Planté au milieu de la chambre sens dessus dessous, Alex était en pleine crise de panique. Sa bouche s'ouvrait et se refermait comme celle d'un poisson hors de l'eau. Il voyait trouble. Sa douleur à la tête était devenue insupportable. Il avait la sensation que son crâne était en train de se fendre en deux. Il en avait les larmes aux yeux. Ses vêtements mouillés dégoulinaient d'eau et il grelottait autant de froid que d'angoisse.Les mêmes constatations tournaient en boucle dans son cerveau malmené. Sans le portable magique, il ne pourrait pas faire son troisième vœu. Il serait donc incapable d'atteindre le bonheur absolu dans les bras de Jean-Baptiste. Et il allait se retrouver coincé à vie dans son corps de jeune femme sexy et riche ! Pouvait-on imaginer pire situation ?
Désespéré, il s'aplatit sur le sol pour regarder pour ce qui était la cinquième fois sous son lit, même s'il savait très bien qu'il n'y trouverait rien de plus que la première, deuxième, troisième et quatrième fois. Il avait cependant besoin de faire quelque chose, de s'agiter dans tous les sens pour essayer d'arranger la situation.
Alex fit un bond en l'air lorsque la porte s'ouvrit derrière lui et il faillit se cogner encore une fois la tête contre le bois du lit. Il parvint à éviter la collision de justesse et se retourna pour voir qui venait d'entrer. C'était Nathalie. Elle lui adressa un signe joyeux. Il en fut vivement contrarié. Comment pouvait-on être joyeux dans un tel moment de crise ?
— Coucou Alexandra ! s'exclama-t-elle en laissant tomber son sac sur son matelas. Alors, comment est le jacuzzi ?
Alex se redressa en tremblant de tous ses membres et se dressa face à la jeune fille, hors de lui, les cheveux partant dans tous les sens.
— Où est-il ? cria-t-il. Où est mon téléphone ? Pourquoi l'as-tu pris ?
Nathalie recula d'un pas, son expression joviale envolée.
— Ton téléphone ? répéta-t-elle avec méfiance. Je n'en sais rien. Tu l'as remis dans ton sac à main tout à l'heure, non ?
— Oui, grogna le jeune homme en agitant le sac à main en question qui était désormais vide car il en avait renversé le contenu sur le sol. Et maintenant, il n'y est plus !
Nathalie plissa les paupières.
— Sous-entendrais-tu que je t'ai volé ton portable ? demanda-t-elle très froidement.
Alex agita de plus belle son sac à main retourné.
— Et pourquoi pas ? Tu es la seule à savoir qu'il se trouvait là.
La jeune fille eut un haut le cœur offusqué.
— Sache que je n'ai rien à faire de ton vieux téléphone tout pourri !
Et elle sortit de la chambre en claquant la porte derrière elle.
Le reste du séjour de vacances préparatoires fut une véritable torture pour Alex. Il avait une grosse bosse douloureuse sur le côté de la tête. Nathalie ne lui adressait plus la parole et tournait ostensiblement le dos à chaque fois qu'ils étaient obligés de se trouver dans la même pièce, c'est-à-dire assez souvent puisqu'ils partageaient une chambre. Alex ne pouvait lui en vouloir, avec du recul. Il avait été idiot de l'accuser. Il imaginait mal la jeune fille en voleuse, malgré ce qu'il lui avait affirmé sous le coup de la colère. Pour autant, il n'alla pas s'excuser. Pour cela, il aurait fallu qu'il dispose de l'énergie nécessaire et il en avait à peine assez pour réussir à tenir debout.
Alors que ses camarades consacraient leur samedi et dimanche à s'ébattre dans le jacuzzi, à suivre des cours de yoga, à faire de grandes promenades dans la neige ou tout autre activité que les jeunes gens riches affectionnaient, Alex resta cloîtré dans sa chambre, roulé en boule sur son lit. Il n'en sortit que pour satisfaire ses besoins naturels et grignoter un repas sur deux. Il repoussa les rares personnes qui essayèrent de lui parler. Il craignait de tomber sur Jean-Baptiste. Ne serait-il pas insupportable de se trouver en sa présence en le sachant désormais intouchable ? Et il ne voulait pas essayer de séduire un homme qui était amoureux de lui-même ! Jean-Baptiste se devait de lui rester fidèle.
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Alex ou le portable merveilleux (bxb) [terminée]
RomanceAlex Godard déteste sa vie. En plus d'être pauvre, il est brimé par l'administration de son lycée qui le traite comme un délinquant. Et il n'ose dire à personne qu'il est gay. Et surtout pas à Jean-Baptiste Aubigny, son ancien meilleur ami, dont il...