SIBÉRIE

24. Isomérisation

« Tu lui ressembles tant que mon coeur tremble à chaque fois que mon regard se pose sur toi. »

Z

« Tu peux passer n'importe quand dans la semaine Zahr... Tu sais bien qu'à part changer des couches je fais pas grand chose.

- Etre maman c'est du travail à plein temps, tu fais beaucoup... Je te demande juste si tu n'es pas trop fatiguée, tu sais que tu peux me demander de l'aide pas vrai ?

Un silence se fit de l'autre côté du fil.

- Shera ?

- Il faut que je te dise.. Maman est là, j'avais l'intention te prévenir, mais... Avec tout ce qu'il se passe dans ta vie, je me suis dis que je n'allais pas en rajouter.

La nouvelle me coupa le souffle, je posais ma main tremblante contre la baie vitrée froide. Ma mère était là, avec ma soeur, comme si de rien était. Dans cette maison qu'elle avait déserté, à la première occasion. Elle nous avait laissé avec un monstre sans jamais s'en inquiéter. Comment Shera pouvait bien vouloir de sa présence ? Quand tout avait été sur ses épaules du jour au lendemain. Mes yeux me piquèrent, et j'eus envie de m'arracher la peau, rien qu'à l'idée de la voir de nouveau.

- Zahr, je sais que tu lui en veux, et tu as de très bonnes raisons de le faire.

- Des raisons que tu partages, la coupais - je, tu as vraiment envie que quelqu'un comme ça soit au près d'Hina ?

- Hina a besoin d'une famille, aussi cassée soit elle, c'est la sienne. Maman n'est pas quelqu'un de mauvais, elle a fuit, et maintenant je lui donne la chance de réparer ce qu'elle a brisé. Qu'est - ce que cela m'apporterait de lui en vouloir pour toujours ? La haine est un poison, et ce poison ne rentrera pas dans la vie de ma fille. A toi de faire ton choix, tu fais ce que tu veux, et j'accepterai toujours. Parce que tu es ma soeur, et que je t'aimerai quoiqu'il arrive.

Je ne savais que répondre, Shera n'aimait pas la rancoeur et la colère. Elle faisait toujours en sorte de régler les conflits aussi vite qu'elle le pouvait. Cela m'avait toujours agacé, pour moi si quelqu'un me blessait il ne méritait pas de s'en sortir aussi facilement. Mais qui étais - je pour la juger ? N'avais - je pas pardonné à Serr de m'avoir littéralement tiré dessus ?

- Tu fais aussi ce que tu veux, avouais - je difficilement, si tu la veux à tes côtés alors qu'elle le soit. Simplement fait attention à toi, et ne lui permets pas de te faire du mal une nouvelle fois. Dis moi quand elle ne sera plus là et je viendrais.

Elle soupira et me remercia avant de raccrocher. Cette nouvelle m'avait ébranlée malgré moi. Je m'étais isolée dans le salon pour lui demander s'il était possible que je passe dans la semaine la voir. Avec tout ces événements, il m'était vital d'avoir ses conseils. Surtout au sujet de Serr et de ses dernières paroles. J'avais besoin de ma soeur, et lui parler rendait toujours tout plus simple. Mais maintenant, en sachant que ma mère était dans les parages, la seule chose dont j'avais envie était de hurler.

- Tout va bien mon coeur ? Me demanda Ezra en rentrant dans le salon.

Le surnom me fit sourire, et elle ricana en s'asseyant à côté de moi.

- Depuis quand je suis ton coeur ?

Elle haussa les épaules et s'attacha les cheveux, laissant voir son papillon tatoué sur la nuque.