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-Kōtarō: Une rencontre digne d'un conte pour enfants.

-Keiji: C'est ce que j'ai pensé ce jour-là... mais le bonheur n'aura duré que quatre ans.

Le couple marche très lentement afin de terminer leur discussion si délicate avant d'arriver à destination. Kōtarō ne quitte pas Keiji des yeux et remarque que le regard de ce dernier s'assombrit. Si le début de l'histoire est plutôt féerique, la fin ne l'est pas tellement.

-Keiji: Hiro est devenue la raison pour laquelle je n'essayais plus de faire le mur. Elle venait quasiment tous les jours et on se racontait toutes nos anecdotes. Quand j'étais triste, elle essuyait mes larmes et quand j'étais en colère... elle m'apaisait. Comment ne pas flancher quand on a un tel ange dans sa vie ? Bien sûr, j'avais peur de mes sentiments mais elle s'est déclarée en premier alors je n'ai pas pu résister plus longtemps. Sans surprise, nous sommes tous les deux tombés malades et...

-Kōtarō: ... Votre mémoire a été effacée.

-Keiji: En fait... la mienne uniquement l'a été. Tout ce que je te raconte aujourd'hui m'a été volé mais j'avais absolument tout noté dans un journal par précaution. Hiro quant à elle a refusé de m'oublier mais je trouve cela bien triste. Je ne sais même plus à quoi elle ressemblait à l'époque.

-Kōtarō: C'est sûrement un poids sur ta conscience, mon cher Keiji.

-Keiji: Je ne déprime plus aujourd'hui... surtout que je suis désormais à tes côtés, dit-il en posant sa tête sur l'épaule de Kōtarō.

-Kōtarō: ( Comment résister à autant de tendresse ? ) Mais... n'aimerais-tu pas la revoir pour te rassurer ?

-Keiji: Je suis persuadé qu'elle est devenue une personne formidable alors je ne m'inquiète pas. Mais si jamais on se croise à nouveau j'aimerais lui demander pardon... pour tout.

-Kōtarō: Je vois, dit-il en souriant discrètement.

...

Kōtarō se fait un plaisir de faire visiter à son fiancé la ville qui l'a vu grandir. Chaque petit élément tel que le chant des oiseaux, le temps clément, les routes joliment construites ou encore la vivacité des riverains donne à cette cité un charme incontestable. Même s'il est profondément émerveillé, Keiji ne peut s'empêcher d'être surpris par deux choses. La première est que Kōtarō connait Aüre comme sa poche. La deuxième... est que tout le monde agit de manière très amicale avec lui, comme s'il n'était qu'un citadin comme les autres. Pas de regroupements, pas de regards surpris, rien de tout cela. À la place, les deux princes ont droit à des sourires et des conversations tout à fait banales. Alors qu'ils continuent de traverser la capitale, le prince aux yeux bleus laisse sa curiosité prendre le dessus.

-Keiji: Tu as l'air de faire partie du quotidien ici...

-Kōtarō: Ma sœur et moi avons toujours été du genre à se faufiler hors du palais pour venir jouer avec les autres enfants. Disons que les Aürins me voient d'abord comme un simple jeune homme parce qu'ils m'ont toujours vu dans les environs. Beaucoup de personnes ne savent même pas que je suis le prince, à mon avis !

-Keiji: ( Oh, ils savent. Ne t'en fais pas. Mais l'amour qu'ils te portent en tant que leur sauveur est d'une singularité sans nom... ils te traitent ainsi pour que tu sois à l'aise parmi eux. ) Tu as peut-être raison, dit-il en souriant légèrement.

-Kōtarō: Sinon, comment as-tu trouvé notre balade ?

-Keiji: Fantastique. Je suis content que notre sortie coïncide avec un jour de marché. Les étals sont vraiment attrayants et absolument tout ce qui est comestible donne envie. J'ai encore en bouche le goût des bonbons à l'amande offerts par le confiseur...

-Kōtarō: Je savais que tu en reparlerais ! Ce sont mes bonbons préférés. Ils me rappellent bien des souvenirs...

-Keiji: J'imagine bien...

-Kōtarō: Tu sais, je suis heureux que tu apprécies Aüre. Ce n'est pas toujours facile de quitter sa nation pour une autre...

-Keiji: Kōtarō, Azùr ne me manquera pas tant que cela... n'oublie pas que je ne sortais quasiment jamais alors la seule connaissance que j'ai de mon empire vient de mes livres. C'est bien plus amusant, ici. Je n'ai visité qu'une cité de Gōlden mais j'en suis déjà amoureux.

-Kōtarō: Te voir aussi positif me fait un bien fou. Mais je ne peux cesser de me dire que tu auras le mal du pays un jour ou l'autre. Il y a bien quelque chose qui pourrait te manquer, non ?

-Keiji: Hm... peut-être la cuisine azùroise ? Mais nos spécialités sont extrêmement similaires aux vôtres. Seules les épices diffèrent un peu mais je m'y suis déjà habitué.

-Kōtarō: Ah...

-Keiji: Tu te fais du mouron pour rien, mon chéri. Tout est parfait pour moi.

-Kōtarō: ( Mon chéri... ) Si tu le dis ! Bien, j'ai un dernier endroit à te montrer.

...

Les amoureux s'éloignent un peu du centre-ville et tombent sur une jolie bâtisse colorée avec une multitude d'enfants jouant tout autour.

-Keiji: Un orphelinat ?

-Kōtarō: Je l'ai ouvert récemment. Beaucoup d'enfants ont perdu leurs parents lors de la guerre alors il fallait un nouveau foyer pour les accueillir. Ce sont de braves petits !

Une fois que les enfants remarquent la présence de Kōtarō, ils accourent pour lui dire bonjour et certains s'agrippent même à lui ce qui fait rire les deux adultes. Après de nombreuses singeries, les gamins retournent enfin à leurs occupations.

-Keiji: Ils t'aiment vraiment beaucoup.

-Kōtarō: Haha... oui.

-Keiji: Et toi, tu as l'air d'aimer les enfants. N'est-ce pas ?

-Kōtarō: J'adore les enfants ! J'ai toujours rêvé d'en avoir !

-Keiji: ...

Le regard de Keiji devient un peu triste et Kōtarō se maudit d'avoir dit une telle chose.

-Keiji: ( Je suis inutile jusqu'au bout des ongles... )

-Kōtarō: ( Oh non. Quelle gaffe. ) Ce n'est pas un besoin absolu, bien évidemment.

-Keiji: ... Tu auras l'occasion d'avoir les tiens, j'en suis sûr.

-Kōtarō: ... Bref ! Tu dois être fatigué, rentrons.

-Keiji: Oui... rentrons, dit-il en prenant la main de Kōtarō.

...

Les jeunes hommes retournent au palais et s'isolent dans le bureau de Kōtarō pour continuer à profiter de leur moment à deux mais l'ambiance a un peu changé. Même si les futurs mariés parlent et plaisantent comme si de rien n'était, il existe quand même un certain malaise lié à leur discussion à l'orphelinat. Cela relève du bon sens qu'ils ne pourront pas procréer à deux mais évoquer le sujet provoque quand même une certaine douleur... surtout qu'il est formellement interdit aux souverains gōldiens de procéder à une adoption. Le seul moyen pour Kōtarō d'avoir une progéniture serait de prendre une demoiselle en concubinage. Le simple fait d'y penser rend Keiji malade. Il le savait depuis le début et il n'y accordait aucune importance... mais son cœur en souffre maintenant qu'il a des sentiments pour le prince Aürin. Supportera-t-il de partager l'amour de sa vie avec une autre personne ? Il n'a guerre le droit d'être égoïste alors que la descendance d'une royauté en dépend. Quoiqu'il arrive... Keiji devra s'y accoutumer.

...

Under The Mask ~ BokuakaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant