Lorsqu'il était petit, Alex avait vécu un jour une mésaventure impliquant une armoire. Il se trouvait chez une collègue de travail de sa mère qui les avait invités pour le déjeuner et il s'ennuyait ferme. Échappant à la surveillance des adultes, il était parti explorer l'appartement. Il avait été tout excité de découvrir une imposante armoire en chêne massif dans la chambre de ses hôtes. Alex venait alors de voir Narnia avec Jean-Baptiste et était devenu obsédé par l'idée de se rendre dans un autre monde. Cette armoire visiblement très ancienne lui semblait une piste très prometteuse, même si elle ne comportait aucun manteau de fourrure. Il s'imaginait déjà raconter ses aventures à son meilleur ami qui allait être vert de jalousie.Le petit garçon s'y était faufilé et avait été pour le moins déçu de n'y découvrir aucun faune ou castor parlant. La porte s'était refermée sur lui et il s'était rendu compte qu'elle ne s'ouvrait pas de l'intérieur. Paniqué, il avait donné de grands coups contre les battants de bois tant et si bien que l'armoire avait failli basculer en avant. Sa mère était accourue juste à temps pour le sauver. Elle avait été très fâchée, car Alex aurait pu se blesser grièvement, et lui avait fait jurer de ne jamais recommencer.
Aujourd'hui, le jeune homme s'apprêtait à briser cette promesse. Il n'avait cependant pas d'autre choix, s'il voulait pouvoir goûter au bonheur absolu.
Il dut se faufiler au milieu de tous les objets confisqués restants qui encombraient le passage. Il étouffa un juron en se cognant la tête à l'une des étagères. Et voilà ! Il était bon pour une nouvelle bosse !
Agacé, le jeune homme passa par le trou du fond du placard. Les marches inégales menaient à un long couloir suintant d'humidité beaucoup moins sympathique que la forêt enneigée de Narnia. Il y faisait froid sombre, bien qu'une étrange lueur verdâtre éclairât faiblement les murs. Elle permettait au moins à Alex de voir où il mettait les pieds sur quelques mètres. Le sol gorgé d'eau était glissant. Il avançait avec grande précaution. Il serait tout à fait de son genre de s'étaler par terre !
Clap clap clap.
Le bruit de ses talons résonnait plus fort que jamais et il regretta soudain de ne pas avoir enfilé sa paire de baskets bien plus pratiques pour ce genre d'expédition hasardeuse. Mais comment aurait-il pu savoir en se levant ce matin qu'il allait jouer au spéléologue avant la fin de la journée ? Sa vie ne cessait de prendre des tournants inattendus, ces derniers temps. Sans doute devrait-il envisager de s'habiller tous les jours comme s'il était un personnage d'un jeu vidéo d'action, comme Lara Croft, quoi que la tenue de cette dernière ne soit pas très adaptée à l'hiver. Et il croyait se souvenir que l'un des articles du règlement intérieur du lycée qu'il avait recopié prohibait les vêtements trop courts.
Le couloir finit par déboucher sur une première caverne remplie d'objets en tous genres posés à même le sol dans le plus grand désordre. Ils devaient faire partie des confiscations dont M. Cotty s'était rendu maître.
Alex observa cet incroyable bric-à-brac avec circonspection. Le génie se trouvait-il au milieu de ce bazard ? Et si M. Coty l'avait changé de contenant ? Il n'était peut-être plus enfermé dans le téléphone portable. Comment pourrait-il alors le reconnaître ?
— Génie, es-tu là ? tenta-t-il en se sentant un peu bête.
Il avait chuchoté, mais sa voix se répandit dans toute la caverne et il referma précipitamment la bouche. Ce n'était pas le moment de se faire remarquer ! Il ne voulait pas réveiller de potentielles créatures maléfiques.
Le jeune homme s'avança en jetant des regards inquiets autour de lui. Il ne distingua aucun mouvement menaçant. Peut-être se faisait-il des films pour rien.
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Alex ou le portable merveilleux (bxb) [terminée]
Storie d'amoreAlex Godard déteste sa vie. En plus d'être pauvre, il est brimé par l'administration de son lycée qui le traite comme un délinquant. Et il n'ose dire à personne qu'il est gay. Et surtout pas à Jean-Baptiste Aubigny, son ancien meilleur ami, dont il...