Une fois que j'avais des vêtements secs, je soupirai en venant m'asseoir sur le bord du lit vide de Ten. Je soupirai avant de m'allonger doucement, en espérant que son odeur soit restée sur ses draps. Elle était légère, presque estompée mais elle était toujours là. Rien que ça me fit énormément de bien.
-Sérieusement Ten, reviens maintenant. Si c'est une blague, ce n'est plus drôle. dis-je
Enfin je parvenais à parler, même si c'était tout doucement et que je n'avais pas d'interlocuteur en face de moi. Je savais qu'il m'entendrait d'une manière ou d'une autre. J'en étais persuadé.
-Reviens Ten, s'il te plait... répétai-je
Ma voix n'était qu'un murmure face au silence de la pièce. Je repliai mes jambes contre moi et posai ma tête contre l'oreiller de Ten en fermant les yeux.
-Peu importe où tu es actuellement, juste reviens. Si tu veux, je ne te poserai aucune question, et si jamais quelqu'un t'en pose, tu ne seras pas obligé d'y répondre. Juste... Reviens. Reviens près de moi...
Mes mots me donnaient l'impression qu'ils rebondissaient contre les murs de la pièce, comme un écho. Si seulement il pouvait m'entendre.
Je passai un bras sous l'oreiller et sentis quelque chose. Je levai donc l'oreiller et découvris une enveloppe.
-Je savais que tu ne serais jamais parti sans rien laisser derrière toi. dis-je
J'hésitai un moment face à l'enveloppe, car en réalité j'avais peur de ce qu'elle pouvait contenir. Et s'ils avaient tous raison et que c'était une lettre de suic.. ?
Non, je ne pouvais pas croire que Ten avait fait une telle chose. Et pourtant, le doute planait quand-même. L'appréhension me bouffait le peu d'énergie qu'il me restait.
Lorsque j'ouvris l'enveloppe, je dépliai le papier qui se trouvait à l'intérieur. Le papier était gondolé par endroits, sûrement à cause de minuscules gouttes d'eau salées, retenues depuis tellement longtemps que personne n'avait su comment les entendre. Mon cœur se serra au creux de ma poitrine, comme un chiffon que l'on essor pour en retirer toute son essence. Mon cœur battait jusque dans mes extrémités.
« Je crois que j'en suis arrivé à un stade où je ne suis plus capable de suivre le rythme. Il y a trop de choses qui me blessent, qui me pèsent, qui résonnent en moi. Trop de choses que j'ai gardées alors que j'aurais dû en parler.
Je ne sais pas ce qui a été le pire, entre la haine gratuite, les insultes de mon géniteur, les engueulades incessantes, les phrases jetées en l'air et dépourvues de sens... Il y a des jours, comme maintenant où je me dis que tout ça n'a aucun sens. J'aurais aimé être différent, dans le sens positif du terme. Mais ce n'était qu'une putain de lubie.
J'ai le sentiment que mon existence n'a été qu'un amas de souffrances pour les personnes que j'aime le plus. Je ne sais pas ce que je fais de moins ou de plus que les autres. J'en viens à penser que tout ce qui est arrivé est de ma faute. Ça l'est.
Plus les jours passent et plus je sens qu'elle se rapproche. Je sais qu'elle me susurre à l'oreille que c'est la bonne solution. Je n'avais pas envie d'y croire. Mais je sais qu'elle a raison.
Je ne pensais pas qu'aimer pourrait autant me faire souffrir. Mais tant qu'on n'est pas brisé on ne sait jamais vraiment de quoi on est fait, pas vrai ? Maintenant je sais. Je sais ce qu'il y a au fond de moi : cette haine et cette culpabilité qui me rongent tous les jours.
J'aurais dû l'écouter et changer tant qu'il était encore temps. Il m'avait prévenu. Mais j'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'à mon bonheur et à ce qui était le mieux pour moi. Sans mesurer que mes actes auraient des conséquences.
Mon père est mort.
Sans que je puisse lui prouver que je suis capable d'être quelqu'un de bien. Sans qu'il puisse constater que j'ai réussi ma vie. Sans avoir pu tenir la promesse que je me rattraperais.
J'ai essayé de laisser le temps me réparer, mais je suis incapable de repartir. Je ne sais plus quoi faire, je ne peux plus rien y changer. J'aurais aimé être une meilleure personne.
Surtout pour Lui, qui m'a tout donné. J'aurais dû lui parler, afin que tout ça n'arrive jamais. »
Je serrai le papier entre mes mains, les yeux fermés comme pour voir l'obscurité dans laquelle mon petit ami avait été plongé lorsqu'il avait écrit ces mots. Le vide et le silence d'habitude si rassurants faisaient trop de bruit. Je ne pouvais que relire incessamment ces mots écrits à l'encre noir sur ce papier blanc.
J'avais l'espoir qu'en relisant cette lettre, il apparaîtrait comme par magie derrière moi, en me disant que ce n'était qu'une mauvaise passe. Mais rien ne changeait, à part la douleur qui grandissait dans ma poitrine.
Elle qui m'accompagnait chaque jour m'avait pris à la gorge, j'étais piégé. Elle m'empêchait de respirer, comme si elle voulait m'emporter aussi loin qu'elle le pouvait. J'étais piégé dans la douleur du vide et du silence, qui m'avaient empêché d'être présent pour celui que j'aimais le plus au monde.
Et je sentais la lune qui pleurait, elle aussi.
Papillon
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Lᴀ ᴄᴏᴜrsᴇ ᴀᴜx ᴇ́ᴛᴏɪʟᴇs | ᴛᴀᴇᴛᴇɴ
FanfictionTaeyong cherche désespérément son petit ami disparu depuis deux semaines. Tout le monde pense qu'il s'agit d'un suicide, mais le jeune homme est persuadé intérieurement que ce n'est pas le cas.