Il y a des moments dans la vie où tout semble se jouer. Des rêves qu'on se pose et qu'on souhaite réaliser. Des objectifs qui sont la cibles de toutes nos espérances et nous embarquent dans une folle danse.
Mais c'est un chemin sinueux. Une compétition. Il faut se battre pour y arriver.
Il y a une tempête qu'il faut être prêt à traverser...Une tempête qui dure deux ans.
Des rires et des rencontres. Ces camarades d'infortune, ces cœurs qui battent à l'unisson du notre et qui, l'espace de quelques semaines, mois ou années partageront notre lutte, a nos côtés.
Des larmes et des doutes. Tant et tant qu'on peine à s'accrocher. Est-on à la hauteur ? Serons-nous assez ?
Du travail et de la fatigue. Des nuits à ne pas dormir pour s'améliorer, des soirs à fuir les rires pour ne pas se déconcentrer.
Des sacrifices....
Et un seul défi : ne jamais abandonner.Alors on n'abandonne pas.
Parfois on y croit, d'autres fois moins.
Certains matins, on est si sûr de nous qu'on se sent capable de vaincre ce défi, cette épreuve. On rêve, si fort, endormi éveillé. On rêve et on espère que cela devienne réalité.
D'autres, on ne sait plus, perdu. Comment être sûr d'être à la hauteur ? Pourquoi meriterions-nous plus que d'autres ? Il faut se battre, travailler... Le fait-on assez ?
Alors on se dit qu'on y parviendra pas, ce n'est pas grave, il reste encore une seconde chance. Personne ne peut tout réussir du premier coup. Mieux vaut se préparer au pire, préserver son cœur...
Plus les attentes sont hautes et plus la chute est brutale.Dans ces moments, ceux qui nous aiment y croient pour nous. Ils nous soutiennent et nous rassurent. Nous encouragent. C'est près d'eux qu'on vient pleurer, tempeter, rire, aimer. Mais on les fuit aussi. Ils sont là, et leur foi pose un idéal auquel on rêve... mais sans être sûr de pouvoir l'atteindre.
Alors, on a peur de les décevoir.
C'est ça aussi, d'avoir trop d'espoirs.Puis les dés sont jetés. On a tout fait, tout donné. Pendant quelques instants, les lumières étaient rivées sur nous, sur cette scène devenue notre arène. Le temps s'était figé, le monde n'existait plus, il n'y avait rien d'autre que ces quelques jours où une vie entière se jouait. Des années pour ça, pour ces ridicules petits instants.
Avant que le rideau ne tombe, fatalement.
Il ne reste plus que l'attente. Attendre. Encore et encore. Les doutes reviennent.
Et si je n'y arrivais pas ?
Et si j'y arrivais ?
S'imaginer la réussite, ce qui viendra après. Partir, loin des siens, de ceux qu'on aime. Seul. Enfin seul.
En est on capable ? L'amour survivra-t-il ? On y croit, on s'accroche. C'est un rêve. Pour un rêve, on peut tout sacrifier.
Il y a ceux qu'on laissera derrière. Ceux qu'on rencontrera. Ceux qu'on retrouvera. Et ceux qui, malgré la distance, jamais on n'oubliera. Mais des mains doivent se lâcher.La date fatidique approche. On l'attend, on l'espère, on la craint. On cherche à s'imaginer comment ce sera. Mille scénario autour d'un instant précis et à venir. Mille scénario qui ne correspondront jamais au véritable moment. On imagine les rires, les cris, les larmes - de joie, de peine. Les célébrations. Les consolations. Ceux qu'on préviendra en premier. Le fracas d'une réussite. Le silence d'une déception. Tout se mélange et à chaque image, plus précise que la précédente, le flou qui nous attend semble encore plus grand.
Alors, on cherche à oublier. Oublier les espoirs, les doutes, les craintes... dans les rires, la nuit, les étoiles, les sourires, les étreintes, la joie, la lumière, la musique... dans le présent.
On soûle notre angoisse, on l'enivre pour qu'elle ne vienne plus nous troubler.
Il s'agit de vivre. Vivre tant qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait.Et puis un jour, tout ça - les sacrifices, les larmes, les doutes, le travail, la fatigue, les rencontres, les rires, les défis... - tout ça prend sens.
Il suffit de deux mots. Un nom. Un prénom. Sur une liste.
La liste qui change tout.Il n'y a pas les larmes qu'on croyait. Pas même les rires ou les cris. Seulement une impression vague de fin, de libération. Ce moment qu'on attendait, le voilà. Si différent et pourtant, si parfait à la fois. On le vit sans vraiment le croire. Sans réaliser...
Soudain, tout ça s'efface, et face à ce moment, tout le reste n'est rien, ou plutôt, devient rien...
Parmi ce "tout" - les sacrifices, les larmes, les doutes, le travail, la fatigue, les rencontres, les rires, les défis... - rien n'a été fait en vain.
On y est arrivé.Finalement, deux ans sont passés. Leur page se referme, comme un roman terminé. Et cette montagne qui nous paraissait infranchissable devient elle aussi rien. Un rien presque risible par rapport à ce qui s'ouvre devant nous. Par rapport au tout.
Notre tout.
Mon tout.
Un tout qu'il reste à découvrir.
Aerdna
6 juillet 2023
Annonce des résultats d'un concours signant la fin de deux dures années de prepa.
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Les riens d'un chemin
PuisiLa vie est faite de riens. Des courts instants. Des émotions. Des paysages. Des rencontres. D'autres vies qui se croisent et se décroisent. Des interrogations. Des divagations nocturnes. Des souvenirs. Des riens qui fleurissent tels des chrysanthèm...