« J'ai attendu toute la nuit, je m'étais promise que cela n'arrivera pas et pourtant me revoilà à attendre quelqu'un qui ne reviendra plus. »Z
Quand un malheur survenait dans ma vie, un obstacle qui me paraissait insurmontable, j'adoptais la fameuse stratégie du déni. Lorsque mon frère avait disparu sans prévenir, sans même regarder derrière lui, j'avais décidé de faire ce que je me sentais capable de faire : attendre que tout cela se règle éventuellement par je ne sais quelle magie. Sauf que cela ne s'était jamais vraiment réglé, juste une lettre qui était arrivée un jour, et maintenant, j'étais tremblante devant un inconnu à abattre. Ses yeux miroitaient un faible espoir de me voir l'épargner, pensant sûrement qu'une gamine qui n'avait l'air de ne pas savoir ce qu'elle faisait là ne pourrait pas le tuer de sang froid.
Je jetai un regard circulaire autour de moi, ils avaient tous une expression si solennelle, presque lugubre. Même Malek me scrutait désormais droit dans les yeux, ses paroles volèrent autour de moi, essayèrent de se frayer un chemin dans mon esprit. Il avait raison, je n'avais aucunement ma place ici, j'aurais dû être auprès de ma soeur qui allait accoucher d'un instant à l'autre. J'aurais dû prendre des nouvelles de ma mère, ce que j'avais toujours repoussée au lendemain, lui rendre visite et prendre enfin soin d'elle. Il y avait tellement de choses qui attendaient d'être faites, et que je reléguais à un plus tard.
La culpabilité me rongeait, et je n'avais encore rien fait, mais il était désormais beaucoup trop tard pour m'y attarder. Je m'étais engagée jusqu'au cou dans la boue de ce chemin si désastreux qu'il m'était impossible de toute manière d'éviter. Pas de retour en arrière pas vrai ? Alors que j'allais me détourner, dans un mouvement presque imperceptible, celui qui semblait ne pouvoir m'encadrer hocha la tête, et mon bras se tendit brusquement.
Mon souffle se bloqua, mes mains arrêtèrent de trembler, et mon visage se tourna vers l'homme dont je ne savais même pas le crime commis, si seulement il en avait commis un. Un léger sourire se forma, alors que je me remémorais mes leçons de tir, est - ce que j'aurais un jour imaginé quelles me serviraient à cela ? Il était certain que Shams lui s'en doutait en tout cas, et c'est avec cette conviction que mes doigts appuyèrent sur la détente.
Ce n'était pas la première fois que je mettais fin à une vie, et j'avais la triste impression que ce ne serait pas la dernière non plus.
***
On m'avait refilé la chambre de Shams, et c'est avec un pincement au cœur que j'avais retrouvé toute ses affaires dans la penderie et n'osant pas les toucher, j'avais décidé de laisser les miens dans ma valise. Il était difficile de me dire qu'il vivait depuis tout ce temps-là ici, sans qu'on ne s'en doute. Je me disais simplement qu'il découchait parce qu'il était arrivé à un âge où vivre avec ses sœurs devaient être étouffant et légèrement gênant. C'était comme si je découvrais tout un pan de sa vie. Celui que j'avais cru connaître mieux que personne, me paraissait comme un toute autre homme à présent. Un homme que je n'étais pas sûre d'aimer...
Mais ce n'était pas le moment de faire une rétrospective familiale et que je m'inquiète plutôt de ma situation critique. Mon téléphone m'avait été évidemment enlevé, j'avais été fouillé par une femme qui m'avait donné son nom qui avait été instantanément oublié. Mon cerveau s'étant tout simplement complètement déconnecté, plus qu'une envie m'habitait hier soir : rentrer chez moi au plus vite et dormir pour toujours si possible. Sauf qu'il était certain qu'on allait plus me laisser rentrer chez moi, avant un bon moment.
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SIBÉRIE
RomantizmZahr n'y arrive plus, elle ne peut plus vivre sans savoir ce qui est arrivé à son frère. Et elle est bien décidée à découvrir toute la vérité, aussi sombre soit elle. Pour cela, elle n'a pas le choix, elle doit suivre ses pas. Et même si cela veut...