21. Mutation

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« Ne te détourne pas de moi, car il n'y a pas un endroit où tu n'es pas. Alors accepte que mon monde est devenu tien. »


M


Le regard inquisiteur d'Oliver me mettait mal à l'aise. Ce gars se prenait bien trop souvent pour notre père. Sûrement parce qu'il était le plus posé de nous trois. Quand nous l'avions rejoints dans le bureau, il n'avait eu besoin de rien dire pour comprendre ce qu'il pensait de tout ça. Cette affaire nous mènerait droit au mur, le père de Serr étant une cible bien trop grosse pour nous. Et pourtant il n'y avait pas moyen qu'on le laisse repartir de la ville sans lui tomber dessus. Pour cela encore fallait - il trouver assez d'éléments pour le coincer. Si jamais on tentait quoique ce soit sur lui sans preuve fondée, le réseau entier se retournerait contre Serr. Nous jouions beaucoup dans cette bataille et pour Oliver venger Shams n'en valait pas la peine.

- Vasco et ton père ont toujours collaboré ce n'est un secret pour personne, lâcha - t - il d'une voix profonde en s'enfonçant dans le fauteuil.

Cet homme était impressionnant, il avait la posture d'un leader, de quelqu'un qui avait l'habitude de donner des ordres et qu'on les suive sans discuter. J'étais encore étonné qu'il n'ait jamais cherché à dépasser son rôle. Nous nous connaissions depuis quelques années maintenant. On s'était rencontré quand nous étions encore sous les ordres direct de Lev. Quand Serr avait récupéré un district, c'était tout naturellement qu'il l'avait suivit. Apparemment, avant tout ça il travaillait pour les fédéraux. Une sorte d'unité qui s'occupait de faire parler les plus grosses têtes du pays dans l'ombre avec des pratiques discutables. Mais il ne nous avait jamais expliqué comment tout ceci c'était terminé. Tout ce que je sais, c'était que le père de Serr avait quelque chose à faire avec son changement de camp.

- Jamais pour s'occuper de mes affaires et encore moins pour descendre un de mes hommes, rétorqua sèchement Serr le regard froid.

Son corps entier était tendu, la chemise entrouverte, il avait l'air plus débrayé que jamais. Pas étonnant après toutes les nuits blanches que nous avions passés. Les poches sous ses yeux et la pâleur de son visage m'inquiétaient. Je le soupçonnais d'éviter Zahr pour ne pas qu'elle le voit dans cet état. Depuis son retour, ils n'avaient pas échangés plus de trois mots. Pour sa défense, il prévoyait de tuer son paternel et n'importe qui ressemblerait à un fou dans ces conditions. Pour Oliver, Shams n'avait été qu'un malheureux dommage collatérale. Si on ne voulait pas que sa soeur en devienne un nouveau, il suffisait de se débarrasser d'elle. Sauf qu'elle faisait ses propres choix et si elle veut rester, je ne l'empêcherais pas. Ce qui constituait notre plus grande faiblesse sûrement.

- On a tout le monde sur notre dos depuis ton plan à deux balles en Suisse, et tu crois en plus qu'on a le temps pour jouer aux enquêteurs ? Serr si comme prévu tu veux voir plus grand que ce que ton père te donne, va falloir accepter qu'il te fasse des crasses. Rien que pour te prouver qu'il en a le pouvoir.

Serr se releva brusquement posant ses mains avec brutalité sur le bureau. Dans ses yeux passa un éclair de colère. La tension monta d'un coup et je me tenais prêt à l'éventualité que les choses dérapent. Mais il valait mieux que je garde le silence, je sentais qu'il était important de les laisser asseoir leur position.

- J'ai dû rater le moment où je découvre que t'as baisé ma mère Oliver. Dis - moi j'ai l'air d'être ton putain de gosse ? À t'entendre on pourrait croire que ton rôle c'est de me donner des leçons de vie de merde. Personne t'as demandé de me donner de vieux conseils foireux. Mais de trouver pourquoi mon père m'a trahi pour que je puisse m'occuper de lui comme il faut. Parce que je vais le faire Oliver et je te demande pas ton avis, alors fait ton boulot ou barre - toi.

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