11- Est-ce que c'est mal ?

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J'étais assis sur une chaise de cuisine en train de terminer la tasse que m'avait faite Madame Lee. Elle me laissa finir tranquillement sans rien dire. Peut-être ne savait-elle pas trop quoi dire face à mon mutisme. J'étais incapable de décrocher un mot. Je sentais toujours les gouttes couler dans ma nuque.

-Tu peux aller chercher des vêtements secs dans la chambre de Ten. me dit-elle, Je suis sûre que ça ne l'aurait pas dérangé.

Je hochai doucement la tête et me levai pour aller mettre la tasse au lave-vaisselle. Puis, je me dirigeai vers les escaliers pour monter jusqu'à la chambre de Ten.

Lorsque je pénétrai dans la chambre, une sensation bizarre m'envahit. Cette pièce m'était pourtant familière, mais entrer dans la chambre de Ten sans lui, me donnait l'impression d'une intrusion.

Une chambre vide, c'est terrifiant. Parfois, je me conforte dans le silence mais cette fois, il était envahissant, assourdissant presque angoissant.

Je restai debout au milieu de la pièce, à regarder autour de moi en espérant le lieu que je connaissais si bien. Mais non, sans lui, cet endroit ne me disait rien. J'avais l'impression d'être dans un lieu inconnu.

« Le brun était assis sur le bord de son lit, le dos légèrement courbé et le visage rivé vers le sol. Je m'approchai doucement de lui et passai une main sur son épaule. Ce contact le fit sursauter légèrement, comme un retour à la réalité.

-A quoi tu penses Ten ? demandai-je

-Rien, ne t'en fais pas.

Sa voix disait le contraire. Mes yeux cherchaient les siens, mais son regard se faisait fuyant comme s'il avait peur que je perce quelque chose si nos pupilles venaient à se rencontrer.

-Eh Ten. fis-je doucement

Je passai un bras autour de lui pour le rassurer, mais son corps se crispa à ce contact.

-Je suis vraiment désolé. finit-il par me dire

-Pourquoi tu t'excuses ? demandai-je, Tu n'as rien fait de mal.

-Si, je suis désolé de t'infliger toute cette situation.

-Tu ne m'infliges absolument rien. répondis-je, Si je reste à tes côtés, c'est parce que c'est mon choix.

Il soupira légèrement, comme pour se redonner une contenance. Son visage d'habitude si rayonnant était vide de l'étincelle que tout le monde connaissait. J'avais envie de lui dire qu'il pouvait se confier à moi, que je serai là, que je ne le laisserai jamais tomber. Mais je ne voulais pas être maladroit ou le blesser. Les mots n'étaient pas vraiment mon fort.

-Ten, à quoi tu penses ? répétai-je à nouveau

-J'aimerais tellement qu'on puisse vivre une relation normale, sans avoir à se cacher.

C'était donc ça.

-J'aimerais pouvoir vivre sans avoir peur des répercussions de ce que je fais ou dis. continua Ten, J'aimerais pouvoir parler sans avoir peur de dire quelque chose de travers, agir sans me questionner sans cesse, avoir l'esprit libre sans me demander si ce que je fais est bien ou mal... J'aimerais pouvoir vivre insouciamment, et sans avoir peur, comme tout le monde.

-Ten, tu n'es pas obligé d'avoir peur. répondis-je, Dans tous les cas tu sais très bien que tu ne seras jamais seul. Quoiqu'il arrive. Et puis tout le monde a peur.

-Tu t'es déjà demandé si ce qu'on faisait est mal ?

Cette question me froissa un peu, mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Il avait des tas de raisons de me la poser.

-Si, bien sûr. finis-je par répondre après un petit temps, Mais on ne fait rien de mal à personne. Je ne vois pas pourquoi on devrait se poser plus de questions que les autres.

-J'ai blessé tellement de personnes Taeyong.

-Ce n'est pas toi qui blesses les gens, mais eux qui se blessent tous seuls avec leur fermeture d'esprit. répondis-je, Je sais très bien à quoi tu penses. Alors n'y pense plus.

-Je l'ai tellement déçu... souffla le brun, Il m'a dit qu'il me détestait.

Ça me faisait tellement mal au cœur de le voir comme ça. J'étais tellement énervé que ces mots le blessent autant. Ten était adorable avec tout le monde, il n'y avait aucune raison de le détester. Enfin, visiblement pas pour tout le monde.

-Si ton père est capable de te dire ça, c'est que c'est lui le problème dans l'histoire. répondis-je, S'il te plait Ten ne crois pas ce qu'il dit. Tu n'es pas quelqu'un de détestable, si tu l'étais penses-tu que je serais là ? Penses-tu que tes amis et tes proches t'aimeraient autant ?

-Mmh...

Cette fois-ci, je pris son menton entre mes doigts pour relever son visage vers moi. Nos regards se rencontrèrent pour la première fois depuis le début de notre échange. Dans les siens perlaient la peine des mots de son père. Je posai doucement mes mains sur ses joues pour le regarder, il ne disait rien.

-On ne choisit pas comment on est. dis-je, Mais on peut choisir d'accepter. Si ton père a fait le choix de tenir ces propos, ce n'est pas toi qui es en tort. Alors arrête de te rabaisser comme ça. Tu n'es pas le problème, et je t'aime.

Je disais rarement aussi directement à Ten mes sentiments. Mais j'en avais ressenti le besoin, d'un coup comme ça.

Je le serrai contre moi en gardant mes bras bien autour de lui. Les mots n'étaient pas suffisants dans ce genre de moments. Mais les corps eux, savaient se comprendre entre eux en quelques temps. Ils s'écoutaient, se conseillaient, s'étreignaient, s'apaisaient.

L'espace d'un instant, j'ai cru que j'étais capable de retirer la peine qui noircissait son cœur. »

Mais ça, c'était avant.


Papillon

Lᴀ ᴄᴏᴜrsᴇ ᴀᴜx ᴇ́ᴛᴏɪʟᴇs | ᴛᴀᴇᴛᴇɴOù les histoires vivent. Découvrez maintenant