La tendresse

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Je veux.
Je veux une tendresse qui ne me sera pas donnée. Je veux un amour qui n'est qu'illusion fanée.
Je rêve de gestes jamais réalisés. Des gestes évanouis avant d'avoir même commencé. Des mots. À peine prononcés. Déjà envolés. Jamais oubliés.
Mon cœur crie, mon corps se tait. Ses espoirs et désirs, je les hais. Il tremble, il attend, eploré, éperdu. Toujours déjà un peu déçu.
Rien ne viendra, rien ou trop peu. Seulement le retour de ses amers vœux.

Je veux.
Je veux une tendresse mille fois feinte. Jamais sincère, jamais fausse, en demi teinte. Un sentiment où la frontière n'est pas tracée et qui se profile toujours, entre le jeu et la réalité. Ils existent, n'existent pas, ces espoirs que je voudrais aussitôt écraser.
Il y a les baisers et les étreintes. La douceur, peinte et repeinte. Un tableau qui fait mal au cœur.
Un ersatz de bonheur ?

Je veux.
Comment le dire ?
Je veux des sourires, des rires, des soupirs. Je veux une tendresse sur laquelle on ne peut mettre de mots. Demander à moitié, parler pour de faux. Prétendre encore et encore jusqu'à pouvoir prendre. Et tout lâcher... faire semblant de ne pas s'y attendre.
Accepter les miettes d'une libération tant attendue. Mais ne rien dire quand elles auront disparu.

Je veux.
Je veux cueillir du bout des doigts la poussière d'un pissenlit. L'eparpiller au vent, porter un souhait vers l'infini.
Le regarder s'envoler, emporter mes désirs avec lui.
Je veux l'impossible. Je veux qu'il devienne possible.
Et tant pis pour mes rimes...

Je veux.
Je veux une tendresse.
Je veux la tendresse.

Divagation d'une nuit,
Aerdna

Les riens d'un cheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant