23. Déshydratation

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« Fait briller ton âme une dernière fois pour moi et rappelle toi que l'avenir n'est jamais bien loin. »

S


Oliver se tenait droit, à ses pieds gisait le corps de Vasco, la bouche grande ouverte et ses yeux qui ne se fermerait plus jamais. Le canon de son arme visait le sol, encore fumant. Je ne voyais que son dos, et encore une fois la vérité ne laissait aucun doute.

- Comment as - tu pu.. murmurais - je d'une voix étranglée.

Ses épaules se contractèrent, il m'attendait et devait sûrement déjà savoir. Son menton se releva et je sus qu'il assumerait comme il l'avait toujours fait. C'était un homme qui ne reculait jamais devant ses responsabilités, peu importe à quel point elles étaient grandes. Il était dur comme l'acier, et aujourd'hui je m'en rendais compte plus que jamais.

- Il était temps, j'ai bien cru que tu ne t'en rendrais jamais compte. Pourtant tu sais comment ton père est...

Calculateur et manipulateur, rien n'était jamais laissé au hasard avec lui. Tout comme la présence de Shams, Oliver était auprès de moi pour une raison. Restait - il à comprendre laquelle.

- Si tu l'avais vraiment voulu, ils seraient morts. Ce qui me fait dire que tu n'es pas complètement avec lui.

Sa tête se pencha en arrière, un léger sourire se dessina sur son visage austère. Sa casquette cachait ses yeux.

- Évidemment que si je l'avais voulu, ils ne seraient plus là. Mais ce n'était pas le but, en ce qui concerne Zahr en tout cas. Pour Malek... on peut dire qu'il a été chanceux.

Les hommes qui nous attendaient dehors étaient sûrement de mèche avec lui, je n'avais pas beaucoup d'issue. Habituellement il attaquait frontalement, mais après tout il venait de me trahir, que savais - je réellement de lui ?

- Quel intérêt mon père aurait à tuer Malek ? Il est comme un fils pour lui, tu pourras me faire avaler plein de vérité, mais celle - là, elle aura du mal à passer.

Des gouttes d'eau tintaient entre les poutres de la vieille cabane. La forêt autour de nous couvrirait n'importe quel bruit, comme elle avait couvert les cris de Vasco. La nuit touchait à sa fin et pourtant elle m'avait paru durer une éternité. J'étais en enfer et j'avais l'impression que je n'étais pas prêt d'en sortir.

- La mort de Shams ne t'as donc pas suffi à comprendre que ton père n'a aucun scrupule ? Surtout quand il s'agit de son empire, et de sa famille. Tu crois le connaître, mais tu n'as aucune idée les fonds qu'il a atteint pour votre réussite. Il est encore plus noir que tout ce que tu as vu de lui.

Mon poing se ferma, ses paroles avaient eu l'effet escompté. Et si Malek avait été en danger par ma faute ? Ce serait pire que tout. Perdre Shams à cause de mon père me rongeait, mais risquer la vie de mon frère détruirait le peu qu'il me reste. Je fis un pas en arrière et Oliver ne fléchit pas. Mes doigts se refermèrent sur la manche de mon arme froide.

- Pourquoi alors tu ne l'as pas achevé ? Tu l'as protégé exactement comme prévu. Pourtant les sauver ne devait pas faire partie de votre plan.

Il secoua la tête et soupira, du pied il poussa la tête de Vasco qui s'affaissa. Son teint devenait cireux, on aurait dit que sa peau était prête à craqueler, bientôt il commencera à pourrir.

- Parce qu'en étant à tes côtés j'ai compris que tu étais faible, admit - il en se retournant.

Plus que jamais, son regard était vide et froid, ne laissant percevoir aucune once d'émotion.

SIBÉRIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant