Serr avait toujours eu une explication, à chaque fois que j'avais imaginé que le pire venant de lui, il réussissait à me prouver le contraire.
- S'il crève, je t'assure que tu le regretteras, grogna Lev tout en époussetant sa veste de costume tachée de sang.
Le corps de Vasco gisait sur le sol tout proche de moi, comme un mauvais souvenir. Sauf que son teint n'était pas cireux, son ventre se soulevait laborieusement. Puis il y eut une plainte, un gémissement insupportable. Il n'était pas mort. Mes paupières se refermèrent, et je décidais de me relever chancelante.
- Ne t'inquiète pas, ton larbin respire encore même s'il ne le mérite pas, cracha Serr en tournant le dos à son père. Si son sort t'importe autant, je te laisse t'en occuper. Nous on se casse.
Ses paroles furent un électrochoc. Mes ongles s'enfoncèrent dans ma peau.
- Putain, Vasco vient de dire que c'est ton père qui a tué mon frère. Tu l'as entendu ? Ou alors t'en a rien a foutre parce que tu le savais ! M'écriais - je d'une voix brisée.
Mon regard le cherchait mais le sien ne voulait pas du mien. Sans daigner répondre il passa seulement devant moi en m'attrapant par le bras à son tour. Sa main me serra si fort que j'eus un mouvement de recul. Lev observait ce spectacle avec délectation, la situation l'amusait. Avant que je ne puisse m'attaquer à lui, Serr m'éloigna loin d'ici. Il me poussait sans se soucier de mes protestations. Le souvenir d'un couteau dans mon sac à main, je n'étais pas complètement désarmée. S'il le fallait, je n'hésiterai pas à l'utiliser. Alors que nous nous apprêtions à retourner dans la salle principale, nous nous immobilisâmes. Son emprise se relâcha et il me tendit un masque à gaz. Je pris le masque sans discuter, Serr avait voulu nous éloigner de son père. Avant d'exploser, et de succomber à la colère qui grondait, je devais le laisser parler. Ne pas réitérer mes erreurs.
Les corps des invités étaient inertes au sol, ceux des employés aussi, presque comme mort. Une étrange sensation me prit, c'était effrayant. Et s'ils ne se réveillaient plus, alors j'avais contribué à un meurtre de masse. Je marchais prudemment dans l'amas de robe et de costume non sans grimacer et lorsque nous atteignîmes le hall d'entrée, un cri d'effroi m'échappa. Des dizaines d'hommes dans une mare de sang, des visages figés qui pour la plupart n'avaient pas dû comprendre ce qui leur arrivait.
- Mon dieu, qu'est - ce que tu as fait ? Murmurais - je horrifiée ne sachant plus où regarder.
- Que nous avons fait Zahr, rectifia - t - il, comment crois - tu qu'on neutralise la sécurité ? Hein ? Qu'on leur demande simplement de se barrer le temps qu'on fasse nos affaires ?
J'avais naïvement cru que ce serait tout aussi indolore que pour le reste. D'un coup d'épaule il ouvrit les portes de l'hôtel, le froid m'attaqua violemment. Nous n'avions pas repris nos manteaux mais surtout le carnage dont j'avais été témoin et les paroles de Serr avait aspiré toute la chaleur de mon corps.
- Tu me dégoûtes, lâchais - je en me défiant enfin de son emprise.
Il ricana en secouant la tête. Nous retrouvâmes sur les marches devant l'hôtel. Les rues ne contenaient pas une âme qui vive au vu de l'heure tardive. Où était passé tous les autres clients ? Je ne voulais sûrement pas connaître la réponse.
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SIBÉRIE
RomanceZahr n'y arrive plus, elle ne peut plus vivre sans savoir ce qui est arrivé à son frère. Et elle est bien décidée à découvrir toute la vérité, aussi sombre soit elle. Pour cela, elle n'a pas le choix, elle doit suivre ses pas. Et même si cela veut...